Étienne Schneider : «La politique doit souvent se renouveler»

Étienne Schneider reprend sa vie d’avant et semble ravi de ce choix, même s’il est triste de devoir quitter des «équipes formidables». Paulette Lenert et Franz Fayot ont repris ses fonctions.

La caméra de la télévision allemande ZDF est en place peu avant 14 h devant le Palais grand-ducal. La presse luxembourgeoise est là aussi et s’étonne de la présence des confrères étrangers pour l’assermentation d’un nouveau ministre et la démission de l’ancien. «Nous sommes venus prendre des images pour l’affaire avec la Grande-Duchesse», nous dit le journaliste allemand basé à Bruxelles. C’est bien ce que l’on pensait, rien à voir avec l’actualité de la journée au Palais grand-ducal.

La voiture avec chauffeur qui s’arrête devant l’entrée principale du Palais est celle d’Étienne Schneider qui vient remettre sa démission. Son successeur Franz Fayot suivra un quart d’heure plus tard à pied. Les formalités d’usage n’ont pas traîné auprès du Grand-Duc, et dans les ministères concernés par le remaniement, les tables sont déjà dressées pour la cérémonie d’adieu. «Je suis un chômeur maintenant!», plaisantera Étienne Schneider plutôt heureux de ce nouveau statut, même si le sujet ne prête pas à rire, ce qu’il reconnaîtra aussi.

Mais le fait est que le désormais ancien ministre s’en va le sourire aux lèvres mais le cœur serré aussi, car il quitte «des équipes formidables».

Au ministère de la Santé, il a découvert un nouveau domaine, «hyper-intéressant» et s’est dit surpris par «le dynamisme des équipes», et aussi par les associations avec lesquelles le ministère a des conventions. «Je sais que mon départ a été une surprise pour vous tous et je vous remercie pour ces 14 mois, mais je sais que Paulette sera excellente», déclare Étienne Schneider.

Je sais que mon départ a été une surprise pour vous tous

La tradition veut qu’un échange de cadeaux ponctue la cérémonie. Étienne Schneider offrira un stéthoscope à sa successeure. «Vous allez la guider», ajoutera-t-il à l’adresse des fonctionnaires venus lui dire au revoir. «Elle a de bonnes idées et beaucoup d’énergie et il ne faut pas oublier qu’elle reprend également la Sécurité sociale et cela peut évidemment aider en ce qui concerne toutes les mesures que prend le ministère de la Santé et que la Sécurité sociale doit financer.»

Paulette Lenert s’empressera de poser le stéthoscope sur la poitrine de son prédécesseur et de rassurer l’assistance : «Il y a un cœur là-dedans!», constatera la nouvelle ministre de la Santé. Elle n’oublie pas que c’est Étienne Schneider qui est allé la chercher pour la faire entrer au gouvernement.

«Beaucoup d’études ont été menées, Étienne a bien vu les défis pour procéder à une modernisation de la Santé dans l’intérêt des patients. Je crois beaucoup à la modernisation dans la fonction publique et j’aimerais placer le Luxembourg dans une position de leader. Il faut réussir à libérer les médecins des tâches administratives, donc la digitalisation est importante. J’aimerais faire un benchmark du système luxembourgeois pour savoir où on se situe par rapport à nos pays voisins et aux pays européens en général», annonce Paulette Lenert.

Son premier portefeuille rendu, Étienne Schneider a filé au ministère de l’Économie pour répéter la même opération. Les collaborateurs sont déjà en place et cela fait déjà
16 ans pour certains qu’ils travaillent à ses côtés. Avant d’être ministre pendant huit ans, il a été fonctionnaire pendant huit ans. «J’ai connu ici une époque formidable avec le ministre Jeannot Krecké, des équipes motivées et des amis aussi.»

Fusée et crème solaire

Étienne Schneider passe le relais à Franz Fayot qui connaît déjà une partie des fonctionnaires : «J’en ai rencontré quelques-uns qui venaient expliquer des dossiers très techniques en commission parlementaire», souligne le nouveau ministre. Il a en effet présidé la commission des Affaires économiques ces six dernières années. «Tu n’étais pas souvent là, toi Étienne», lance-t-il à son prédécesseur.

Étienne Schneider aura droit à des applaudissements nourris de la part de ses collaborateurs qui appréciaient le personnage. Avant de quitter le ministère, il offrira aussi des cadeaux à Franz Fayot. Une carte du monde d’abord pour qu’il y mentionne les pays qu’il visitera et Étienne Schneider sait d’avance que son successeur sera beaucoup dans les avions. Il lui offrira également la maquette d’une usine pour lui rappeler l’importance du secteur industriel et une fusée pour l’encourager à reprendre le relais dans l’aventure spatiale qu’il a initiée avec SpaceResources.lu.

Étienne Schneider, qui a déclaré vouloir reprendre sa vie d’avant, s’est vu offrir de la crème solaire et de la lecture : le dernier livre de Rifkin et un autre sur Elon Musk, deux personnages qu’Étienne Schneider apprécie particulièrement.

L’ancien ministre a redit à l’occasion de ces deux passations des pouvoirs qu’il restait convaincu d’avoir fait le bon choix. «La politique doit régulièrement se renouveler», lance-t-il avant de tourner les talons et de reprendre une nouvelle vie.

Geneviève Montaigu