Le gouvernement a tranché dans l’ « affaire » du Conseil d’État qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines : une femme de plus, et de surcroît sans couleur politique, intégrera la Haute corporation.
Alors que le 21e poste de conseiller de la Haute corporation avait été laissé vacant à la suite de la démission de la désormais ex-présidente de l’institution, Viviane Ecker. Le Premier ministre, Xavier Bettel, a annoncé mercredi qu’il sera finalement pourvu par l’actuelle directrice de l’Adem (Agence pour le développement de l’emploi), Isabelle Schlesser. «Le poste lui a été proposé ce matin (mercredi) car elle remplit les conditions d’admission, à savoir qu’elle est juriste (NDLR : détentrice d’un DEA de droit européen). De plus, elle peut se prévaloir d’une expérience dans le domaine du droit du travail », a souligné le chef du gouvernement.
Pour rappel, au moins onze des 21 Sages doivent être détenteurs du titre de docteur en droit ou titulaires d’un grade étranger d’enseignement supérieur en droit. Par ailleurs, Xavier Bettel a souligné que le Conseil de gouvernement avait pris la décision de porter son choix sur une personne « qui ne dispose pas de carte politique ». Comprendre, dans ce sens, qu’Isabelle Schlesser n’est membre d’aucun parti politique. Enfin, une dernière raison qui explique cette option est que la directrice de l’Adem est, de surcroît, une femme.
Une femme, qui plus est apolitique
En effet, le poste laissé vacant par Viviane Ecker devait à l’origine revenir au parti de l’ADR qui avait proposé un candidat, masculin, Alex Penning, secrétaire général de l’ADR. Mais si le texte s’attachant à réformer le Conseil d’État prévoit qu’un parti politique puisse y être représenté dans le cas où il aurait au moins trois députés siégeant au Parlement pendant deux législatures (ce qui est le cas pour l’ADR avec les députés Gast Gybérien, Roy Reding et Fernand Kartheiser), il stipule également qu’au moins sept femmes devront à l’avenir y siéger (NDLR : il y en a 5 à l’heure actuelle), au nom de l’égalité des chances et de l’instauration de nouveaux quotas de genre.
Bref, l’ADR ne disposant pas de candidate féminine au profil adéquat et donc de solution de secours, le poste vacant a été proposé au parti CSV qui a vraisemblablement été pris au dépourvu. Les chrétiens-sociaux, ont en effet annoncé, en début de semaine, par la voix de leur président Marc Spautz, qu’ils souhaitaient se mettre autour d’une table avec le Premier ministre et avec les représentants de tous les autres partis politiques.
Mais le Premier ministre a donc opté pour la solution Schlesser, qui continuera, en parallèle, à exercer ses fonctions de directrice à l’Adem. En effet, la fonction de membre du Conseil d’État est compatible avec toute autre fonction et chaque profession, sauf avec la fonction de membre du Gouvernement et les mandats de député, de membre d’une chambre professionnelle ou du Conseil économique et social ainsi que les fonctions de magistrat de la Cour administrative ou du tribunal administratif et d’agent du Secrétariat du Conseil d’État.
Claude Damiani
Le CSV irrité
Le principal parti d’opposition (CSV), n’a pas tardé à réagir à l’annonce de la nomination d’Isabelle Schlesser au 21e poste, laissé vacant, du Conseil d’État. Les chrétiens-sociaux fustigent, en effet le manque de transparence et de dialogue de la part du gouvernement qui a agi « unilatéralement », en nommant ce mercredi la directrice de l’Adem.
Pour rappel, le CSV, à qui avait été proposé le poste en dernier lieu, avait appelé à la tenue d’une table ronde réunissant tous les partis politiques, afin de trouver un consensus sur la question. « Le gouvernement a essayé d’anticiper les règles du projet de loi de la réforme du Conseil d’État », juge le CSV, qui a encore qualifié manière de faire de la coalition au pouvoir de « maladroite ». Enfin, le CSV ne s’est pas privé d’associer la méthode décriée et jugée opaque, comme étant des « aveux faits du bout des lèvres ».
C.D.