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IRM : la CNS hésite à payer sa part


Les frais d'acquisition et d'installation des nouveaux IRM sont conséquents. Un appareil IRM dernière génération est estimé à 600 000 euros. (archives Didier Sylvestre)

D’ici juin, les quatre nouvelles IRM seront opérationnelles. En principe, la Caisse nationale de santé est censée financer 20% de ces appareils. Pour l’instant, les négociations sont toutefois bloquées.

La Fédération des hôpitaux luxembourgeois ne mâche pas ses mots. «Le blocage de la part de la CNS est inacceptable», fustige Marc Hastert, le secrétaire général de la fédération regroupant les établissements hospitaliers du pays.

Selon les informations obtenues lundi auprès de la FHL, confirmées plus tard par le ministère de la Santé, la Caisse nationale de santé hésite encore à payer sa part pour financer les quatre nouveaux appareils IRM. «Le financement doit encore être validé par la Commission permanente du secteur hospitalier. Le problème majeur est que la CNS a décidé de marquer un coup d’arrêt», déplore Marc Hastert, contacté par nos soins. La CNS aurait «demandé des analyses supplémentaires» avant de trancher. «On ne se réjouit pas du tout de cette décision. La situation est à clarifier au plus vite», lance le secrétaire général de la FHL.

Le 22 mai dernier, le soulagement prédominait encore parmi les hôpitaux. «Les quatre nouvelles IRM seront opérationnelles pour janvier 2020», avait fièrement annoncé le Dr Paul Junck, le président de la FHL, à la sortie de la réunion de printemps du comité quadripartite. Cet organe réunit gouvernement, syndicats, patronat et corps médical.

Le calendrier établi ne pourra pas être entièrement tenu par le centre hospitalier du Nord. Les nouveaux appareils installés à l’hôpital Kirchberg, au centre hospitalier de Luxembourg et au centre hospitalier Émile-Mayrisch sont eux livrés et opérationnels.

«Aucune répercussion pour le patient»

Le blocage concernant le financement aura-t-il un impact sur les patients, déjà lassés par les longs délais d’attente pour obtenir un rendez-vous afin de passer une imagerie médicale ? Également contacté lundi, le ministère de la Santé tient à se montrer rassurant. «Le blocage concerne les frais d’acquisition des nouveaux appareils. Les discussions sont en cours entre le ministère et la CNS. Mais ce blocage n’a aucune répercussion pour le patient», est-il précisé dans une réponse écrite.

Le gouvernement a validé début juin 2018 l’acquisition de quatre nouveaux équipements IRM. «Il m’importe que chaque patient, dont la prise en charge médicale nécessite le recours à un examen d’imagerie médicale, puisse en bénéficier dans un délai raisonnable et dans le respect de soins de qualité», avait souligné à l’époque la ministre de la Santé d’alors, Lydia Mutsch. Les mêmes propos ont été répétés en janvier 2019 par le ministre Étienne Schneider, en poste depuis fin 2018.

600 000 euros par appareil

Les frais d’acquisition et d’installation des nouveaux IRM sont conséquents. En septembre 2017, le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider, précisait dans sa réponse à une question parlementaire du DP qu’un appareil IRM dernière génération doit être estimé à 600 000 euros. Le gouvernement visait un achat groupé, option déjà contestée à ce moment-là par la CNS.

Aux frais d’acquisition, il faut ajouter les frais d’infrastructure. Le coût par hôpital se situe entre 400 000 euros et 1,5 million d’euros. «Pour les quatre établissements hospitaliers, l’enveloppe supplémentaire pour garantir l’installation des appareils IRM serait d’environ 3 millions d’euros», ajoute encore Romain Schneider. Les nouvelles IRM nécessitent en effet une «infrastructure conséquente» en matière de statique (cinq tonnes), de blindage (cage de Faraday), de refroidissement (eau ou hélium), de surface d’implantation (30 à 35 mètres carrés) et de sécurisation.

En ce qui concerne les frais d’infrastructure, 80% sont pris en charge par le ministère, 20% par la CNS. Il est à préciser que l’année 2018 s’est clôturée pour cet organisme sur un solde largement positif, de 132 millions d’euros.

Contacté lundi par Le Quotidien, le service communication de la Caisse nationale de santé n’a pas donné suite aux questions posées concernant ce dossier.

David Marques

L’IRM d’Ettelbruck est encore en chantier

Les patients du nord du pays devront encore patienter un peu avant de voir la seconde IRM de l’hôpital d’Ettelbruck prendre son service. «Contrairement à d’autres hôpitaux, il n’était pas opportun d’installer le nouvel appareil dans un conteneur. Notre choix a été celui d’un agrandissement du bâtiment», précise Georges Bassing, le directeur administratif et financier du centre hospitalier du Nord (CHdN).

Les travaux respectent le calendrier prévu. L’IRM doit être livrée en mars. «L’inauguration est prévue pour le mois de juin», précise notre interlocuteur. L’agrandissement permettra aussi d’installer une nouvelle salle d’opération, la sixième au CHdN. Les travaux d’infrastructure ont retardé l’installation de la deuxième IRM au centre hospitalier du Nord.

Au tour des cabinets privés ?

Le 5 juillet dernier, la Cour constitutionnelle a ouvert la voie à la mise en place d’équipements dans des cabinets privés qui étaient réservés jusque-là aux seuls hôpitaux. Interpellé par les députés Léon Gloden (CSV), Claude Haagen (LSAP) et Mars Di Bartolomeo, le ministre de la Santé, Étienne Schneider (photo), avait dans un premier temps renvoyé vers le Tribunal administratif, qui devait encore statuer sur la légalité de la décision prise par la Cour. Entretemps, ce jugement est tombé.

Selon le ministère de la Santé, les IRM ne sont pas directement concernées par la décision de la justice. Ce sont plutôt les scanners qui pourraient être à terme installés dans des cabinets privés. «Le ministère dispose de 40 jours pour interjeter appel. Le délai est fixé au 20 janvier», précise le ministère dans une réaction écrite. La priorité serait d’établir une solide base légale. «Différentes pistes» seraient actuellement à l’étude.

Pas «d’autre ouverture possible»

Fin juillet, le ministre de la Santé avait annoncé «tirer toutes les conséquences» des conclusions établies par la justice. Étienne Schneider évoquait à ce moment que ses services «vont élaborer un avant-projet de loi afin de définir les conditions d’autorisation, y inclus les normes à respecter, en vue de l’exploitation de certains équipements extrahospitaliers, pour garantir une meilleure accessibilité à cette offre de soins, indépendamment du lieu de résidence».

Le projet devait être introduit pour la fin 2019 mais semble avoir été retardé. Le dossier sera en principe clarifié lors du «Gesondheetsdësch», une table ronde qui va réunir tous les acteurs de la santé.

La Fédération des hôpitaux (FHL) va participer à ce nouveau format. En attendant la réaction d’un avis officiel sur la décision de la justice, Marc Hastert, le secrétaire général de la FHL, émet des réserves quant à l’installation d’équipements tels que des IRM ou scanners dans des cabinets privés. «S’il y a une délocalisation, cela devra se faire avec l’encadrement du secteur hospitalier», souligne-t-il. La FHL ne voit pas «d’autre ouverture possible».

Inauguration à Esch

L’hôpital Kirchberg a été le premier à être équipé d’un appareil IRM supplémentaire. Opérationnelle depuis le 14 juillet 2019, cette machine a permis de diminuer de façon «drastique» les délais de rendez-vous. Au centre hospitalier de Luxembourg (CHL), la date de mise en service a eu lieu le 29 octobre dernier. Ce mardi, le CHEM va suivre. L’inauguration se fera en présence du ministre de la Santé, Étienne Schneider. Le centre hospitalier Émile-Mayrisch sera le troisième hôpital à inaugurer sa nouvelle IRM. Au CHL et au Kirchberg, les appareils sont déjà opérationnels.

Chiffres-clés

11. Avec l’arrivée des quatre nouvelles IRM, le Luxembourg dispose de 11 appareils, répartis sur quatre hôpitaux. Le CHL, le CHEM et l’hôpital Kirchberg comptent trois IRM, le Centre hospitalier du Nord disposera à partir de juin de deux appareils.
49 000. Selon les derniers chiffres disponibles, datant de fin 2017, la CNS a comptabilisé 49 000 examens IRM sur l’année. Soit une moyenne de 201 examens sur une journée de service.
2 400. Vu les longs délais d’attente, quelque 2 400 patients se sont rendus en 2017 à l’étranger pour passer une IRM. Il s’agit de 6% des actes enregistrés par la CNS.
8. Toujours en 2017, 8% des examens IRM concernent des patients non résidents.