Plus de 200 personnes ont répondu présent, samedi à Bettembourg, au rassemblement de solidarité dans le cadre du mouvement de grève dans plusieurs maisons de soins.
Les jours se suivent et se ressemblent à la maison de soins An de Wisen. Depuis mercredi dernier, le personnel FHL (Fédération des hôpitaux luxembourgeois, 106 personnes sur un peu plus de 200 salariés au total) sont en grève et campent devant l’entrée de l’établissement. Mais samedi, à l’appel de l’OGBL, ils étaient plus de 200 personnes à prendre part au «rassemblement de solidarité».
«Cela fait plaisir de voir autant de monde, confie Najiha (46 ans), employée à la maison de soins de Bettembourg depuis 22 ans et en grève depuis mercredi. On se sent soutenus. Le succès à Bertrange (NDLR : jeudi, en une journée de grève, les salariés FHL de la maison de soins Les Parcs du 3e âge ont obtenu gain de cause) nous donne confiance. Nous savons que nous avons entamé un bras de fer avec notre direction, mais nous tiendrons longtemps. Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout.»
Présent «pour exprimer la solidarité de déi Lénk envers les salariés FHL, qui ont le droit de revendique ce qui leur est dû», le député Marc Baum (déi Lénk) s’est dit «surpris de ne pas voir d’autres partis politiques représentés aujourd’hui (samedi)». Quant au président de l’OGBL, André Roeltgen, il a tenu à rappeler que «l’OGBL est une force responsable et cherche toujours une solution par la voie de la conciliation. Ici, cela n’a pas été possible. Le premier responsable de la situation, c’est l’employeur, à savoir Sodexo. Les salariés FHL aiment leur travail et respectent les résidents de la maison de soins. Ils n’ont tout simplement pas d’autre choix que de faire grève pour maintenir leurs acquis et faire valoir leurs droits.»
«Vous tomberez et nous resterons debout»
À la tribune, Nora Back, la représentante du syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL, a exhorté la foule : «Vous écrivez l’histoire syndicale. Nous sommes venus, nous nous sommes installés et nous resterons jusqu’au moment où nous gagnerons comme nous avons gagné à Bertrange. Monsieur Erang (NDLR : le directeur des activités seniors à Sodexo, propriétaire de la maison de soins An de Wisen à Bettembourg), c’est à votre tour, tôt ou tard, vous allez être obligé d’accepter nos revendications. L’établissement ne peut pas fonctionner sans son personnel. La preuve, le premier jour de grève, ce sont les femmes de ménage qui ont servi le petit-déjeuner aux résidents. Ils font appel à des retraités, des élèves et des stagiaires, ils surchargent les SAS (NDLR : l’autre catégorie de salariés de l’établissement), ils essayent d’engager des intérimaires alors que c’est illégal. Sodexo, vous tomberez et nous resterons debout.» Nora Back n’oublie pas les personnels FHL de ZithaSenior, qui vont prochainement entrer en grève, et prévient la directrice des établissements de Pétange et Luxembourg : «Mme Federspiel, arrêtez avec vos menaces et vos pressions. Nous viendrons dans les prochains jours.»
Il n’en faut pas plus pour que les slogans s’élèvent de la foule : «Tous ensemble, tous ensemble…», «Je travaille, tu travailles, Sodexo empoche»… Et puis, tout le monde se met en marche vers l’entrée principale de la maison de soins An de Wisen en criant ses revendications, en agitant les drapeaux OGBL, sous les coups de tambour et au son des crécelles. Les grévistes et autres manifestants du jour se font entendre, posent des autocollants «On refuse de renoncer à nos acquis» sur la porte d’entrée de l’établissement, font ensuite le tour de la maison de soins. Histoire que les résidents et leurs familles, invités à un barbecue dans le jardin, sachent qu’ils sont là et, comme ils le disent tous : «Nous ne lâcherons rien!»
Guillaume Chassaing