Le Fonds européen d’investissement (FEI) et l’université du Luxembourg ont signé une convention pionnière pour financer les étudiants, dans le cadre d’Erasmus +.
Le partenariat, premier du genre en Europe, permettra aux étudiants de reporter de deux ans le paiement de leurs frais d’inscription et d’hébergement, à savoir l’acquittement des loyers de leur logement étudiant. Il bénéficiera à des étudiants originaires de l’un des 32 autres pays participant au programme européen d’échange Erasmus +, afin qu’ils puissent se rendre au Luxembourg pour suivre des études de master.
Un «accord +» pour un programme européen d’échange «Erasmus +» : unique en Europe, ce nouveau programme, qui débutera sous forme de phase pilote, constitue un véritable changement de paradigme en ouvrant la voie à de nouvelles perspectives pour de nombreux jeunes. En effet, selon Eurostat, « un Européen sur 5 âgé de 20 à 34 ans ne suit ni études ni formation », a indiqué Roger Havenith, directeur général adjoint adjoint du Fonds européen d’investissement, vendredi, à l’occasion de la présentation du nouveau programme.
La directrice générale Éducation et Culture de la Commission européenne, Martine Reicherts, est allée encore plus loin, en évoquant sans détour « une petite révolution» et «un accord historique ». Concrètement, le nouveau programme pilote, qui est doté d’une enveloppe de cinq millions d’euros et qui vise plus de 300 étudiants en master, introduit un mécanisme de prêt qui permettra aux étudiants de reporter de deux ans le paiement de leurs frais de scolarité et du loyer du millier de logements mis à la disposition des étudiants par l’Uni.
Un mécanisme de microfinancement
« Il s’agit là du point fort du programme », a estimé le recteur de l’université, Rainer Klump. « L’une des principales critiques formulées par rapport à Erasmus + est qu’il s’agit d’un programme élitiste, mais, grâce à cette convention, l’étudiant n’aura plus à contracter son prêt auprès d’une banque, car il sera lié à l’université. Là est la nouveauté », a renchéri Martine Reicherts, qui a évoqué « une garantie à hauteur de 80 % », et balayé d’un revers de main le terme de « prêt ». En effet, le haut fonctionnaire européen a spécifié que le mécanisme en question devait être entendu comme « un mécanisme de microfinancement ».
Plus précisément encore, l’Uni souligne qu’il s’agit d’une solution de paiement différé, c’est-à-dire que le remboursement, par l’étudiant, se fait après la formation et l’obtention du diplôme. Autrement dit, l’étudiant assumera le financement de sa formation au moment d’entrer dans la vie active.
Dans ce sens, les étudiants bénéficiaires, de même que tous les autres acteurs concernés, seront davantage responsabilisés que lorsqu’ils contractent un prêt «classique» auprès d’une institution financière. « Cet accord donne, en effet, de la responsabilisation », a, pour sa part, confirmé Yves Elsen, président du conseil de gouvernance de l’Uni.
Claude Damiani
Les points-clés de l’accord
Cette initiative pilote cible les étudiants mobiles entrant dans des programmes de master à l’Uni. Pour l’instant, cinq programmes sont concernés : un master en IT et quatre masters de la faculté de droit, d’économie et de finance. Une extension du nombre des formations concernées sera possible dans un second temps.
De même concernant le nombre de bénéficiaires : dans la phase pilote, seuls une quarantaine d’étudiants sont concernés. Au sujet du financement proprement dit, la facilité de paiement différé permettra de retarder le paiement des frais d’inscription ou des frais de logement étudiants, ou une combinaison des deux. La limite ne peut dépasser 12000 euros sur une année ou 18000 euros sur deux ans.
Enfin, signalons que l’étudiant a trois ans pour rembourser le coût de ses études, après l’obtention de son diplôme, moyennant une année de carence possible.