Fustigé par le Syvicol et le Syfel, le ministre de l’Intérieur, resté muet lundi, a obtenu un soutien inattendu dans le dossier très explosif de la réforme des fabriques d’église. La Gauche salue la transparence qui se dégagera du nouveau fonds. On ne peut aucunement parler d’ «expropriation» des fabriques d’église, insiste déi Lénk.
La tension reste importante autour de la réforme des fabriques d’église. Vendredi, le Syndicat des villes et communes (Syvicol) ainsi que le Syndicat des fabriques d’église (Syfel) étaient montés au créneau pour dénoncer, d’un côté, l’insécurité juridique qui règne dans ce dossier et, de l’autre, le calendrier très serré que le ministre de l’Intérieur compte désormais imposer.
La nouvelle date butoir pour sceller tous les accords entre les communes et les fabriques d’église devant statuer sur la propriété des édifices a été fixée par Dan Kersch au 1er octobre, suscitant le courroux du Syvicol et du Syfel. L’objectif clairement affiché du ministre reste la naissance du nouveau Fonds de gestion du patrimoine du culte catholique pour le 1er janvier 2017.
Malgré les importants enjeux dans ce dossier, Dan Kersch est resté muet. Contacté par Le Quotidien, le ministre de l’Intérieur a fait savoir, par le biais de son secrétariat, qu’il n’était pas disponible en ce début de semaine pour prendre position sur les critiques qui ont fusé à son égard vendredi. Tout est-il donc déjà dit dans ce dossier ? Et est-ce que Dan Kersch va procéder au passage en force redouté par le Syvicol et surtout par le Syfel ? Pour l’instant, on ne dispose pas de la réponse, qui pourrait néanmoins tomber dans les jours à venir.
En attendant, le ministre socialiste a obtenu, lundi, un soutien plutôt inattendu de la part des élus locaux de déi Lénk, parti qui siège dans l’opposition à la Chambre des députés et qui continue de grignoter des électeurs déçus au LSAP. Si la politique politicienne est sans doute laissée de côté dans ce cas précis, l’argumentation livrée par le parti de gauche radicale a le mérite d’exister. Cette dernière ne se limite pas à saluer l’initiative du gouvernement au pouvoir pour rendre plus transparent le fonctionnement des fabriques d’église, mais elle fustige également le Syfel qui, depuis sa création en 2014, se bat avec tous les moyens à sa disposition pour éviter la création du nouveau fonds de gestion, qui mettra fin au financement public des fabriques d’église.
«Le projet de loi permettra de clarifier la situation patrimoniale peu transparente des fabriques d’église et de mettre fin à l’usurpation des finances communales pour couvrir les déficits des plus faibles fabriques d’église alors que celles qui sont plus riches font des bénéfices», se réjouissent les élus locaux de déi Lénk dans leur communiqué.
La transparence fait peur
Vendredi, le Syfel avait une nouvelle fois remis ouvertement en question la validité de l’accord signé en janvier 2015 entre le gouvernement et l’Église catholique, qui sert de base pour la réforme des fabriques d’église. Le syndicat avait même fait un pas de plus en évoquant une «expropriation» des fabriques d’église si le texte de loi, finalisé fin juillet par le ministre de l’Intérieur, devenait une réalité.
Pour déi Lénk, cette argumentation ne tient pas la route. Les élus locaux du parti de gauche radicale ont leur propre vérité. Le Syfel aurait surtout peur de voir dévoilée sur la place publique la réelle valeur de son patrimoine, pas seulement constitué des édifices religieux mais également de terrains et d’autres biens immobiliers. Dans ce contexte, déi Lénk rappelle que les fabriques d’église existant sur le territoire de la Ville de Luxembourg ont vendu entre 2013 et 2015 des éléments de leur patrimoine avec, à la clé, des recettes de 8,7 millions d’euros. S’y ajoutent des donations à hauteur de 2,6 millions d’euros. Tout cela n’a pas empêché la Ville de Luxembourg de devoir investir sur la même période un million d’euros pour combler les déficits de fabriques d’église moins bien dotées sur le plan financier.
Les élus locaux de déi Lénk placent de grands espoirs dans le débat public qui va naître avec le dévoilement des finances et du patrimoine de l’ensemble des fabriques d’église. Si le Syfel semble redouter ce dernier, déi Lénk espère qu’il s’agira d’une étape supplémentaire vers la séparation de l’Église et de l’État. «Les privilèges de l’Église catholique dans une société ouverte comme la nôtre, qui est composée de différentes religions et de personnes athées, n’ont plus lieu d’être», soulignent en guise de conclusion les élus locaux de déi Lénk.
David Marques