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«Il est évident que l’eau ne sera pas gratuite»


Le président de la Fédération des restaurateurs salue la décision du gouvernement, à propos de l'absence de rendre obligatoire la carafe d'eau. Et s'en explique (Photo : Fabrizio Pizzolante).

La fédération Horesca se dit dans un premier temps soulagée que le camp politique ne compte pas légiférer pour imposer la carafe d’eau. Les marges seraient très fragiles.

«Les habitudes ont fortement changé. La baisse du taux d’alcool dans le sang autorisé au volant mais aussi l’obligation de rester complètement sobre pendant la journée de travail font que beaucoup d’eau est consommée dans les restaurants», résume François Koepp, secrétaire général de l’Horesca, la Fédération nationale des hôteliers, restaurateurs et cafetiers.
Présent mardi à la Chambre pour assister au débat sur le droit à l’eau du robinet, le représentant du secteur gastronomique a surtout été heureux de constater que «le service de fournir de l’eau restera a priori payant. Pour nous, il était évident que l’eau ne pouvait pas être rendue gratuite.» François Koepp pousse la réflexion plus loin : «Sera-t-il à l’avenir possible de se rendre dans une banque pour remplir gratuitement sa gourde d’eau? Et quid des supermarchés?»

Pas «pour l’éternité faire des gestes»

Dans tous les cas, le secteur de l’Horeca ne pourrait pas «pour l’éternité faire des gestes». François Koepp fait allusion aux mesures prises ces dernières années (interdiction de fumer, baisse de l’alcoolémie, hausse de la TVA sur les boissons alcooliques…). «Sans la vente de l’eau, les marges sur la base desquelles travaillent les restaurateurs et cafetiers ne seraient plus tenables», précise le secrétaire général de l’Horesca. Cela n’empêche pas le secteur de rester disposé «à œuvrer dans l’intérêt de l’écologie». «Dans la mesure du possible», ajoute immédiatement François Koepp.

Dans cet ordre d’idées, l’Horesca a enregistré la proposition soumise par le ministre des Classes moyennes de lancer une campagne de sensibilisation nationale pour servir de l’eau du robinet aux clients des cafés et restaurants. «La proposition venant du ministre Lex Delles sera désormais discutée avec nos différentes commissions. On ne s’oppose pas à la direction proposée, mais tout cela doit se préparer en amont», affirme François Koepp. Comme cela a été le cas, il y a quelques mois, pour une éventuelle interdiction de fumer à imposer en terrasse, l’Horesca est contente de pouvoir finalement miser sur la volonté de ses membres et sur une campagne de sensibilisation afin d’avancer sur la question. La mise en garde est toutefois lancée. «Si on légifère pour imposer la gratuité d’une carafe d’eau, cela aura des répercussions sur le prix des autres produits et services.» La question est loin d’être tranchée.

David Marques

Le chiffre : 72

Selon les derniers chiffres du Statec, le Luxembourg a importé sur la seule année 2018 un total de 72 millions de litres d’eau potable, dont un tiers d’eau pétillante et deux tiers d’eau plate. Cela constitue une moyenne de 100 litres par tête d’habitant. La production nationale des Sources Rosport est de 22 millions de litres d’eau par an. Avec l’ajout de cette quantité, les clients luxembourgeois consomment quelque 94 millions de litres d’eau qui ne proviennent pas du robinet.

« Six gouttes de pétrole par litre »

Selon une étude réalisée en Suisse, la production d’un litre d’eau sortant du robinet équivaut à une consommation de 0,3 ml de pétrole. «Il s’agit de six gouttes à peine», indique David Kieffer. Par contre, un litre d’eau rempli dans une bouteille équivaut à une fourchette comprise entre 100 et 300 ml de pétrole, soit 1 800 à 5 400 gouttes par litre.

Plus de 940 km pour être livré

Les pétitionnaires ont présenté hier le nombre de kilomètres que différentes marques d’eau doivent parcourir avant de pouvoir être servies dans un restaurant au Grand- Duché. Selon une étude allemande, l’eau produite sur le plan régional doit parvenir d’une zone limitée entre 100 et 130 km.

Parmi l’eau vendue au Luxembourg, seule une marque allemande remplit ce critère régional. Même l’eau belge doit parcourir 164 km pour être servie à nos tables. Les deux marques françaises les plus réputées doivent parcourir 200 et 551 km. L’eau italienne doit même être transportée sur 731 km (pétillante) et 940 km (plate).