La flambée des prix de l’énergie sur les marchés mondiaux va se répercuter sur la facture des clients luxembourgeois dès ce mois-ci. Et ce n’est qu’un début.
Ces derniers mois, sur les marchés mondiaux, les prix du gaz et de l’électricité ont grimpé en flèche. En cause, la reprise économique après des mois au ralenti, mais aussi la météo : l’hiver, particulièrement long et froid, a été gourmand en gaz, tandis que la consommation électrique a augmenté au rythme des fortes chaleurs de l’été.
Et pour couronner le tout, il y a eu moins de vent pour faire tourner les éoliennes, impactant directement la production d’énergie renouvelable. Dommage, car c’est la moins chère de tout le système.
C’est donc la dure loi du marché qui s’applique : « Des stocks faibles et une demande importante, ça fait automatiquement monter les prix », résume Camille Hierzig, directeur adjoint de l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR), soulignant que le gaz est particulièrement concerné ces derniers mois.
Envolée des prix cet été
C’est sur des marchés de gros que les prix du gaz naturel se négocient au niveau international et ils varient en fonction de la politique d’approvisionnement appliquée par chaque fournisseur : « Celui qui opte pour le court terme n’a pas d’autre choix que d’acheter au tarif actuel, donc à un tarif très élevé. Par contre, celui qui a constitué son stock 2022 il y a déjà six mois peut préserver ses clients de la hausse des prix encore quelques mois », précise Claude Hornick, chef du service Énergie de l’ILR.
Mais ce n’est qu’une question de temps. Alors que d’habitude, les prix sont un peu plus élevés en période hivernale, les experts ont assisté à une envolée des prix dès cet été : « On a pu observer une augmentation à partir du mois d’août chez certains fournisseurs. Le tarif du gaz naturel a quasiment doublé », indique Claude Hornick.
Un pic inédit au Luxembourg depuis dix ans
Or le gaz représente 50 à 60 % du prix final facturé au consommateur, qui comprend aussi le coût de l’acheminement à travers les réseaux ainsi que différentes taxes et contributions. « Concrètement, pour les clients, ça veut dire que la facture de gaz du mois d’octobre ou novembre va gonfler d’environ 50 % par rapport à celle de 2020 à la même période », prévient le chef de service.
Si pour l’instant le tableau est moins sombre du côté de l’électricité, dont le prix reste stable en bout de chaîne, des hausses de tarifs sont attendues dès le mois de janvier prochain pour compenser les récentes augmentations des prix sur les marchés. Et même si ce n’est pas un phénomène nouveau – à la suite de la crise financière de 2008, l’énergie avait affiché des prix record – Camille Hierzig note quand même qu’« un tel pic n’a plus été observé au Luxembourg depuis dix ans ».
Les consommateurs ont intérêt à comparer
Pour limiter les dégâts et faire fondre sa facture énergétique, les experts conseillent de bien comparer les offres des différents fournisseurs. Et pour ça, l’ILR a développé un outil bien pratique à destination des particuliers comme des entreprises : sur la plateforme calculix.lu, il suffit d’entrer son code postal et sa consommation annuelle en gaz ou en électricité pour accéder à la liste exhaustive des produits auxquels on est éligible.
Parmi les contrats proposés, certains prévoient un prix fixe pour une durée déterminée – 12 mois, voire plus – tandis que d’autres se basent sur des tarifs variables : en clair, le jour où l’environnement des marchés contraint le fournisseur à augmenter ses prix, il a le droit de le faire en adressant un préavis d’un mois à ses clients.
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Pour faire des économies, il peut donc être intéressant de souscrire une offre à tarif variable quand les marchés sont élevés et de basculer sur un contrat fixe quand ils sont bas. Un changement de prestataire possible depuis la libéralisation du marché de l’énergie en 2007. Mais peu de ménages profitent de cette concurrence : « La majorité des clients ont gardé le contrat à tarif variable conclu avec le fournisseur historique» , observe Claude Hornick.
À noter, dans le contexte actuel : calculix.lu affiche actuellement de grandes disparités au niveau des prix selon les fournisseurs, surtout pour le gaz, tout simplement parce que certains n’ont pas encore mis à jour leur grille tarifaire.
Plus de 2 000 euros par an pour une maison
Selon le Statec, en 2017, la facture énergétique (chauffage et électricité) des ménages luxembourgeois s’élevait en moyenne à 2 115 euros, soit 176 euros par mois, pour une maison individuelle, et 1 227 euros, soit 102 euros par mois, pour un appartement ou un studio.
Dans le détail : avec un chauffage au gaz, les ménages ont déboursé 2 212 euros pour une maison, 1 281 euros pour un appartement ; avec une cuve de mazout (moins de 27 % des foyers sont équipés de ce système), ils ont payé 2 714 euros pour une maison, 1 606 euros pour un appartement ; et avec un chauffage 100 % électrique, ils ont dû régler une facture de 1 421 euros pour une maison, 794 euros pour un appartement.
Christelle Brucker