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Intégration et discrimination : les jeunes du pays ont planché


L'une des discussions les plus révélatrices portait sur les médias et la perception de leur fonction par les jeunes. (photo H.M.)

Lors de la 12e Convention des jeunes, vendredi, plus de 130 jeunes ont participé à des ateliers de discussion avant de présenter leurs conclusions aux députés.

La Conférence générale de la jeunesse du Luxembourg (CGJL), ses 27 organisations membres et le Centre national information jeunes (CIJ) ont offert des espaces d’échange aux jeunes âgés entre 15 et 30 ans.

« Intégration et discrimination. Les deux côtés de la médaille.» C’est autour de ce sujet que 134  jeunes ont discuté, vendredi dans la matinée, au cours de cinq ateliers consacrés à des thèmes différents. Vers 15  h, ils ont présenté leurs conclusions devant les parlementaires.

Les premiers à prendre la parole avaient réfléchi autour de la devise «Tous égaux, tous différents». À côté de la problématique du harcèlement psychologique et des tendances suicidaires qu’il peut engendrer, c’est l’école comme lieu de diversité qui est apparu aux participants de cet atelier comme le lieu où l’on devrait apprendre le respect de l’autre, avant toute chose. Ils ont également exprimé le vœu pieux de voir disparaître les photos, l’indication d’âge et de nationalité sur les CV, informations perçues comme pouvant donner lieu à toutes sortes de discriminations.

Enfin, les participants à cet atelier ont exprimé le souhait que le luxembourgeois occupe davantage encore le rôle d’une langue d’intégration. Pour Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale, une grande partie de ces idées trouverait des réponses dans le nouveau cours Vie et société, qui a remplacé les cours de religion et de morale laïque.

Parmi les jeunes inscrits et présents dans la salle, on aura noté Timon Müllenheim, ancien membre de l’ADR, connu pour ses positions très à droite et sa participation à un défilé de Pegida en Allemagne. Très actif sur les réseaux sociaux, il aime s’afficher en défenseur de l’Occident contre une prétendue islamisation rampante. Faisant régulièrement l’objet d’attaques d’activistes de gauche, Timon Müllenheim a dénoncé le harcèlement moral «contre les personnes dont les opinions sont différentes» estimant que les plaintes déposées à Besecure ne prendraient en compte que «les groupes et non les individus» .

Créer une «Académie luxembourgeoise»

Le deuxième atelier, consacré au sujet de la migration, a exprimé le souhait de rendre le contact avec les migrants plus facile et a plaidé pour une plus grande « réactivité » des procédures d’asile, qu’il faudrait par ailleurs « simplifier ». Comme le premier groupe, les participants du deuxième atelier ont estimé qu’il faudrait offrir plus de cours de luxembourgeois, notamment pour les migrants, en même temps qu’il faudrait réduire la valeur accordée à la nationalité dans la perception des gens.

L’une des discussions les plus révélatrices portait sur les médias. Au centre des discussions du troisième atelier, elle a permis de montrer à quel point l’incertitude sur la véracité de l’information et les médias en général est répandue. « On ne peut faire confiance à la plupart des médias » était la phrase qu’on aura entendue le plus souvent, vendredi après-midi. « Comment croire à l’indépendance de la presse, quand elle subventionnée par l’État ?» a été une autre question lancée par les participants de cet atelier.

L’une des explications donnée vendredi à ce phénomène était le rôle des médias sociaux (Facebook, Twitter, etc.) et la confusion grandissante qu’ils entraînent. « Les médias sont filtrés. On ne nous dit ce qu’on a envie de nous dire », a estimé l’un des jeunes. « Il faut que chaque mot retrouve sa valeur », a lancé un autre.

Le quatrième atelier, consacré au racisme en est venu à la conclusion qu’il fallait davantage familiariser les citoyens avec les différentes cultures qu’on peut rencontrer au Luxembourg, afin d’ôter aux gens la peur de l’inconnu. «Quand on connaît une chose, la peur et les préjugés tombent», disait l’une des participantes. « Encore faut-il savoir où commence le racisme », a ajouté Timon Müllenheim, qui a estimé qu’il ne pourrait y avoir de tabous. « Le racisme commence là où l’autre se sent discriminé » a été la belle phrase conclusive d’une des participantes.

La langue luxembourgeoise était au centre du dernier atelier à présenter ses conclusions, vendredi, en plénière. Entre autres, ses participants ont-ils proposé la création d’une Académie luxembourgeoise d’après son modèle français, afin de promouvoir la langue et veiller à son développement, notamment au niveau lexical.

L’une des faiblesses du «nation branding» serait d’ailleurs le fait que la langue luxembourgeoise ne serait pas suffisamment présente sur le plan international. Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale, a reconnu une «volonté large de reconnaître le luxembourgeois comme part intégrante de notre culture» , tout en soulignant la nécessité de cultiver l’ouverture par rapport aux autres langues.

Frédéric Braun