La crise migratoire actuelle atteint des sommets sans précédent depuis le second conflit mondial, a observé le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, lundi, avançant le chiffre de 59,5 millions de réfugiés dans le monde.
Jean Asselborn a fait le point au Parlement avec les députés, en amont du Conseil extraordinaire convoqué par le Grand-Duché le 14 septembre (lire ci-dessous), ainsi que de la réunion spéciale de l’ONU du 30 septembre, sur l’immigration clandestine.
L’heure est grave et le ton adopté par le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, ne l’était pas moins. «Méditerranée, Balkans, Calais… Il n’y a jamais eu autant de pression migratoire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale!», a-t-il déclaré.
En pleine préparation de la réunion extraordinaire que la présidence luxembourgeoise de l’UE a convoquée, Jean Asselborn a lancé un appel à ses partenaires à trouver une solution qui devra être européenne. «Les États membres doivent respecter la convention de Genève et protéger les personnes victimes de persécutions», a-t-il encore tapé du poing.
Distinction entre migrants et réfugiés
Avant de rappeler qu’une distinction est faite, au sein de l’UE, entre deux types de flux : «Il y a les gens qui fuient la misère, les migrants économiques, et ceux qui viennent d’un pays en guerre et qui demandent une protection internationale, soit des réfugiés». Or, seuls les seconds sont protégés par le droit d’asile émanant de la convention de Genève.
Une manière pour le ministre d’illustrer la difficulté de la tâche qui incombe à la présidence luxembourgeoise, celle-ci devant composer avec les positions divergentes des États membres sur la question. «Le taux de reconnaissance ou d’acceptation varie largement en fonction des pays membres», a-t-il poursuivi, avant d’évoquer également les différences existantes en termes de durée de procédure de demande de protection.
Pour conclure, le ministre a également estimé que les pays candidats à l’adhésion dans l’UE devaient être considérés comme «sûrs» : comprendre que leurs ressortissants ne doivent pas s’attendre à bénéficier du droit d’asile.
Claude Damiani
Une réunion d’urgence le 14 septembre
Les ministres de l’Intérieur des pays de l’Union européenne vont tenir une réunion d’urgence le 14 septembre à Bruxelles, alors que l’Europe tente de trouver des solutions communes face à l’aggravation de la crise migratoire. « Dans le but d’évaluer la situation sur le terrain, les actions politiques en cours et de discuter de nouvelles initiatives visant à renforcer la réponse européene, le ministre luxembourgeois de l’Immigration et de l’Asile Jean Asselborn a décidé d’organiser un conseil JAI (justice et affaires intérieures, NDLR) extraordinaire », a indiqué dans un communiqué le gouvernement luxembourgeois, qui assure la présidence tournante de l’UE.
79 personnes d’ex-Yougoslavie et d’Albanie
«raccompagnées» par 5 charters
Le ministre Jean Asselborn a également présenté les chiffres des reconductions, dans leurs pays d’origine, de demandeurs de protection internationale déboutés au Luxembourg. Ainsi, 79 personnes, toutes provenant des pays de l’ex-Yougoslavie et d’Albanie, ont été «forcées» de quitter le territoire entre le 29 juillet et le 19 août derniers. Les cinq vols charters spécialement affrétés ont, en effet, transporté 17 personnes vers le Monténégro, 15 vers la Bosnie-Herzégovine, 8 vers la Macédoine, 23 vers l’Albanie et 16 à destination du Kosovo.