La fédération des industriels (Fedil) n’est pas opposée à la stratégie hydrogène, dévoilée par le ministre Claude Turmes, mais plaide pour «davantage de pragmatisme» de la part du ministre de l’Énergie.
Les objectifs climatiques sectoriels, définis en juillet par le gouvernement, vont forcer le secteur des «Industries de l’énergie et manufacturières» de réduire pour 2030 leur empreinte carbone de 45% par rapport à 2005 et de 52% par rapport à 2019. Une feuille de route de décarbonisation doit notamment contribuer à atteindre cet objectif. Le recours à l’hydrogène vert comme source énergétique fait partie intégrante de la stratégie développée par le gouvernement.
Contactés par nos soins, la fédération des industriels (Fedil) et son représentant Gaston Trauffler ne se disent «pas surpris» par les annonces du ministre de l’Énergie, Claude Turmes, venu présenter lundi sa stratégie hydrogène. «Nous n’avons pas de critique majeure à formuler. Le seul bémol concerne la fixation extrême du ministre sur l’hydrogène vert», indique le responsable de la politique industrielle auprès de la Fedil.
L’industrie se dit tout à fait prête à miser sur l’hydrogène (H2) pour réussir son virage énergétique. «Nous ne pouvons cependant pas attendre jusqu’à ce que la dernière molécule soit verte. Il nous faut commencer quelque part. Si l’on attend trop longtemps, on risque de ne pas attraper le bon wagon», insiste Gaston Trauffler.
Effet limité sur l’empreinte carbone
La Fedil invite le ministre à faire preuve de «plus de pragmatisme». «Nos entreprises doivent commencer à investir dès à présent dans l’hydrogène pour savoir quel est son potentiel. Il nous faut aussi apprendre à utiliser cette nouvelle technologie», reprend notre interlocuteur. À défaut de pouvoir recourir à du H2 vert, le H2 fossile doit pouvoir constituer une alternative pour lancer le processus de transformation, insiste Gaston Trauffler, avant d’ajouter que «la décarbonisation doit se faire de manière progressive. Il ne s’agit pas d’un automatisme».
Le représentant de l’industrie luxembourgeoise développe encore davantage sa réflexion : «Si l’on importe l’hydrogène, par exemple depuis la France, ce n’est pas notre empreinte carbone qui sera créditée, mais bien celle de l’Hexagone.»
La Fedil déplore de ne pas être consultée «en bonne et due forme» par le ministère de l’Énergie afin de préparer la transition écologique. «L’objectif final de la stratégie hydrogène ne doit (…) pas se mesurer par la quantité d’hydrogène renouvelable qu’elle fournit, mais par la manière dont elle contribue à décarboniser la société et l’économie de manière rentable», avait souligné Gaston Trauffler dès le mois de février dans une première prise de position écrite.
David Marques