Accueil | Politique-Société | Jean Asselborn : « L’UE vit une crise existentielle »

Jean Asselborn : « L’UE vit une crise existentielle »


Jean Asselborn, entouré jeudi à Paris par le président français, François Hollande, son Premier ministre, Manuel Valls et le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. (Photo MAEE)

Présent jeudi à Paris pour la réunion des dirigeants sociaux-démocrates de l’UE, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères a sermonné ses homologues. Son message clé : l’Europe doit faire son autocritique.

Apprécié pour son franc-parler, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, était convié à participer, jeudi à Paris, à la réunion d’une quinzaine de dirigeants sociaux-démocrates européens. Le président français, François Hollande, a notamment pu accueillir le président du Parlement européen, Martin Schulz, le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, et le Premier ministre grec, Alexis Tsipras. Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, retenu en Italie à la suite du terrible tremblement de terre de mercredi, était le grand absent. Mais même sans le représentant du troisième plus grand pays européen, les dirigeants sociaux-démocrates présents ont tenté d’envoyer un message fort aux citoyens européens depuis Paris. L’objectif est à nouveau de convaincre les gens que «l’Europe est une force», comme l’a affirmé François Hollande.

Le chemin pour y parvenir est cependant encore très long et semé d’embûches, estime Jean Asselborn. Joint par Le Quotidien, le ministre des Affaires étrangères a insisté sur le fait que l’UE n’a plus de temps à perdre pour se relancer. Cela ne veut cependant pas dire que les dirigeants européens doivent trop se précipiter. Apporter des réponses concrètes aux craintes des citoyens tout en évitant de se disperser lors de sommets qui «n’apportent rien» est la route à suivre, selon un Jean Asselborn qui semble de plus en plus lassé par la passivité des chefs d’État et de gouvernement.

«L’UE vit une crise existentielle. Maintenant, il faut juste qu’on en prenne conscience», lance sans sourciller le chef de la diplomatie luxembourgeoise. «L’Europe doit faire son autocritique. Les promesses que l’UE a faites aux citoyens, notamment en ce qui concerne le bien-être et une bonne qualité de vie, n’ont pas été tenues. En ce moment de crise, il faut qu’on souligne que l’Europe n’est pas quelque chose contre lequel il faut se battre pour tout miser à nouveau sur la carte nationaliste. Il faut expliquer aux gens où on en serait sans l’Europe et trouver des réponses à leurs inquiétudes», enchaîne Jean Asselborn pour lequel la situation actuelle n’est plus comparable à une «énième crise européenne. Il s’agit bien de la crise de l’Europe. Et c’est une triste première.»

Les «dangers» du sommet de Bratislava

Le sommet européen informel du 16 septembre, destiné à préparer le terrain pour relancer l’UE après la sortie du Royaume-Uni – qui tarde d’ailleurs à se concrétiser (l’automne 2017 est désormais évoqué pour lancer la procédure) – ne doit pas être entouré «de trop d’attentes». «Le rendez-vous est certes important, mais penser que des solutions toutes faites seront trouvées dès le 16 septembre, c’est faire fausse route. Cela ne peut être que le début d’un processus de réflexion qui, selon moi, doit durer deux à trois ans», souligne Jean Asselborn. Si le résultat final du sommet informel est le «renforcement» de la friction entre ceux qui veulent plus d’Europe (les pays fondateurs notamment) et ceux qui veulent moins d’Europe (les pays de l’Est notamment) «on aura fait plus de mal que de bien», estime le ministre des Affaires étrangères.

L’Europe doit désormais revenir les pieds sur terre et offrir des réponses claires aux craintes des citoyens. Pour Jean Asselborn, il faut s’attaquer concrètement à trois chantiers : la sécurité, avec notamment le renforcement des frontières extérieures de l’UE, la création d’emplois, afin d’éviter de renforcer le phénomène des «générations perdues» et, enfin, le renforcement de la dimension sociale. «Recourir à des nationalismes ne permettra pas d’avancer dans la bonne direction. Le retour à la fermeture des frontières nationales au sein de l’UE ne servira ainsi en rien la lutte contre le terrorisme», insiste le chef de la diplomatie luxembourgeoise. Se battre pour des revenus décents ou encore la lutte effective contre le dumping social et fiscal sont pour Jean Asselborn d’autres pistes prioritaires pour que les citoyens reprennent confiance en l’Europe.

«On n’a pas le droit de priver les générations futures de tous les bienfaits de l’Europe», conclut le ministre des Affaires étrangères, qui espère que les déclarations d’intention vont enfin se transformer en des actes concrets.

David Marques

Un commentaire

  1. L’Europe n’intéresse personne, exception faites des députés qui s’en mettent plein les poches !