Le Premier ministre va présenter ce mardi après-midi, son huitième discours sur l’état de la Nation. Le logement et la fiscalité devraient se situer au cœur de ce grand oral intitulé «Notre voie. Notre objectif».
Les députés vont retrouver aujourd’hui, après un exil sanitaire de 18 mois au Cercle Cité, l’hôtel de la Chambre au Marché-aux-herbes. Le lieu change, mais pas l’ordre du jour très chargé qui attend les élus pour l’inauguration de la nouvelle session parlementaire, traditionnellement fixée au deuxième mardi du mois d’octobre.
Pour la troisième année d’affilée, la déclaration du Premier ministre, Xavier Bettel, sur l’état de la Nation va ouvrir le bal, suivie moins de 24 heures plus tard par le dépôt du projet de budget pour l’année 2022.
Le président de la Chambre, Fernand Etgen, s’attend au dévoilement « d’importants indicateurs pour les prochains mois ». Les partis de l’opposition se disent moins enthousiastes. À quoi faut-il donc s’attendre ? Lundi, le chef du gouvernement a dévoilé sur son compte Twitter l’intitulé de son grand oral : «Notre voie. Notre objectif». Cette annonce est accompagnée d’un bref clip vidéo montrant Xavier Bettel de dos en tournée à travers le pays.
Eise Wee. Eist Zil.
État de la Nation 2021 – 12.10.2021#edln2021 pic.twitter.com/1obAjUAzp8
— Xavier Bettel (@Xavier_Bettel) October 11, 2021
Au vu du titre choisi, une première certitude se dégage : la lutte contre le coronavirus va une nouvelle fois être thématisée avec un accent qui sera mis sur le «chemin luxembourgeois» (ou donc la voie) emprunté(e) par la coalition tricolore pour gérer la pandémie.
Le nouvel objectif est d’atteindre un taux de vaccination situé entre 80 et 85 % afin de lever toutes les restrictions sanitaires. Le tour de vis annoncé vendredi avec la généralisation de l’obligation d’être testé, guéri ou vacciné pour bon nombre de domaines de la vie quotidienne suscite toutefois de plus en plus de remous.
Une taxe sur la spéculation foncière ?
Au-delà du coronavirus, quelles seront les priorités développées par le Premier ministre ? Le 13 octobre dernier, seules des annonces ponctuelles avaient été faites, notamment pour fermer des échappatoires fiscales dans le domaine du logement.
Malgré la mise entre parenthèses de la grande réforme fiscale, Xavier Bettel va-t-il procéder à de nouvelles annonces dans le domaine de la fiscalité ? « J’espère vraiment que le Premier ministre va apporter des solutions aux problèmes majeurs auxquels le pays est confronté. Le logement, qui est directement couplé à l’augmentation du risque de pauvreté, est à citer en priorité », souligne Martine Hansen, la coprésidente de la fraction du CSV.
Le principal parti d’opposition n’est pas le seul à attendre le chef du gouvernement au tournant. Au sein même de la coalition, on exige que la revalorisation de 2,5 % des allocations familiales, prévue au plus tôt pour le 1er janvier 2022, devienne réalité encore avant la fin de cette année. Le camp syndical devrait saluer la confirmation de cette mesure. Mais est-ce que des annonces plus tranchantes vont être faites ?
Mercredi dernier, le président du LSAP, Yves Cruchten, avait laissé entrevoir une avancée sur l’introduction d’une taxe spécifique visant les spéculateurs. Il a évoqué qu’il restait « beaucoup de temps » avant la fin de la législature en 2023 pour parvenir à quelque chose de concret et que « cela risque de durer moins longtemps que certains ne le pensent ».
Les prix de l’énergie vont-ils s’inviter ?
L’annonce dès cet après-midi d’une telle taxe, revendiquée par le CSV, serait surprenant. L’ADR et son chef de file Fernand Kartheiser ne croient cependant pas à de « grandes surprises ». « Mes attentes sont très réduites. Nous voyons clairement que les trois partis formant la coalition se positionnent déjà en vue du scrutin de 2023. Il n’existe plus vraiment de base commune », commente l’élu.
La récente hausse des prix de l’énergie pourrait également venir s’inviter dans le discours de Xavier Bettel. Dans ce contexte, l’augmentation dès 2022 de la taxe carbone de 20 à 25 euros par tonne de CO2 émise va-t-elle être confirmée ?
Le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, ne compte pas faire marche arrière. D’autres mesures fortes pour lutter contre le changement climatique sont attendues, notamment de la part du CSV. « Les objectifs sont fixés, mais nous ne savons toujours pas comment les atteindre et comment impliquer entreprises et citoyens dans l’exercice », déplore Martine Hansen.
Une autre question centrale semble déjà évacuée : le gouvernement exclut tout recours à l’austérité pour rééquilibrer les finances publiques. « Nous nous attendons toutefois à des mesures ponctuelles pour réduire les inégalités sociales. La marge de manœuvre financière est présente », estime Steve Heiliger, le secrétaire général de la CGFP.
Les réponses aux questions qui se posent vont tomber dès 14 h 30.
David Marques