Le ministre Fernand Etgen reconnaît que la situation de la filière laitière reste préoccupante. Les agriculteurs belges étaient venus pour le rappeler aux ministres européens, lundi.
Le convoi était composé de 35 tracteurs et de deux citernes. Il s’est mis en branle vers 10h lundi à Arlon pour arriver au Kirchberg, où se tenait un conseil des ministres de l’Agriculture. Ce n’est pas la première fois que les paysans wallons font la route pour venir manifester à Luxembourg. La dernière fois c’était en septembre et depuis, leur situation ne s’est pas améliorée. La crise du prix du lait persiste et les ministres de l’Agriculture pressent la Commission de proposer un paquet de mesures pour soutenir la filière qui produit à perte.
Lundi, pour pousser leur cri de désespoir, ils ont ouvert les vannes des citernes et aspergé le parvis de la place de l’Europe qui baignait dans des milliers de litres de lait. Le trop-plein, en fait. Les stocks de beurre et de lait en poudre augmentent et le déséquilibre entre l’offre et la demande persiste. La fin des quotas laitiers entrée en vigueur l’année dernière n’est pas étrangère à cette situation comme l’embargo russe sur les denrées alimentaires de l’Union européenne et la baisse de la demande mondiale.
Le ministre de l’Agriculture et de la Viticulture, Fernand Etgen, interrogé par Le Quotidien, reconnaît que la situation reste «préoccupante», observe que «les prix du beurre et de poudre de lait se sont stabilisés et ont même très légèrement augmenté». Mais, d’un autre côté, la production de lait en Europe a augmenté mais légèrement», déclare-t-il à l’issue du Conseil. En dépit d’une légère embellie sur les marchés d’exportation vers la Chine, le Japon ou les États Unis, la filière laitière est toujours confrontée à ce déséquilibre entre l’offre et la demande.
Des mesures le 18 juillet
Alors que les paysans en colère au Kirchberg réclamaient une limite à la production et, cette fois, obligatoire et non plus volontaire, le ministre Etgen confirmait «qu’un retour aux quotas laitiers était exclu». Le commissaire Hogan a affirmé que des fonds européens pouvaient être débloqués. «Mais cela ne va pas être facile, car seulement 60% des fonds accordés en septembre dernier ont été utilisés par les États membres.» Et le Luxembourg ? «Le Luxembourg était l’un des premiers pays à avoir tout utilisé», indique Fernand Etgen.
Les États membres attendent des signaux clairs et concrets de la part de la Commission. Mais les ministres lui adressent également un message fort. «L’Europe doit prouver qu’elle peut fonctionner et trouver des solutions à travers cette politique agricole commune. Il faut surtout éviter un nouveau facteur de déstabilisation avec une crise agricole», déclare le ministre. «Cependant, dans le contexte actuel des crises diverses auxquelles s’est rajouté le Brexit, la Commission n’a pas encore fixé de marges budgétaires», explique Fernand Etgen.
Le Luxembourg a plaidé lundi pour plus de flexibilité à accorder aux États membres eu égard aux situations qui diffèrent d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre. Dans ce contexte, le Luxembourg revendique une augmentation du plafond des aides nationales de minimis de 15 000 euros à 30 000 euros (une aide d’État qui se passe de l’accord de la Commission). La Commission s’est engagée à proposer un paquet de mesures au prochain Conseil, le 18 juillet, pour lequel il envisage de débloquer des fonds communs.
Geneviève Montaigu