Le gouvernement planche sur le versement d’une prime unique aux ménages du pays afin de compenser la hausse des prix de l’énergie. Les partis de l’opposition parlent d’une «goutte d’eau dans la mer».
Du jamais vu. Depuis mardi, le litre de diesel pointe à un montant record de 1,50 euro. Ce mercredi 9 février, le prix de l’essence est passé à 1,65 euro le litre. Sans compter une hausse généralisée des prix (inflation) de 4,1 % en 2021. «Et que fait le gouvernement ? Il reste un simple spectateur et laisse les citoyens assis dans le froid», fustige Gilles Roth (CSV).
«Une large partie des ménages appartenant à la classe moyenne est aujourd’hui touchée par cette flambée des prix. Les gens ne vont plus longtemps pouvoir résister», reprend le député-maire de Mamer.
Le Parti chrétien-social plaide pour un paquet comprenant quatre mesures afin de venir en aide aux 269 000 ménages que compte le Luxembourg. Les deux grandes revendications concernent l’élargissement du cercle des bénéficiaires de l’allocation de vie chère (+20 %) et surtout le plafonnement par l’État des prix énergétiques à 0,95 centime d’euro par litre de gaz et de mazout.
Yves Cruchten (LSAP) ne tarde pas à rétorquer que les «propositions du CSV vont uniquement profiter aux ménages aux revenus élevés». Un reproche que Gilles Roth réfute.
Le député CSV balaie aussi l’objection formulée par François Benoy (déi gréng) : «Ces propositions ne sont pas alignées sur nos objectifs climatiques.» Roy Reding (ADR) dénonce, par contre, «la politique idéologique» menée par déi gréng en réclamant l’abolition immédiate de la taxe carbone.
Une aide unique de 100 euros ou plus ?
Les partis de la majorité (DP, LSAP, déi gréng) ont riposté en présentant une motion, finalement adoptée par 33 élus (31 de la coalition et 2 de déi Lénk), qui appelle le gouvernement à se pencher sur un chèque énergie, «une aide sociale ciblée unique pour amortir la hausse des prix énergétiques», comme le résume le député libéral André Bauler.
Cécile Hemmen (LSAP) évoque un chèque «de 100 euros au moins». Les JSL, l’aile jeunes du Parti socialiste, réclame même un chèque de 500 euros. Les autres partis de la majorité ne se sont pas prononcés sur un montant.
«Une proposition concrète sera soumise à la Chambre», annonce la nouvelle ministre des Finances, Yuriko Backes. «Dans les prochaines semaines», complète le ministre de l’Énergie, Claude Turmes.
«Il s’agit d’une goutte d’eau dans la mer. Les produits de première nécessité ne doivent pas devenir un luxe», martèle Myriam Cechetti (déi Lénk). «Vu que tous les ménages vont profiter de cette aide, il ne peut pas être question de sélectivité sociale», critique Sven Clement (Parti pirate).
Les trois petits partis de l’opposition ont aussi soumis leurs propositions pour redonner de l’air aux ménages. Baisse de la TVA de 14 à 3 % sur l’énergie (ADR), plafonnement des prix énergétiques (déi Lénk) ou reversement aux ménages du surplus de TVA encaissé par l’État (Parti pirate) à la suite de la flambée des prix. Cette dernière idée pourrait devenir la source de financement pour le chèque énergie proposé par la majorité.
Le LSAP veut aussi discuter plus en profondeur d’une réforme de l’allocation de vie chère («un instrument alternatif»), soutenue par déi Lénk et réclamée par le syndicat OGBL. Cette revendication n’a pas été commentée par les deux autres partenaires de coalition.
La guerre des chiffres
Gilles Roth (CSV) énonce que le plein de diesel (50 litres) coûte aujourd’hui 75 euros contre 50 euros au 31 décembre. Une cuve de mazout de chauffage (4 000 litres) est passée de 1 824 euros à 3 704 euros (+45 000 euros par an). S’y ajoutent la hausse des produits alimentaires (+4 % en moyenne), des primes d’assurances (+15 %) ou encore du logement.
La trésorière en chef de l’État riposte que le gouvernement a permis aux ménages d’épargner «un montant à quatre chiffres», notamment grâce aux mesures suivantes : hausse du salaire minimum, hausses successives de l’allocation de vie chère, réindexation des allocations familiales (2 300 euros pour les plus faibles), gratuité des transports publics (500 euros), gratuité des livres scolaires (300 euros par enfant), des structures d’accueil (350 euros), des crèches (5 500 euros) et bientôt des cantines (1 000 euros par an).
«Ce qui a été fait n’importe plus. L’urgence est là aujourd’hui», s’échauffe Sven Clement (Parti pirate).
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