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Happy hour au CSV, qui s’en prend au DP


Les ténors du parti, Claude Wiseler, Marc Spautz et Laurent Zeimet(de g. à d.) avaient le sourire, jeudi, du côté de Hesperange. (photo JC Ernst)

Ils avaient les moyens de jubiler, mais ils ont le succès modeste. Jeudi soir, à la fête d’été du CSV, les ténors du parti n’ont pas voulu tirer sur l’ambulance. Sinon sur le DP, qui représente la non-politique pour le CSV, des promesses et rien que ça. Un bilan pitoyable en prime après 18 mois d’exercice. Et encore, les orateurs n’ont pas été trop virulents.

Le Moselle Valley Brass Band entonne le célèbre Ich war noch niemals in New York et la bière coule à flots. Les odeurs de saucisses se répandent dans le parc de Hesperange, derrière le centre civique où le CSV organise sa traditionnelle fête d’été. C’est l’occasion rêvée pour les membres d’aller à la rencontre de leurs élus et responsables de parti avec des doléances ou bien de simples encouragements.

C’est la grande kermesse en musique, mais avant le coup d’envoi de la happy hour, les chrétiens-sociaux doivent prêter une oreille attentive aux discours. Ils sont courts en général. Du temps de Jean-Claude Juncker, on n’entendait pas une mouche voler. Jeudi soir, il y avait du brouhaha du côté de la buvette.

Ils avaient tous les atouts en main pour être méchants. Vraiment méchants. D’abord les derniers sondages qui propulsent les élus du CSV sur les sommets et le référendum du 7 juin dernier qui a révélé que le CSV avait été suivi. Mais ils n’ont pas voulu tirer sur l’ambulance. Pas trop du moins.

«Le gouvernement a fait de la casse»

Jeudi, aussi bien le secrétaire général du parti, Laurent Zeimet, que le président, Marc Spautz, se sont félicités « pour la campagne responsable » qu’ils ont menée.

Pour autant, le CSV veut s’afficher comme un parti «du vivre et être ensemble» , selon Laurent Zeimet. «Le CSV est un parti pour tous» , répète le secrétaire général. On sent quand même la gêne d’un score écrasant de 80 % de non, car le CSV n’en espérait pas autant, loin de là. Claude Wiseler, le président de la fraction parlementaire, rappelle à ses troupes, quelque 500 personnes présentes, que ce référendum, le CSV n’en voulait pas.

«Aujourd’hui, il faut que tous les partis adoptent une position commune sur ce sujet» , déclare Claude Wiseler en évoquant la proposition de loi sur l’accès à la nationalité luxembourgeoise que le parti a déposée. Il n’a pas envie de «jubiler», après les résultats obtenus.

«Il est de notre responsabilité d’aider dans ce domaine parce que le gouvernement a fait de la casse» , souligne une fois encore Claude Wiseler. «Si le gouvernement veut continuer à travailler sur ce sujet il faut parler avec l’opposition, ce qu’il n’a pas voulu faire avant le référendum!» , regrette-t-il.

Juncker absent mais présent

Passé le chapitre du référendum, il fallait aborder les sondages qui sourient plus que jamais à l’opposition. «Les électeurs nous attendent» , déclare pourtant sobrement Laurent Zeimet. Un peu plus virulent, Claude Wiseler doit avouer que jamais un gouvernement n’a été autant désavoué après 18 mois d’exercice. «La tradition veut que pendant une présidence (NDLR : la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE) , nous enterrions la hache de guerre, alors je vais vous dire ce que le gouvernement fait de bien» , entame Laurent Zeimet avant de laisser un silence s’installer. Tout le monde rit, tout le monde applaudit.

Le président Marc Spautz se réserve le chapitre «politique européenne» et évoque le manque de sérieux d’un gouvernement Tsipras «qui agit de manière irresponsable» . Et bien sûr, «ce n’est pas aux Grecs de nous dicter la politique qu’ils souhaitent» , déclare-t-il tout en se disant néanmoins confiant. Car il y a Jean-Claude Juncker. «Je suis sûr qu’il est capable de trouver un accord!» , veut rassurer Marc Spautz.

Sacré Jean-Claude, toujours présent, même absent. Et toujours là pour sauver les gens en proie à des difficultés, même l’actuel Premier ministre Xavier Bettel. Comment? Marc Spautz rappelle l’épisode du 22 juin, à l’issue d’un sommet où, face à la presse, le Premier ministre a appelé Jean-Claude Juncker à la rescousse pour répondre à sa place aux questions des journalistes sur le déroulé de la réunion. «Quelle réclame pour le Luxembourg!» , ironise Marc Spautz.

Côté politique nationale, le président du CSV s’en prend à son successeur au ministère de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen (DP), à la ministre du Logement qui fait parler d’elle mais jamais à cause de la politique du logement. Dans la foule, on ricane. Le ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, Claude Meisch, en prend pour son grade aussi.

«Pendant un an, il ne s’est rien passé»

Curieusement, le LSAP est épargné, sinon pour dire, presque avec regret, que le Parti socialiste sombre dans les sondages. Et pas un mot sur les verts. Ici, on tire surtout à boulets rouges sur le DP et en général sur la coalition Gambie sans nommer les deux autres partenaires.

Claude Wiseler retendra qu’après 18 mois de législature, pas grand-chose n’a été fait. «Pendant un an, il ne s’est rien passé, puis le gouvernement a usé de l’énergie pour un référendum et maintenant il attaque six mois de présidence. Ensuite, il va préparer les élections communales et enfin les prochaines législatives!» , résume ainsi le président de la fraction.

De nombreux dossiers sont ainsi bloqués et en attendant, la contribution de 0,5 % est bel et bien collectée, alors «que les gens n’ont toujours rien en retour» .

Pour Claude Wiseler, «ce n’est tout simplement pas sérieux» . Et le principal parti de l’opposition attend des propositions concrètes sur nombre de dossiers, comme la réforme du secondaire, la réforme fiscale, etc. «C’est à nous de convaincre les électeurs que le CSV a des alternatives bien meilleures à cette politique» , conclut Claude Wiseler.

Geneviève Montaigu