Le ministre Henri Kox et l’ensemble de la direction de la police peuvent souffler. La campagne de recrutement a porté ses fruits et 800 candidats se sont manifestés.
Il fait la promotion du métier de policier à chaque fois qu’il en a l’occasion et lundi encore, il ne l’a pas ratée. Henri Kox, ministre de la Sécurité intérieure, présentant lundi le bilan intermédiaire du recrutement de la police, n’est pas peu fier du résultat. «J’ai montré encore en juillet dernier que le métier était attractif, j’ai tout fait pour avoir beaucoup de « clients » et nous avons finalement reçu 800 candidatures pour 200 places», se réjouit le ministre.
La campagne de sensibilisation et de promotion lancée il y a un an pour le recrutement dans les métiers de la police a porté ses fruits. Les spots, les affiches, la communication dans la presse ont fini par atteindre les jeunes et les moins jeunes (pas de limite d’âge) qui veulent tenter leur chance et rejoindre la «grande famille».
Conformément aux accords conclus à l’été 2019 avec les syndicats, le gouvernement a prévu de recruter quelque 600 cadres supérieurs et 240 civils. Un recrutement massif qui s’étale sur trois ans et qui commence cette année avec 200 places prévues. «Vu le nombre de candidats, nous aurons, j’en suis sûr, 200 bons policiers», estime le directeur général de la police, Philippe Schrantz.
Lundi, aux côtés de leur ministre de tutelle, plusieurs directeurs de service ont décrit cette première phase de recrutement et les grands changements qui sont intervenus dans toute la procédure. Comme l’explique le directeur des ressources humaines, Francis Lutgen, ce n’est plus la police et le ministère qui organisent seuls les épreuves, les candidats doivent désormais passer par l’examen général de la fonction publique et surtout le réussir pour avoir accès ensuite à l’examen spécial de la police grand-ducale. L’épreuve d’aptitude générale («Staatsexamen») est organisée par le Centre de gestion du personnel et de l’organisation de l’État (CGPO) alors que l’examen spécial est organisé par la police.
Il y aura 700 candidats à cette épreuve spéciale, selon Francis Lutgen. L’autre grand défi maintenant consiste à accueillir les nouveaux élèves pour leur année théorique. Des structures provisoires ont été installées au Verlorenkost, là où se trouve l’actuelle école de police. Il s’agit d’une école provisoire pour accueillir environ 580 élèves et stagiaires, selon la présentation faite aux députés au début de l’année dernière.
Manque de femmes
Cette épreuve spéciale pour les candidats qui ont déjà l’épreuve générale de la fonction publique en poche consiste en un test de langue en allemand et en français, un entretien de 30 minutes en luxembourgeois, un test sportif et un test d’aptitude psychologique et d’aptitude générale. Il faut être physiquement en forme pour finir le parcours en 1’10 » pour les hommes et 1’20 » pour les femmes.
Justement, en parlant des femmes, la campagne de recrutement les avait particulièrement visées. Tout était pensé, dans les visuels et les témoignages, pour attirer davantage de femmes dans la police. Mais le message est moins bien passé chez ce groupe cible. «Il n’y a qu’un quart de femmes parmi les candidats», regrette Francis Lutgen.
Si la police a mis en avant les femmes, c’est parce qu’elles ne représentent que 14 % des effectifs actuellement dans les carrières de la police alors qu’elles comptent pour moitié dans les effectifs civils.
Elles ne seront pas nombreuses à se retrouver dans cette nouvelle promotion qui sera formée en deux ans désormais. Un an de théorie et un an de pratique. Mais ce n’est pas parce que l’examen spécial a été validé que le candidat est au bout de ses peines. Il lui restera encore à passer un examen médical et surtout à montrer patte blanche pour l’enquête de moralité qui se sert dans les fichiers disponibles pour retracer son passé. Certains ont déjà eu des surprises à ce stade de la procédure.
Les candidats qui rateront l’examen spécial actuellement en cours pourront tenter leur chance pour les promotions à venir. Il en reste encore deux de cette envergure jusqu’en 2022.
Geneviève Montaigu
À l’école au printemps prochain
Les premiers renforts sont attendus pour 2022. En attendant, les futurs policiers goûteront à une nouvelle formation.
Les candidats ayant accompli toutes les épreuves avec succès sont admis à l’école de police au printemps 2021. Les bâtiments provisoires devraient être livrés en avril prochain, selon Alain Engelhardt, le directeur central «stratégie et performance» qui a présenté les adaptations de la formation.
D’après le gouvernement et suivant l’accord de juillet 2019, 7 cadres correspondant au groupe A1 (niveau master) seront embauchés pour cette première vague, 140 du groupe B1 (niveau bac), 60 du groupe C1 (niveau 3e) et 80 personnes qui s’intégreront aux carrières civiles de la police. Les candidats de l’école de police seront des fonctionnaires-stagiaires dans les groupes de traitement B1 et C1 après un examen médical et une enquête de moralité.
Dans le contexte de la réforme du stage dans la fonction publique, la durée du stage des agents de l’État a été réduite de trois à deux ans, ce qui avait donné lieu à la suppression de la phase d’initiation pratique qui faisait jusque-là partie du parcours du candidat.
Le nouveau cadre législatif mis en place spécifiquement en fonction des besoins de la police prévoit désormais la réintroduction de cette phase d’initiation pratique, tout en maintenant la durée du stage à deux ans.
Théorie et pratique
Concrètement, les futurs fonctionnaires-stagiaires suivront donc une formation policière de deux ans, composée d’une phase de formation policière théorique et pratique à l’école de police et d’une phase d’initiation pratique au sein des commissariats et du service de police judiciaire ou d’autres unités.
La formation aura ainsi une forte orientation pratique, avec comme objectif principal une assimilation rapide des acquis théoriques par l’expérience pratique. L’instruction tactique de base (ITB), la période d’initiation de 3 mois que les candidats des promotions antérieures ont traditionnellement effectuée en début de leur parcours au Centre militaire Grand-Duc-Jean à Diekirch est abrogée, étant donné qu’elle n’est plus adaptée aux changements sociétaux et ne peut pas être mise en pratique avec les grandes promotions résultant du recrutement extraordinaire. Les matières enseignées dans le cadre de l’ITB sont intégrées dans les formations suivies à l’école de police.
Selon le gouvernement, le nouveau modèle de formation répond aux besoins de la police grand-ducale dans la mesure où il permettrait de garantir un équilibre entre l’acquisition de connaissances et de compétences théoriques, d’une part, et leur mise en œuvre et leur perfectionnement sur le terrain, d’autre part. Après leur première année de formation, les fonctionnaires-stagiaires prêteront un serment spécial leur conférant les qualités d’agent de police administrative (APA) et d’agent de police judiciaire (APJ), ce qui leur permet de rejoindre leurs collègues policiers sur le terrain pendant la deuxième année de formation. Dans ce contexte, les premiers renforts sont attendus pour le printemps 2022.