Les cigarettes électroniques, qui jouissaient jusqu’ici d’un vide juridique, seront considérées à partir du mois de mai comme des cigarettes ordinaires dans les lieux publics.
Face à une éventuelle augmentation du phénomène du vapotage et pour combler un vide juridique, mais également afin de se plier à une directive européenne, le Luxembourg va interdire de vapoter dans les lieux publics et assimiler l’e-cigarette à la bonne vieille cigarette.
Les boutiques de cigarettes électroniques ont aussi vite fleuri qu’elles ont disparu des rues marchandes. Le vapotage, un temps vu comme un moyen de réduire sa consommation de tabac, voire de se sevrer, n’a pas fait long feu. Pour autant, les parlementaires ont décidé d’interdire le vapotage au même titre que la cigarette, soit une interdiction pure et simple dans les lieux publics, bars et cafés compris, à partir du 20 mai prochain.
Du côté des professionnels du secteur, on est loin de la franche opposition qui a eu lieu lors de l’introduction de l’interdiction de fumer dans les cafés. Pour François Koepp, le secrétaire général de l’Horesca, le problème ne se pose même pas… faute de consommateurs : «Franchement, au vu du peu de gens qui vapotent, à ma connaissance, il n’y a aucun établissement qui va faire une différence entre avant et après la loi tellement le phénomène est marginal. Pour moi, c’est un épiphénomène qui ne mérite pas toute l’attention des législateurs qui devraient avoir mieux à faire!»
Encadrement forcé
En réalité, le Luxembourg ne fait qu’appliquer une directive européenne en la matière. La cigarette électronique est en effet encadrée par la directive européenne sur les produits du tabac (2014). Les États membres ont jusqu’au 20 mai prochain pour transposer ce texte dans leur législation.
Les États sont «tenus de surveiller les développements du marché, y compris tous les éléments qui indiquent que l’utilisation de ce produit est une porte d’entrée vers le tabagisme pour les jeunes et les non-fumeurs, engendre une dépendance à la nicotine et finalement pousse à la consommation de la cigarette traditionnelle».
Lorsqu’une personne «vapote» près d’une autre, la vapeur libère dans l’air des substances potentiellement dangereuses. «Mais tout est question de quantité et de concentration», relève le ministère. Faute de recherches, on ne connaît pas les risques à long terme de la cigarette électronique sur la santé. Des études sont en cours pour mesurer le degré de nocivité des vapeurs émises.
Selon les chiffres de la Fondation Cancer, au Luxembourg, chaque année, 500 à 600 personnes meurent des suites du tabagisme, et plus de 80 personnes des suites du tabagisme passif. C’est pour cela que le Luxembourg va aller plus loin dans la protection contre le tabagisme passif avec l’introduction de l’interdiction de fumer dans les aires de jeux, pour préserver les enfants. Il semble que les zones dans lesquelles les fumeurs peuvent s’en griller une se réduisent comme peau de chagrin. Pour François Koepp, il s’agit là encore d’un faux problème : « Vous avez déjà vu des gens fumer dans une aire de jeux? Moi jamais! »
Audrey Somnard
Pas sans risque
Le ministère de la Santé estime que la cigarette électronique est moins nocive que la cigarette, mais qu’elle n’est cependant pas sans risque. Contrairement au tabac, le liquide contenu dans les cigarettes électroniques ne contient ni goudron ni monoxyde de carbone.
Mais il renferme et libère des produits potentiellement dangereux, voire cancérigènes, comme de l’éthanol, du formol, de l’acroléine, de l’acétaldéhyde et des métaux lourds comme le nickel, le chrome, le plomb, l’aluminium…
Une efficacité qui reste à prouver
L’argument de vente qui présente la cigarette comme un moyen de sevrage tabagique laisse les autorités sceptiques.
Les cigarettes électroniques sont des appareils alimentés par batterie qui chauffent la nicotine et les arômes afin de fournir un aérosol inhalé par l’utilisateur. Elles sont souvent promues comme un moyen d’arrêter de fumer. Selon une enquête TNS Ilres commandée par la Fondation Cancer, environ 2 % des fumeurs, soit un peu plus de 9 000 personnes, vapotent.
En 2014, en France, la Haute Autorité de santé n’a pas recommandé la cigarette électronique comme un outil d’aide au sevrage tabagique, «car son efficacité et son innocuité n’ont pas été suffisamment évaluées à ce jour». Elle a néanmoins considéré que «du fait de sa toxicité beaucoup moins forte qu’une cigarette, son utilisation chez un fumeur qui a commencé à vapoter et qui veut s’arrêter de fumer ne doit pas être découragée». Même chose outre-Atlantique où les autorités sanitaires ont conclu que les preuves étaient insuffisantes pour recommander ces dispositifs afin de cesser de fumer.
Des preuves insuffisantes
Les chercheurs d’une université de San Francisco ont examiné 38 études évaluant l’association entre l’utilisation de cigarettes électronique et l’arrêt du tabac. Ils ont ensuite combiné les résultats de 20 études qui avaient des groupes contrôles de fumeurs n’utilisant pas la cigarette électronique. Résultat : les chances d’arrêter de fumer étaient de 28 % plus faibles chez les fumeurs qui avaient utilisé l’e-cigarette, en comparaison avec ceux qui n’y avaient pas eu recours. «Les cigarettes électroniques ne doivent pas être recommandées comme une aide efficace au sevrage tabagique jusqu’à preuve du contraire», conclut ainsi l’un des auteurs, le Pr Kalkhoran.
Quand vous écrivez ; « En réalité, le Luxembourg ne fait qu’appliquer une directive européenne en la matière. »
C’est juste faux la directive européenne n’impose pas d’interdiction de vapoter dans les lieux publics elle n’en parle tout simplement pas.
Même,si d’après vous il y moins de vapoteurs, il y a toujours autant de fumeurs si pas plus . Le problème n’est pas de savoir si la vapoteuse est interdite dans les lieux public, mais de savoir combien de mort due a la cigarette il y aura encore cette année. La désinformation tue autant que la cigarette elle même. Mais je vous rassure il y a beaucoup de vapoteur au luxembourg, heureusement pour eux qui on enfin réussi a stopper la cigarette, vous devriez vous réjouir de cette technologie. Mais la directive du tabac n’est pas la pour aider qui que ce soit, mise a part les industrielles du tabac