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Grève à l’ACL : la guerre des anges jaunes


Depuis hier, le service dépannage et le centre d’appel de l’ACL sont en grève.

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Pit Schreiner, secrétaire central de l’OGBL, durant un point presse entre deux étapes de négociation. (Photo : Isabella Finzi)

Hier après-midi. Depuis 6h, les anges jaunes, comme on appelle les membres du service dépannage, sont en grève. Mais rien n’a changé, à part que les rations de soupe diminuent d’heure en heure et qu’à force d’attendre, les extrémités ne se réchauffent plus. Heureusement, les averses ont cessé. Demeure la colère.

« La presse rapporte toujours ce que dit l’une ou l’autre partie. Mais les gens ignorent en général l’étendu de nos activités, qui vont du simple dépannage de voiture à la réparation d’un ascenseur, tard dans la nuit », constate, désabusé, un manifestant, qui confirme l’exigence de travailler toujours plus combinée à un manque chronique d’équipements. « Où va l’argent ? (NDLR : des cotisations), lance-t-il, scandalisé. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas dépensé dans le sens des membres ». Il pointe là du doigt les commodités dont jouiraient la direction et certains employés de bureau, « payés pour ne strictement rien foutre ».

> Des discussions en partie violentes

Quand surgit Pit Schreiner, représentant de l’OGBL, sur le parking humide devant le bâtiment de l’ACL dans lequel ont lieu les négociations entre les syndicats et la direction, il évoque des discussions oscillant entre « normalité et violence », avec une direction « intraitable » au comportement erratique, qui vient de remettre en cause des points négociés le matin même. « Du jamais vu », conclut-il.

Auparavant, entouré des journalistes présents, le syndicaliste est revenu sur les points d’achoppement dans un dossier qui traîne depuis longtemps déjà, avec, derrière lui, se dressant comme un mur, une trentaine de dépanneurs, la tête enfouie dans le col droit de leur combinaison jaune couronnée des drapeaux syndicaux.

Le syndicat refuse le règlement interne, censé remplacer le contrat collectif, dont Pit Schreiner affirme que la direction l’aurait formellement enterré devant l’Office national de conciliation.

La dernière augmentation de revenus remonte à 2008 (+0,5 %). Depuis, il n’y aurait eu que des primes uniques, regrette Pit Schreiner. C’est le salaire social minimum qui est aujourd’hui réclamé par les grévistes, le leur (celui prévu par leur barème) étant inférieur. La direction s’était engagée à payer une augmentation. Puis, plus rien. Voilà pourquoi la convention collective a été résiliée par les syndicats. Or si beaucoup de temps s’est écoulé depuis, ce serait surtout dû aux multiples revirements de situation dans cette affaire et à une direction imprévisible.

Les syndicats exigeaient un ajustement des salaires à l’aide de primes entre 2013 et 2014, avec une hausse du salaire à partir du 1er janvier 2015. Mais cette proposition a été refusée.

Hier, l’ACL a fait appel à des sociétés privées pour combler les lacunes. Trois dépanneuses ACL qui ont quitté le terrain ont été tour à tour huées et sarcastiquement applaudies.

Pit Schreiner a regretté que « certains briseurs de grève continuent leur service, tandis que leurs collègues combattent pour eux aussi », mais a reconnu l’existence de pressions énormes. Enfin, le secrétaire central a rappelé que le geste des dépanneurs ne visait pas à nuire aux membres de l’ACL, mais était le résultat du comportement dont aurait fait preuve la direction jusqu’ici.

Dans la soirée, un communiqué de l’OGBL a annoncé que les salariés allaient poursuivre leur mouvement de grève aujourd’hui. L’issue des négociations reste donc incertaine.

De notre journaliste Frédéric Braun

 

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