Le Premier ministre s’inquiète de la «terrible instabilité politique» autour du Grand-Duché. Un appel est lancé pour mettre fin aux «petits jeux politiciens» et «former des majorités stables».
Contrairement au politologue Philippe Poirier, Luc Frieden fait une analyse bien plus sombre en ce qui concerne la situation dans les trois pays voisins du Luxembourg. «Je regrette profondément, ensemble avec le gouvernement, la terrible instabilité politique autour de nous. Ni l’Allemagne, ni la France, ni la Belgique ne disposent d’un gouvernement qui fonctionne et qui puisse poser des accents politiques», déplore le Premier ministre.
Pour rappel : le gouvernement français emmené par Michel Barnier est tombé mercredi, la coalition gouvernementale dirigée par le chancelier allemand Olaf Scholz s’est brisée début novembre, tandis que les tractations pour former un nouvel exécutif belge traînent depuis six mois.
«Cette situation est mauvaise pour ces pays mais aussi pour nous et notre économie ouverte. Nous respirons ensemble avec nos pays voisins. S’ils ne vont pas bien, nous nous portons également mal», met en avant Luc Frieden. Mais la grande stabilité politique dont jouit le Luxembourg, dans ce contexte, est un atout de taille. «Je suis content que l’on connaisse une croissance économique plus importante que nos voisins et nous allons tout faire, là où l’on peut agir seul, pour continuer à soutenir nos citoyens et nos entreprises afin de maintenir notre bien-être, ce qui n’est cependant pas facile, au vu de la situation autour de nous», développe le Premier ministre.
«Mettre fin aux petits jeux»
L’inquiétude qui pèse aussi sur le Grand-Duché amène Luc Frieden à s’adresser directement aux responsables politiques des trois pays voisins : «Je lance un appel à leur responsabilité pour qu’ils retrouvent au plus vite le bon sens. Ils doivent prendre leurs responsabilités politiques pour arrêter les petits jeux et former des majorités stables qui peuvent faire avancer ces États»,.
En Allemagne, des élections législatives anticipées sont fixées au 23 février prochain. En France, un nouveau scrutin ne pourrait avoir lieu qu’en juin. Un point d’inquiétude de plus pour Luc Frieden. «Nous ne voyons pas comment une majorité stable puisse se former en France pour ces prochaines années. Si les forces politiques du centre s’unissent, cela devrait toutefois être possible», estime le Premier ministre luxembourgeois.
Il va retrouver le président français Emmanuel Macron, le chancelier Olaf Scholz et le Premier ministre belge démissionnaire, Alexander De Croo, à l’occasion du prochain sommet européen, organisé les 19 et 20 décembre prochains à Bruxelles.