L’intégration sous tous ses aspects a été au cœur des discussions du cinquième café-débat«Sciences & Société», organisé par le Liser.
« Le Luxembourg est un cas particulier en Europe en ce qui concerne l’intégration », estime Marie-Sophie Callens. En préambule au café-débat organisé par le Liser mardi soir au café Ratelach de la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette et intitulé «Migration : quelle(s) politique(s) d’intégration au Luxembourg», la docteure en sciences sociales au KU Leuven a fait un état des lieux scientifique de la situation au Grand-Duché : «Le pays a une longue histoire migratoire. Beaucoup d’étrangers, essentiellement européens, vivent ici. Selon l’Eurobaromètre, plus de la moitié de la population a une opinion favorable à la venue des étrangers et 40% voit l’immigration des pays tiers comme un problème. On constate aussi que pendant longtemps la population était favorable au multiculturalisme et désormais les résidents natifs sont plus susceptibles d’être en faveur de l’assimilation.»
L’assimilation, essentiellement retenue en France et aux États-Unis, signifie que pour être intégré il est nécessaire de connaître les Luxembourgeois, d’être capable de parler luxembourgeois, français et allemand, adhérer aux associations luxembourgeoises ou encore acquérir la nationalité luxembourgeoise.
«Un socle commun du vivre ensemble»
Face à ces constats scientifiques, Laura Zuccoli, présidente de l’ASTI, Paul Galles, coordinateur de bénévolat solidaire Young Caritas et récemment élu député sous l’étiquette CSV, et Sylvain Besch, responsable du Centre d’études et de formation interculturelles et sociales (Cefies), ont fait part de leurs expériences de terrain. Ce dernier estime que «l’intégration au Luxembourg est basée pour partie sur l’assimilation, notamment avec les langues et l’acquisition de la nationalité. Mais elle a également une forte dose de multiculturalisme, car depuis la loi sur la nationalité, on n’est plus obligé d’abandonner sa nationalité d’origine pour obtenir la nationalité luxembourgeoise et le système éducatif du pays est lui aussi ouvert au multiculturalisme.»
«Dans d’autres pays, il y a un moule pour s’intégrer, note Laura Zuccoli. Au Luxembourg, il y a tellement de nationalités qu’on n’a pas vraiment de moule.» Selon Paul Galles, «nous avons eu tellement de bonnes expériences d’intégration au Luxembourg au cours de l’histoire. Et l’intégration est passée, passe et passera toujours par la culture de la rencontre.» En effet, pour éviter le rejet de l’autre, comme on peut le constater dans d’autres pays, tous les intervenants estiment qu’il faut aller à la rencontre de l’autre. Et pour les trois professionnels de terrain, «l’intégration est un ensemble». Elle doit «être socioculturelle, souligne Sylvain Besch. Il faut allier ces deux aspects.» Et d’autres encore. Au-delà de la langue ou encore de l’acquisition de la nationalité luxembourgeoise, l’intégration passe aussi par le travail, l’école, le logement, la mobilité… pour les trois professionnels du terrain.
Laura Zuccoli cite plusieurs bonnes pratiques avant de souligner que «la société civile doit faire le socle commun du vivre ensemble et celui-ci doit être accompagné par la politique, notamment par la mise en place concrète d’un plan d’intégration». Pour Paul Galles, «l’idéal est l’unité dans la multiplicité».
Guillaume Chassaing