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« Il faut fermer Cattenom » selon Greenpeace Luxembourg


Il faut «maintenir la pression» sur la France pour qu'elle ferme Cattenom, plaide le chargé de la campagne nucléaire de Greenpeace Luxembourg. Même si le Grand-Duché a lui aussi des efforts à faire pour s'affranchir de l'énergie étrangère... dont le nucléaire français! (Photo : Editpress)

Alors que le ministre français Hulot vient de s’engager à fermer plusieurs réacteurs nucléaires, Roger Spautz, de Greenpeace Luxembourg, tire déjà la sonnette d’alarme.

Le ministre français de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, vient de s’engager à fermer des réacteurs nucléaires, « peut-être jusqu’à 17 ». Une réelle avancée, selon vous ?

Roger Spautz : On doit maintenir la pression sur le nouveau gouvernement français. Mais il est clair que Nicolas Hulot montre une ouverture sur ce sujet, et que cette annonce est un progrès.

Après, on attend des actes, car le démantèlement d’un réacteur prend des années. Certains équipements, comme la cuve, les générateurs de vapeur, sont fortement contaminés, on ne peut pas les enlever d’un jour à l’autre. Par exemple, dans certains réacteurs, lorsqu’on remplace des générateurs de vapeur, les anciens générateurs contaminés sont encore stockés sur le site pendant un certain temps, dans des bâtiments spéciaux.

Reste aussi la question du choix des réacteurs à fermer !

En effet, et ce n’est pas encore clair, ils doivent fixer des critères pour choisir quelles centrales fermer, d’autant que leur loi sur la transition énergétique prévoit que le nucléaire doit être progressivement remplacé par des énergies renouvelables. Pour l’instant, seul l’Autorité de sûreté nucléaire (NDLR : ASN, une administration de contrôle indépendante) peut décider que telle ou telle centrale doit être fermée. Cela peut être une raison de sûreté de la centrale, d’ancienneté, ou éventuellement de situation géographique, celles proches des frontières pouvant être fermées en priorité.

Pour quelles raisons ?

Pour des raisons politiques avec des voisins opposés au nucléaire, par exemple. Et parce qu’en cas d’accident, ce sont des centrales frontalières, comme Cattenom (située à 10 km du Luxembourg), Fessenheim (en Alsace, à la frontière de l’Allemagne), qui vont poser le plus de soucis…

Parlons de Cattenom justement. Le Luxembourg s’est dit prêt à mettre la main au portefeuille pour faciliter la fermeture de Cattenom.

Oui, enfin presque. (Le Premier ministre) Xavier Bettel ne parlait évidemment pas de payer pour la fermeture ou le démantèlement de la centrale, mais plutôt pour développer des alternatives, comme des projets liés aux énergies renouvelables dans la Grande Région. C’est une chose qui créerait, en plus, des emplois. Du côté allemand, par exemple, on sait déjà que des entreprises ont envie de s’installer à la frontière si Fessenheim est fermée.

Il y a un an, Le Quotidien mettait en cause la sécurité des diesels de secours de la centrale, ce que contestait Cattenom. L’ASN vient, en juin dernier, d’émettre à son tour des craintes…

Oui, l’ASN a constaté qu’en cas de séisme et de perte des alimentations électriques externes, le fonctionnement des diesels de secours (NDLR : chargés de fournir alors l’énergie vitale pour éviter un incident majeur) pourrait ne plus être assuré. L’ASN a donc demandé à EDF le renforcement sous un certain délai des ancrages de ces systèmes auxiliaires. Mais nous, à Greenpeace, on estime que l’ASN aurait dû ordonner l’arrêt immédiat des réacteurs concernés, car s’il y a un séisme demain, comment fait-on?

Vous suivez le dossier Cattenom depuis la création de la centrale. Comment les choses ont-elles évolué ?

Ça ne va pas en s’arrangeant. Avec le vieillissement, il y a toujours plus de nouveaux problèmes qui apparaissent, des incidents qui sont reportés plusieurs fois par an… Les choses empirent. On travaille, par exemple, en ce moment sur le taux de bouchage des générateurs de vapeur. Il y a des milliers de ces tubes dans les générateurs, et avec le temps, on voit apparaître des microfissures qui créent des fuites. Et des réparations sont toujours attendues…

Entretien réalisé par Romain Van Dyck

Retrouvez l’intégralité de l’interview dans Le Quotidien papier de ce lundi