L’Association luxembourgeoise des journalistes professionnels leur demande de lui signaler les agressions, menaces et injures qu’ils subissent. Des cas graves ont déjà été vus et des plaintes ont été déposées.
Il y aura encore des manifestations, c’est sûr, et l’Association luxembourgeoise des journalistes professionnels (ALJP) s’attend à des nouvelles agressions, physiques ou verbales, envers les représentants des médias qui font leur travail sur le terrain. Deux cas lui ont été signalés concernant des journalistes insultés et bousculés lors de manifestations.
Une photographe du Tageblatt a été agressée lundi dernier lors d’une manifestation par des gens qui ne voulaient pas être pris en photo par «une presse menteuse».
Un journaliste de RTL a été menacé de mort sur le réseau Telegram par un individu très remonté contre un de ses reportages traitant de la vaccination obligatoire, au point de «porter à ébullition (son) degré de radicalisation», comme l’écrit l’auteur des menaces qui flanque en plus une photo de tout un arsenal dont il promet de faire usage contre ces journalistes «agitateurs» dès que l’occasion se présente.
Cela fait plusieurs années déjà que des journalistes se font molester et insulter en Europe par des citoyens avides de théories du complot. «Forcément, les journalistes les gênent», écrit l’ALJP dans un communiqué. Au Luxembourg, le phénomène est plus récent. Il y a toujours eu des cas isolés, des menaces en l’air, jamais pire que quelques noms d’oiseau envoyés au journaliste qui avait déplu à l’une ou l’autre partie en cause.
Quand un célèbre avocat ou un gros entrepreneur décrochait son téléphone pour régler son compte à un journaliste, il se contentait de l’envoyer au diable dans un langage fleuri. Rien ne vaille la peine d’en faire des montagnes. Les choses sont très différentes aujourd’hui avec l’influence des réseaux sociaux qui décident du sort de celui ou celle qu’ils jettent en pâture.
Les journalistes sont une cible idéale actuellement pour les antivax de tous les bords comme ils l’étaient en France lors du mouvement des «gilets jaunes».
Ces agressions s’intensifient aujourd’hui au point que l’ALJP se fende d’un communiqué alertant à son tour d’une situation intolérable. Elle promet des poursuites judiciaires pour chaque débordement, mais estime que cela ne suffit pas pour protéger la presse «que l’on veut réduire au silence».
Elle demande que ces actes «de plus en plus graves» soient combattus par tous les moyens «politiques et juridiques possibles». Elle appelle surtout les journalistes à lui signaler tout incident, menace ou agression dont ils sont victimes.
Une zone blanche qui rétrécit
Selon le dernier rapport de Reporters sans frontières (RSF), 73 % des 180 pays évalués connaissent des situations jugées «très graves», «difficiles» ou «problématiques» pour la liberté de la presse. À l’inverse, 12 pays affichent «une bonne situation», avec en haut du tableau la Norvège, la Finlande et la Suède. Le Luxembourg est 20e sur la liste et apparaît encore dans la zone blanche sur la carte dressée par RSF. L’Allemagne en faisait encore partie lors de l’évaluation précédente, mais les évènements qui ont eu lieu lors des manifestations contre la politique sanitaire du gouvernement où des dizaines de journalistes ont été agressés ont changé la donne.
Les groupuscules d’extrême droite sont directement visés et tous les complotistes qui les rejoignent. N’oublions pas que des journalistes se font aussi agresser par des policiers qui les empêchent de faire leur travail. C’est plus rare, mais certaines scènes lors des manifestations des «gilets jaunes» en France étaient intolérables.
Depuis peu, le Luxembourg a rejoint la liste des pays où des journalistes se font physiquement agresser et menacer de mort. La vigilance est de rigueur.
Nouvelles manifestations ce samedi
Pendant ce temps-là, alors que l’entrée en vigueur du Covid Check sur le lieu de travail approche, deux manifestations se tiendront ce samedi à Luxembourg. Une première organisée par «Mon corps, mon choix» selon une annonce parue sur le réseau fétiche des anti-tout, Telegram, et dont le départ est annoncé à 14 h à la gare.
Une autre prendra le départ à la même heure, mais du Glacis, organisée cette fois par Saturday for Liberty, qui précise que ce sera «une manifestation d’argumentation contre le narratif» (sic).