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Formation des enseignants : « il y a urgence »


L'IFEN sera installé au château de Walferdange, la convention avec l'université n'ayant pas été renouvelée. (photo archives LQ)

Le Parlement a voté, mercredi, la loi sur la création d’un Institut de formation de l’Éducation nationale (IFEN) au château de Walferdange. La durée du stage, de deux ans actuellement, sera portée à trois ans. Le tutorat est prolongé de trois à cinq trimestres.

La mission du futur Institut de formation de l’Éducation nationale (IFEN) sera d’assurer la formation de base et continue de l’ensemble du personnel enseignant luxembourgeois, instituteurs et professeurs de lycée. L’ouverture étant prévue pour l’automne, les premières formations de stagiaires auront lieu en 2016. La formation de base, le stage et la formation continue constituent donc les trois grands axes d’orientation du nouvel Institut qui sera logé dans les anciens locaux de l’université à Walferdange.

Le ministère accusé de faire cavalier seul

Le futur enseignant sera, entre autres, suivi par un conseiller pédagogique et recevra un apport à la fois théorique et didactique. Tout ceci dans un souci de cohérence et afin de renforcer la qualité du système scolaire. La formation tiendra également compte des besoins de formation individuels et du bagage dont dispose chacun. L’Institut pourra d’ailleurs engager des experts étrangers pour enrichir son offre formative.

Dans son allocution, Martine Hansen, députée CSV, ancienne directrice du lycée technique agricole d’Ettelbruck, a salué la volonté de «structurer» davantage la formation des futurs enseignants et de réinventer le stage jugé «trop théorique» dans le passé.

Reprenant les mots du professeur d’université néo-zélandais John Hattie, auteur de Visible Learning , Martine Hansen estime que ce sont «les enseignants [qui] font la différence» avant de fustiger la manière dont le gouvernement a préparé cette loi : «À la va-vite, [et sans permettre] un travail parlementaire sérieux.» En effet, comme le rapportait la députée du Parti chrétien-social, tous les amendements du CSV auraient été refusés, sous prétexte qu’il serait trop tard pour apporter des changements au texte du projet de loi.

Martine Hansen était notamment d’avis que les futurs professeurs de lycée devraient obligatoirement effectuer un stage dans «les deux ordres» (technique et classique) de l’enseignement luxembourgeois, au lieu de leur laisser le choix. Enfin, elle a constaté les nombreuses «imprécisions» au niveau du texte lui-même, qui motiveraient son parti à voter contre le projet de loi discuté.

ADR : «Blabla politiquement correct»

Des remarques dont Fernand Kartheiser, de l’ADR, s’est fait l’écho, tout en remerciant expressément Martine Hansen pour son implication personnelle. Selon le député du parti réformiste, le projet de loi ne reflèterait pas la réalité sur le terrain, plutôt «un monde artificiel» , comme le prouveraient les nombreuses pages «de blabla politiquement correct» qui constitueraient le texte de loi. «Pourquoi ne pas avoir fixé des critères de qualité à la place?» , s’interroge Fernand Kartheiser.

David Wagner, de déi Lénk, a exprimé son soutien à la proposition du CSV d’organiser le stage obligatoirement dans les deux ordres d’enseignement. Le contraire pourrait en effet entraîner une dévalorisation supplémentaire de l’enseignement technique. Il a d’ailleurs qualifié dans ce contexte de «division aberrante» cette partition du système éducatif luxembourgeois, que par ailleurs aucun politicien n’aurait jusqu’à présent osé remettre en question.

Enfin, c’était au tour de Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, de prendre la parole. Dans son allocution, le ministre a tenu à souligner «l’urgence» du projet de création d’un Institut de formation de l’Éducation nationale, urgence à laquelle des «détails», comme ceux relevés par ses collègues du CSV et de l’ADR ne changeraient rien. En tout cas, ces critiques «ne devraient pas constituer un argument» suffisamment fort pour nous faire perdre davantage de temps encore. Le projet de loi a finalement été adopté avec une majorité de 32 voix.

Frédéric Braun