Le dernier Eurobaromètre de la Commission européenne consacré au Luxembourg a été présenté lundi. Si les résidents sont parmi les Européens les plus optimistes, ils craignent pour leur pouvoir d’achat.
Réalisé à l’automne 2015 par la Commission européenne en pleine crise des migrants, le sondage Eurobaromètre 84 a vu 506 résident s’exprimer, dont 60% de Luxembourgeois.
Au Luxembourg, l’économie est prospère, ce n’est pas vraiment nouveau. Tellement prospère que l’Eurobaromètre fait des résidents les Européens les plus confiants dans leur économie nationale avec les Allemands, avec 85 % des personnes sondées optimistes.
Mais dès qu’il s’agit d’élargir le spectre à l’Europe, les voyants passent au rouge. Quarante-six pour cent des Luxembourgeois ont confiance en la politique économique européenne, contre 47 % qui n’y croient pas vraiment. Tout l’Eurobaromètre est du même tonneau : les Luxembourgeois sont satisfaits de leur situation professionnelle ou de la situation financière du ménage. Mais quand on gratte un peu, tout n’est pas si rose.
Au niveau du pays, et sans surprise, les résidents expriment des inquiétudes sur l’immigration, qui arrive en première position de leurs préoccupations, avec 35 % des personnes sondées, contre 36 % pour l’Union européenne des 28. À quasi-égalité vient le logement, avec 34 %… contre 8 % des Européens.
Au Grand-Duché, certaines craintes ne changent pas et la problématique du logement semble définitivement faire partie du quotidien des sondés. Trop cher, peu disponible, il distingue les Luxembourgeois des autres Européens. Une spécificité dont le Grand-Duché se passerait bien, d’autant qu’elle entraîne une autre crainte, celle pour le pouvoir d’achat.
Un paradoxe quand on sait que les résidents luxembourgeois ont les plus hauts revenus de l’UE des 28. Ils sont pourtant 30 %, contre 27 % des Européens, à craindre la hausse des prix. Selon Charles Margue, directeur de l’étude pour l’institut TNS Ilres, «cela s’explique par l’absence d’index depuis plusieurs années. Les Luxembourgeois ne voient pas leurs revenus augmenter.»
Autre inquiétude redondante chez les résidents, la qualité du système éducatif. Ils sont 14 % à s’en émouvoir, contre 9 % dans le reste de l’Europe. À force d’entendre à longueur d’année que le Luxembourg a des résultats faibles lors des tests internationaux, les parents sont de plus en plus inquiets pour la scolarité de leurs enfants.
Des Européens convaincus
Ces trois points noirs plombent l’optimisme des résidents, qui sont seulement 40 % à penser que les choses vont dans la bonne direction pour leur pays. Vingt-quatre pour cent pensent qu’elles vont dans la mauvaise direction et, surtout, 33 % des sondés ne se prononcent pas. Une incertitude parmi les plus élevées d’Europe, à mettre en corrélation avec les 39 % d’Estoniens indécis.
Sur les institutions européennes, l’europhilie luxembourgeoise se confirme, quelques semaines après la présidence du Conseil de l’Union. Cinquante-huit pour cent des Luxembourgeois ont confiance en la Commission, présidée par leur compatriote Jean-Claude Juncker, 54 % en la Banque centrale européenne, et 60 % dans le travail du Parlement. D’ailleurs, les résidents sont sans surprise 60 % à se sentir à la fois luxembourgeois et européens, une sorte de binationalité qui en dit long sur l’identité du pays.
Christophe Chohin