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Frank Engel : « Je souhaiterais que Fidesz soit exclu du PPE »


A propos d'Orban, "mes alliés et moi optons pour une solution claire : soit cela change, vite et radicalement, soit il est dehors. On ne discute plus", lâche Frank Engel. (photo Hervé Montaigu)

L’eurodéputé du CSV Frank Engel ne décolère pas après les félicitations adressées par le président du groupe PPE à un Viktor Orban victorieux. Pour lui, le moment est venu d’exclure Fidesz, le parti du Premier ministre hongrois, du groupe.

Quand le président du PPE, Manfred Weber, issu de la CSU, adresse ses félicitations au Hongrois Victor Orban pour sa victoire aux élections, est-ce douloureux pour vous ?

Frank Engel : Il est de notoriété publique que je dispose d’un avis très tranché sur cette question. Je souhaiterais que Fidesz soit exclu du PPE et je le souhaite depuis longtemps. Je constate avec plaisir que Pascal Arimont, président des démocrates-chrétiens germanophones belges, s’est exprimé dans le même sens récemment à la télévision belge. Nous serons quelques-uns à maintenir le sujet dans l’agenda, car nous ne pouvons plus continuer à tolérer l’intolérable. C’est un parti qui a mené une campagne électorale en l’absence de tout programme, comme c’était déjà le cas la dernière fois. Il n’est question que de la haine de l’autre, et un tel parti n’a pas sa place au PPE. Je suis convaincu que le moment est venu de le dire à Orban de manière on ne peut plus claire.

Pourquoi maintenant ?

Parce que Fidesz est en train d’emmener la Hongrie vers l’abîme. Il n’y a plus d’économie dans ce pays, l’infrastructure est catastrophique et on n’y fait plus de politique : pendant toute la campagne, Fidesz n’a même pas mentionné les écoles, les hôpitaux, les routes et les voies ferrées, le fait que 700 000 Hongrois (sept pour cent de la population) ont quitté le pays depuis l’accession au pouvoir de Viktor Orban. On chasse les migrants et George Soros, et c’est à peu près tout ce dont le gouvernement Fidesz est capable. Il faut maintenant passer à la plus exquise clarté, car il n’est plus acceptable pour moi que nous continuions avec lui comme si c’était un allié normal, un parti normal, une situation normale. Dans la Hongrie version Fidesz, il n’y a plus rien de normal.

Il n’y a pas vraiment eu de levée de boucliers dans les rangs du PPE…

Il y a quand même eu une contestation audible lors d’une réunion du groupe mercredi matin. Je me suis tenu plutôt à l’écart parce que, pour une fois, il y avait assez de collègues qui prenaient la parole sans que cela ne soit lancé par moi. Frank Engel, dans son attitude critique marquée à l’égard de Fidesz, n’est pas aussi seul qu’il en a l’air. Il y a plusieurs attitudes au sein du groupe. Il y a celle de la solidarité, dont on peut toujours avoir besoin en retour : elle est adoptée par les « grandes délégations » espagnole, italienne, française.

Ensuite, Joseph Daul, le président du PPE, et beaucoup d’autres, notamment en Allemagne, considèrent qu’en gardant Fidesz dans le groupe et dans le parti, nous pourrions éviter qu’il perde les derniers repères de raison et d’humanité. Mais Orban n’en fait qu’à sa guise. Dès lors, mes alliés et moi optons pour une solution claire : soit cela change, vite et radicalement, soit il est dehors. On ne discute plus.

Entretien avec Geneviève Montaigu

A lire en intégralité dans Le Quotidien papier du lundi 16 avril