Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
L’ancien président du CSV Frank Engel annonce qu’il va bientôt présenter son nouveau projet politique, un mouvement citoyen qui va ratisser large pour occuper «un centre raisonnable», en place pour les prochaines élections.
Il prépare une annonce pour les prochaines semaines. Requinqué après son acquittement dans l’affaire de son supposé emploi fictif, libéré de toute obligation, l’ancien président du CSV Frank Engel va trouver une nouvelle place sur l’échiquier politique national et ce n’est plus un secret.
Non, il ne rejoindra pas les Pirates, qui se sont mis à flirter avec lui, «comme d’autres», assure-t-il. L’ancien eurodéputé va, comme convenu, créer son propre mouvement comme l’a fait avant lui l’actuel président français, Emmanuel Macron. Il ne veut pas trop en dire, mais «dans le mois qui vient», les choses se préciseront et un nouveau parti verra le jour. Son nom n’est pas encore dévoilé, mais, selon son fondateur, il va occuper une place laissée vacante, celle des déçus des partis traditionnels «qui ne s’y retrouvent plus».
«Il y a de l’espace», tente-t-il de convaincre en se référant aux sondages qui reflètent une érosion aussi bien du CSV que du DP. En novembre 2019, sous sa présidence, le CSV caracolait encore en tête des partis avec 30,1 % d’opinions favorables. Mais ça, c’était avant et quand Frank Engel constate que les trois partis au pouvoir ne dépassaient pas les 15 %, il se dit qu’il reste une place à prendre.
«Un centre raisonnable»
Le DP se porte mal, même très mal, selon son analyse des sondages qui montrent le parti du Premier ministre perdre aussi un tiers de ses soutiens, comme le CSV. Comme beaucoup, il félicite néanmoins le Premier ministre pour «son coup de génie», en recrutant Yuriko Backes, la nouvelle ministre des Finances, désormais enrôlée chez les Bleus. De quoi concurrencer l’étoile qui brille au firmament du LSAP, Paulette Lenert, l’actuelle ministre de la Santé que les socialistes imaginent déjà occuper l’hôtel de Bourgogne.
«Il est sur une bonne pente», reconnaît Frank Engel, en évoquant le LSAP et «sa chorégraphie qui a du sens» avec «des gens visibles pas contestés qui servent une certaine clientèle». Un Dan Kersch au sud et un Franz Fayot au centre concentrent à eux deux un électorat très différent.
Tout en admettant que le LSAP est le seul parti traditionnel à tirer son épingle du jeu, il pense à son parti qui occuperait «un centre raisonnable», que les gens réclament, excédés par les extrêmes ou les psychorigides. Un mouvement citoyen largement ouvert aux non-électeurs et surtout aux nouveaux Luxembourgeois, quelque 100 000 ces dix dernières années, qui se sentent perdus dans la pratique de la politique nationale. Il y aura évidemment dans son sillage quelques fidèles alliés du CSV.
Dialogue citoyen
Son parti est destiné à faire éclore le projet politique que Frank Engel voulait pour le Luxembourg. «Il n’a pas pu se faire au CSV parce qu’il y avait trop de pontes qui ne voulaient rien changer alors qu’on ne peut plus faire de la politique comme il y a 20 ans, car à chaque époque correspond une politique», répète-t-il à souhait.
L’ancien président du CSV et futur président d’un parti à naître veut mettre le doigt sur les réels problèmes des gens et montrer qu’il a le courage de ses convictions.
Ce qu’il prépare est un modèle copié sur le dialogue citoyen permanent de la communauté germanophone de Belgique. «Un instrument du dialogue structuré», dont il vante les mérites démocratiques. Des citoyens sont tirés au sort pour participer directement à la vie politique.
Le député Sven Clement avait déposé une proposition de loi dans ce sens, rejetée en bloc par la majorité. «Il s’agit pourtant de consacrer un sérieux débat à ce sujet, ouvert à chaque résident majeur, ou même dès 16 ans, pour pallier la non-possibilité de participer à la conception de la politique nationale», exprime-t-il.
Frank Engel ne va pas attendre après les parlementaires pour lancer la discussion. En même temps que son parti, certainement. Donc bientôt.
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