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Jean Asselborn se fait l’avocat de l’UE face au drame des migrants


Jean Asselborn, ici aux côtés de son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, hier, lors de la minute de silence organisée en ouverture de la réunion d'urgence sur la tragédie en Méditerranée. (Photo : Jean-Claude Ernst)

Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, s’est fait hier l’«avocat de l’UE», qui, mise sous pression, s’est décidée à enfin intervenir plus efficacement en Méditerranée.

C’est un Jean Asselborn consterné, mais aussi soulagé qui s’est présenté hier en fin d’après-midi devant la presse luxembourgeoise. «L’image de l’UE est mise en péril. Personne ne veut voir ce genre d’images, ces drames personnels. Elle a une responsabilité à porter et l’UE doit l’assumer», a ainsi souligné le ministre des Affaires étrangères après avoir conclu avec ses homologues européens le nouveau plan d’action pour éviter de nouveaux drames de migrants dans la Méditerranée.

Intervenir en Libye

Les dix mesures annoncées hier au Centre de conférences du Kirchberg seraient «un pas dans la bonne direction», même si Jean Asselborn n’a pas caché que le simple doublement des moyens financiers mis à la disposition de la mission de surveillance maritime Triton n’est pas suffisant. «On peut considérer que c’est trop peu, mais il ne faut pas oublier que l’UE est un club particulier avec 28 membres. Moi, je me suis présenté ce matin (lire hier) comme avocat de l’UE, et non pas comme avocat de certains États-membres pour lesquels les engagements pris sont trop importants», a d’ailleurs indiqué le chef de la diplomatie luxembourgeoise.

Conscient de la pression qui repose désormais sur les responsables politiques européens, le ministre des Affaires étrangères a toutefois salué les avancées réalisées hier, même si des détails importants restent encore à clarifier. «Sauver des vies est notre priorité. Pour y parvenir, il faut rendre l’opération Triton plus efficace. L’Italie a déjà concédé de nombreux efforts. Et c’est faux d’avancer qu’on a laissé les Italiens tous seuls. Il nous faudra désormais définir le rayon d’action de la nouvelle opération sans perdre des yeux les problèmes qui se trouvent à la base de ces vagues successives de migrants», note Jean Asselborn.

Le ministre pense notamment à la Libye, pays déchiré qui reste le point de départ de nombreux navires de migrants et qui héberge également les nombreux «passeurs sans scrupules». «Il s’agit d’une véritable mafia, formée notamment par d’anciens membres des services de sécurité du président déchu Kadhafi. Il faudra intervenir en Libye pour éviter que les migrants, dont de nombreux bébés et petits enfants, soient enfermés sur des navires, comme cela a été le cas dimanche», souligne Jean Asselborn, qui plaide pour former un gouvernement d’unité nationale en Libye. «À ce moment, l’UE pourrait envoyer une mission de paix afin de mieux réguler les flux de migrants», précise le ministre.

En attendant, Jean Asselborn pense aux «tragédies personnelles» qui amènent les migrants à tout risquer pour rejoindre la terre promise que constitue l’Europe. Et il reste prêt à agir plus concrètement dans ce dossier brûlant et sensible, notamment lors de la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE (lire par ailleurs). «La réaction que nous montrons aujourd’hui est nécessaire. Triton a fait ses preuves, il faut désormais rendre l’opération plus efficace. En même temps, il ne faut pas ignorer que la meilleure mission de surveillance ne peut pas toujours éviter ce genre de drames», conclut le chef de la diplomatie luxembourgeoise.

David Marques