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Extrémisme : écouter et prévenir


Le Luxembourg est préservé des radicalisations en tous genres, mais veut se placer dans l'anticipation. Ce qui n'est pas le cas ailleurs, ici une photo prise en Turquie. (illustration AFP)

L’association SOS Radicalisation dirige le tout nouveau Centre contre la radicalisation. Une plate-forme qui ne vise pas que les dérives de l’islam.

C’est un mot à la mode et aux frontières floues. Radicalisation, nous dit le Larousse, est le «fait de se radicaliser», c’est-à-dire «de rendre un groupe, son action, plus intransigeants, plus durs, en particulier en matière politique et sociale». Voilà pour le cadre. Le Luxembourg est confronté au phénomène, comme d’autres pays en Europe, mais «nettement moins que les autres pays, insiste une responsable du nouveau centre contre la radicalisation. Mais c’est le manque d’anticipation qui est souvent pointé du doigt à l’étranger. D’où la volonté de traiter le problème le plus tôt possible.»

L’ASBL SOS Radicalisation est chargée de cette nouvelle mission par le gouvernement. Le Centre contre la radicalisation respect.lu a tout juste trois mois. Quels sont ses missions, ses moyens, ses premiers résultats ? «Il est trop tôt pour faire un tel bilan, confie une autre responsable (NDLR : par mesure de sécurité, nous respectons un anonymat complet). Nous passons beaucoup de temps à nous faire connaître pour l’instant. Vis-à-vis tant du grand public que des associations spécialisées dans la jeunesse.»

Le Centre contre la radicalisation s’est vu attribuer un rôle qui comprend quatre volets. 1) Sensibiliser et informer sur les risques de la radicalisation. 2) Soutenir les familles et leur environnement social. 3) Accompagner la personne en voie de radicalisation. 4) Accompagner la personne radicalisée.

Une radicalisation au sens large

Les responsables estiment que la radicalisation doit s’entendre au sens large ici. «Notre mission n’est pas focalisée sur l’islamisme», précisent les responsables. Bizarrement, ce Centre contre la radicalisation est pourtant mis en place en même temps que la montée de l’islamisme radical en Europe. Pourquoi ne pas en avoir monté un il y a cinq ans sinon ? D’autant que certains cas de radicalisation islamique ont été fortement médiatisés, comme l’affaire du jeune Steve Duarte.

«Je peux vous dire que la radicalisation vers l’extrême droite est tout autant d’actualité, contredit un responsable. Au Luxembourg, la plupart des condamnations pénales pour incitation à la haine sur les réseaux sociaux sont le fait de l’extrême droite.» Et de citer l’exemple des appels au meurtre de Xavier Bettel par un militant nazi, lors du référendum sur le vote des étrangers.

Même s’il doit encore se faire connaître, le Centre contre la radicalisation a déjà été contacté par des familles en difficulté. «Il manquait un échelon entre la voie judiciaire et l’appel à l’aide, analysent les responsables du centre. Les familles se sentent démunies. Elles savent qu’elles peuvent nous faire confiance.» Le centre est à ce titre tenu au secret professionnel dans la mesure où il ne s’agit pas d’informations compromettraient directement la sécurité publique bien entendu.

Hubert Gamelon