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Intégration au Luxembourg : « Des efforts restent à faire »


Le Grand-Duché occupe le «7e rang parmi 38 États et bénéficie de 68 points dans le cadre du Mipex 2015». (Photo : DR)

Le Mipex (Migration Policy Index), à l’aide de critères définis, évalue les politiques d’intégration des migrants dans les États membres de l’UE.

Dans une question parlementaire, le député David Wagner a demandé au gouvernement de réagir au rapport Mipex 2015. Si ce dernier décrit «la situation luxembourgeoise de l’immigration» comme «positif», le député déi Lénk estime que «certains domaines semblent devoir bénéficier d’une attention supplémentaire».

Ainsi, qu’en est-il de l’impact du rapport sur le Plan d’action national d’intégration? N’exige-t-il pas une évaluation et un renforcement du CAI (NDLR : contrat d’accueil et d’intégration facultatif consistant en une formation linguistique, des cours d’instruction civique et une journée d’orientation)?

Selon Corinne Cahen, ministre de la Famille et de l’Intégration, le Mipex aide en effet à «améliorer la gouvernance des politiques d’intégration».

On estime faire le nécessaire

Mais une étude de l’université du Luxembourg aurait «révélé» la «grande satisfaction» des signataires du CAI. Elle évoque aussi, sans plus détailler, un «bilan interne du CAI réalisé par l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration (OLAI)». Pour le reste, des réflexions visant à améliorer cet outil seraient en cours.

Dans sa question, David Wagner avait glissé un appel datant du 6 juin 2015, signé par Ben Fayot, Marc Fischbach, Robert Garcia, Paul Helminger, Andre Hoffmann, Serge Kollwelter et Jean Lichtfous et émis un jour avant le référendum. Les signataires y réclamaient notamment une «facilitation de l’acquisition de la nationalité» et de «l’apprentissage du luxembourgeois», citant en exemple l’Allemagne. Appel par lequel Xavier Bettel, le Premier ministre et ministre d’État, dit se sentir «évidemment concerné». Quant aux mesures intégratives à l’étranger, la «situation linguistique particulière du Luxembourg ainsi que son très fort taux de résidents non luxembourgeois» rendrait difficile la transposition de mesures intégratives «mises en place dans d’autres pays», nous apprend la réponse du gouvernement.

2014 : 288 bénéficiaires du congé linguistique

Quelles sont donc les conclusions du rapport Mipex pour l’éducation nationale? Là-dessus, le gouvernement n’est pas non plus très bavard. Les conclusions du Mipex «cadrent avec les actions engagées et prévues par le programme gouvernemental» basé sur «la prise en compte de la diversité sociale, culturelle et linguistique de tous les jeunes», estime Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de l’Enfance dans sa réponse. Actuellement, 37 médiateurs interculturels offriraient une aide dans 27 langues différentes, à la fois aux parents et aux enseignants. En tout, plus de 1 800 entretiens auraient eu lieu. Claude Meisch cite aussi en exemple le nouveau cours «Vie et société», conçu comme «réponse à la diversité croissante de notre population scolaire» et moyen de promotion du «vivre-ensemble».

Les réponses du gouvernement ne sont pas plus concrètes concernant les conclusions que le gouvernement tire du rapport dans le cadre de la réforme de la loi sur la naturalisation. Comme le rappelle Félix Braz, ministre de la Justice, le Grand-Duché occupe le «7 e rang parmi 38 États et bénéficie de 68 points dans le cadre du Mipex 2015», un résultat «satisfaisant» qui serait dû avant tout à la «généralisation du principe de la double ou multiple nationalité» (NDLR : loi de 2008 sur la nationalité luxembourgeoise). Le Mipex 2015 montrerait néanmoins «que des progrès restent à faire». Actuellement, une proposition de réforme du droit de la nationalité luxembourgeoise serait en cours de finalisation.

«D’une manière générale, mais particulièrement lors de la dernière campagne référendaire, la question de la langue luxembourgeoise a traversé les débats», rappelait enfin David Wagner dans sa question où il s’interrogeait sur le nombre de congés linguistiques pris. D’après les chiffres fournis par Nicolas Schmit, ministre du Travail et de l’Emploi, 496 demandes de congé linguistique ont été enregistrées en 2014, parmi lesquelles 288 demandeurs étaient nouveaux bénéficiaires et 208 qui ont demandé des heures de formation supplémentaires.

Fréderic Braun