Dans une réponse à une question parlementaire, le ministre de l’Économie, Franz Fayot, a donné le détail des conditions de travail des ouvriers sur le chantier de l’Exposition universelle de Dubaï.
À quelques mois de l’ouverture (prévue en octobre), les équipes de construction s’affairent pour être dans les temps et faire de l’Exposition universelle 2020 à Dubaï un évènement incontournable et inoubliable.
En début d’année, à l’occasion d’une visite du Grand-Duc héritier et d’Étienne Schneider, alors ministre de l’Économie, l’organisateur de l’Exposition universelle avait expliqué que l’immense chantier comptait 42 000 ouvriers.
Point d’inquiétude, le traitement des ouvriers est surveillé avec attention, notamment par le directeur du pavillon luxembourgeois, Daniel Sahr, et par Maggy Nagel, commissaire générale du Luxembourg auprès de l’Expo 2020.
Plus de 8 heures par jour
Interrogé sur la question en janvier dernier, Daniel Sahr avait assuré que les conditions de travail respectaient une charte stricte devant faire «office de référence et de modernité pour un pays de la région». À première vue, comme au Luxembourg, les ouvriers étaient tous équipés d’un casque et d’habits de travail adéquats. Mais, ne le nions pas, on est toutefois bien loin des conditions de travail des ouvriers de chantier au Luxembourg. «Il y a une charte stricte en la matière et un audit de contrôle est fait par une société extérieure. Les entreprises travaillant sur le site doivent respecter cette charte et, lors de nos appels d’offres, nous avons rejeté certaines d’entre elles. Il fait chaud et les conditions de travail ne sont évidemment pas les mêmes qu’au Luxembourg, mais les Émirats arabes unis sont très en avance par rapport à ce qui se pratique dans les pays voisins. Un des buts de cet évènement pour les Émirats arabes unis, c’est également de mettre la barre assez haut en ce qui concerne les conditions de travail afin que, par la suite, les entreprises locales qui travaillent sur le site et qui respectent la charte le fassent également sur les chantiers autres que ceux de l’Expo 2020», avait affirmé le directeur du pavillon luxembourgeois.
Au détour des conversations lors d’une visite de la presse sur le chantier du pavillon luxembourgeois, toujours en janvier dernier, on signalait d’ailleurs que les conditions de travail sur le site sont bien meilleures que dans d’autres pays de la région. Sans le mentionner, le Qatar est clairement sous-entendu.
Sur le chantier toujours, les ouvriers attendent l’arrivée des conteneurs à la fin de la visite des officiels. Difficile d’échanger quelques mots avec eux sans attirer l’attention d’un membre de l’organisation qui invite la presse à ne pas s’attarder avec les ouvriers. Juste le temps d’apprendre qu’il y a un grand nombre de Pakistanais et de Bangladais, ou encore qu’ils travaillent plus que 8 heures par jour.
300 euros par mois
Il y a quelques jours, dans une réponse à une question parlementaire du député Marc Goergen (Parti pirate) portant justement sur les conditions de travail des ouvriers sur le chantier du pavillon luxembourgeois, le ministre de l’Économie, Franz Fayot (LSAP), a apporté quelques précisions.
On peut y lire que les ouvriers gagnent 1 200 dirhams des Émirats arabes unis par mois, soit environ 300 euros. «Une rémunération qui peut varier selon la qualification», souligne le ministre qui précise qu’en plus du salaire, les ouvriers ont une assurance maladie. L’employeur fournit la nourriture et les vêtements en plus de financer un voyage par an à destination de leur pays d’origine.
Au niveau des heures de travail, un jour de travail correspond à 8 heures avec un maximum de 2 heures en plus. Les heures supplémentaires sont payées à 100%. La semaine de travail compte six jours ouvrables, soit 48 heures de travail avec un maximum de 60 heures par semaine prévu par la loi.
Au niveau du repos, le ministre souligne que les ouvriers disposent de 2 heures de repos par jour pour 8 heures de travail. De plus, en comptant le temps de route, un ouvrier devrait pouvoir compter 36 heures de repos par semaine.
Six ouvriers par chambre
Enfin, les ouvriers sont logés dans des appartements de l’Expo Dubaï 2020 Worker Welfare selon les règles en vigueur aux Émirats arabes unis. À savoir, une chambre de 26 m² en moyenne pour six ouvriers. Autrement dit, un minimum de 4 m² par ouvrier et un maximum de huit ouvriers par chambre si l’espace de la chambre permet de respecter l’espace minimum. Dans la réponse du ministre, il est également précisé que les chambres sont climatisées, équipées en eau courante, disposent d’un accès à internet gratuit et que les douches et les toilettes sont situées en dehors des chambres. Avec la chaleur, le législateur local a adapté les heures de travail durant les mois les plus chauds. La nuit, généralement plus fraîche, il n’est pas rare de voir les chantiers en activité.
Dès lors, les conditions de travail à Dubaï feraient bondir les syndicalistes de l’OGBL et du LCGB. Pourtant, il est indéniable que, sur le papier, les conditions de travail semblent plus acceptables pour la région. Reste à savoir si, dans la réalité, les règles sont respectées. Il y a encore quelques années, les syndicats étaient interdits aux Émirats arabes unis et Dubaï a connu en 2006 et 2007 des émeutes et des grèves sur ses chantiers sous l’impulsion des immigrés asiatiques revendiquant de meilleures conditions de travail.
Jeremy Zabatta