Nos deux confrères de la radio 100.7 qui ont révélé en mars la faille informatique sur le site de la Chambre des députés ont été auditionnés par la police judiciaire.
Les rendez-vous étaient fixés mardi et mercredi. Comme nous l’ont confirmé Jean-Claude Franck, le rédacteur en chef de la radio 100.7, et le journaliste Claude Biver, tous deux sont passés devant la police judiciaire pour répondre aux questions des enquêteurs.
Ces auditions font suite à la perquisition dans les locaux de la radio ayant eu lieu le 15 mai. Pour rappel : les enquêteurs étaient repartis les mains vides. Jean-Claude Franck avait indiqué aux policiers que lui et son collègue n’étaient plus en possession des documents téléchargés grâce à une faille informatique sur le site de la Chambre des députés.
«Les auditions se sont passées de manière correcte», nous ont confié Jean-Claude Franck et Claude Biver. Dans son ensemble, l’affaire laisse cependant un goût très amer aux journalistes. Dès le départ, le camp politique semblait vouloir mettre la faute sur le dos de nos deux confrères. La justice semble faire de même maintenant. «On a clairement plaidé devant les enquêteurs pour que la responsabilité de la Chambre des députés dans ce dossier soit aussi élucidée», souligne le rédacteur en chef de la radio 100.7.
En mars dernier, les deux journalistes avaient en effet découvert une grave faille informatique sur le site internet de la Chambre des députés. Par un simple changement d’adresse dans le navigateur, ils avaient réussi à mettre la main sur de nombreux documents confidentiels. Ils avaient rapidement informé la Chambre de la faille informatique.
Dans un premier temps, le président du Parlement, Mars Di Bartolomeo, avait tenu à remercier les journalistes. Mais après la publication de documents par la radio, le vent avait tourné.
Ni «piratage» ni «intrusion»
Si la Chambre était obligée de faire une dénonciation auprès du parquet, les deux journalistes à l’origine des révélations sur ce Chamberleak restent aujourd’hui les seuls visés par la justice. «Ce ne sont cependant que nos révélations qui ont poussé les responsables à agir», indique Claude Biver.
Personne ne sait véritablement depuis combien de temps la faille existait et si d’autres personnes que les deux journalistes de la radio publique n’en ont pas profité pour télécharger des documents sensibles. Pour l’instant, cette question reste sans réponse.
Jean-Claude Franck et Claude Biver continuent cependant à se défendre. En aucun cas, on ne pourrait parler de «piratage» ou d’ «intrusion». Ils se seraient tout au plus servis d’un programme facilitant le téléchargement de documents accessibles publiquement.
Pour l’instant, l’enquête concerne pourtant une possible fraude informatique et le vol de données informatiques. En cas d’inculpation, les journalistes risquent deux années de prison. Ils martèlent cependant que le fautif est le Parlement. «Si on installe en pleine rue une table avec un tas de documents destinés au public – ce qui est le cas si les documents sont en ligne et non cryptés – et que les gens se servent, ce n’est pas celui qui tombe par hasard sur un document sensible qui est à incriminer», conclut Jean-Claude Franck.
Il reviendra maintenant au juge d’instruction de trancher s’il existe suffisamment d’éléments pour pousser l’affaire judiciaire plus loin.
David Marques