Le gouvernement compte publier d’ici deux semaines un rapport détaillé sur la gestion des graves inondations de la mi-juillet. Ce dernier doit apporter bon nombre d’éléments pour améliorer la conduite à tenir lors de crises majeures.
Depuis plusieurs jours, l’actualité est dominée par la tragédie humaine qui se joue en Afghanistan. En parallèle, la pandémie de coronavirus reste omniprésente. «Mais il ne faut pas oublier les inondations du mois de juillet. Le changement climatique est une réalité et nous devons nous donner tous les moyens pour non seulement endiguer le réchauffement de la planète, mais aussi pour assurer une meilleure protection des citoyens», est venu souligner, mercredi, le Premier ministre, Xavier Bettel.
Le Conseil de gouvernement s’est vu présenter une première analyse sommaire de la gestion des graves inondations qui ont touché le pays les 14 et 15 juillet derniers, le tout sous la direction du Haut-Commissariat à la protection nationale (HCPN). «Même si nous n’avons pas eu à déplorer de morts, la gestion de crise est à évaluer. Non pas en se contentant de lister tout ce qui n’a pas bien fonctionné, mais aussi en présentant des solutions pour ce qui doit être amélioré», relate le chef du gouvernement. Une première ébauche des recommandations et pistes pour «aider à mieux prévenir des dégâts et protéger des vies» se trouve sur la table.
Le début de l’analyse menée par le HCPN repose sur ce qui s’est passé en amont des inondations. Dans leurs réponses à une série de questions parlementaires du CSV et de l’ADR, les différents ministres de tutelle livrent des détails sur les différentes phases de gestion de crise.
La chronologie des évènements
Le Système européen d’alerte pour les inondations (EFAS) a émis le 14 juillet à 11 h 30 une première alerte non formelle concernant une possible crue de la Sûre. La hausse des eaux était attendue à partir de 18 h avec une crue maximale pour minuit. L’alerte, assez vague, faisait état d’une probabilité de 35 % pour une crue vicennale, survenant une fois tous les 20 ans. Aucune alerte ne concernait une crue centennale, qui a en fin de compte touché le Grand-Duché les 14 et 15 juillet.
Le Service de prévision des crues n’a pas attendu l’alerte de l’EFAS pour lancer dès le 13 juillet à 14 h la phase de vigilance et la phase de pré-alerte le lendemain dès 12 h. Des échanges ont aussi eu lieu avec les homologues belges (Wallonie) et allemands (Rhénanie-Palatinat). La phase d’alerte a finalement été déclenchée à 17 h.
À 12 h 39, le CGDIS a lancé via les réseaux sociaux une alerte de fortes pluies et de risque de crues. À 14 h 23, un message d’information a été envoyé par SMS aux 102 bourgmestres du pays. Au même moment, tous les centres d’intervention du CGDIS ont été placés en pré-alerte «crue». Les responsables communaux ont dans la foulée, avec les équipes du CGDIS, lancé des mises en garde auprès de la population locale et ordonné l’évacuation de zones à risque, dont des campings le long des cours d’eau. Des systèmes de communication locaux (SMS to citizen ou offres en ligne des communes) ont aussi été utilisés pour prévenir la population.
Il s’est avéré que le bât a surtout blessé au niveau de l’alerte plus généralisée de la population, même si la presse a été informée et que les autorités ont communiqué sur leurs sites internet respectifs (www.inondations.lu pour l’alerte crue et www.meteolux.lu pour les alertes météorologiques «jaune» et «rouge»). On sait aujourd’hui que l’application d’alerte du gouvernement «GouvAlert» a été activée tardivement. Si le Premier ministre estime qu’il n’y a pas eu «de grandes erreurs» dans la gestion globale de cette crise, il admet «que des choses auraient pu mieux fonctionner».
Vers des alertes par SMS, dès mi-2022
Mercredi, Xavier Bettel a confirmé qu’un système d’alerte par SMS (ou notifications), à l’aide d’une diffusion cellulaire («cell boradcast») sera mis en place pour mi-2022. «Ce système permettra de joindre tous les utilisateurs de téléphones mobiles (aussi étrangers) dans une zone définie», explique le gouvernement. Le grand avantage par rapport à une application du type «GouvAlert» est que les citoyens ne sont pas obligés de télécharger cet outil afin de pouvoir être alertés en cas de catastrophe majeure.
Ce nouveau système n’empêche pas une réforme de l’application d’alerte nationale, entamée depuis l’automne 2020. Globalement, les autorités prévoient de mieux informer la population en cas de problème par le biais de différents canaux : indirects (presse, télé, radio) et directs (application d’alerte, SMS et notifications mobiles). S’y ajoutent les réseaux sociaux. Une autre possibilité envisagée concerne d’intégrer les panneaux d’information électroniques sur les autoroutes ainsi que les tableaux d’information des transports publics (gares, arrêts) dans le réseau d’alerte.
En fin de compte, un «protocole d’alerte commun» doit voir le jour. Pour y parvenir, des «devoirs à domicile» ont été distribués mercredi par le Premier ministre. Une fois le rapport du HCPN finalisé, d’ici deux semaines, il sera aussi soumis à la Chambre des députés. «Il n’y a plus de temps à perdre», conclut Xavier Bettel.
David Marques