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Enseignement fondamental : les instits au bord du burn-out


Pour Patrick Arendt : "Aujourd'hui, on essaye de "manager" le stress de l'enseignant. Cela fait partie d'une formation, alors qu'il faudrait le combattre." (Photo illustration LQ)

La situation dans l’enseignement fondamental se dégrade année après année, affirme le syndicat SEW/OGBL qui s’appuie sur une enquête pour étayer ce constat. Les enseignants y confient dans leur grande majorité qu’ils ne se lanceraient plus dans cette carrière aujourd’hui.

Plus de cent pages dans sa version compilée, voilà le résultat d’une vaste enquête menée par le syndicat SEW-OGBL auprès des instituteurs et institutrices à travers tout le pays. Et la conclusion qui en ressort ne tire pas vers l’optimisme pour l’enseignement fondamental en proie à des difficultés croissantes. Intitulée «Être enseignant aujourd’hui ?! Et demain ?!», l’enquête révèle un mal-être certain au sein des salles de classe.

«L’objectif n’était pas de venir gémir, mais bien de cerner les problèmes qui entourent la profession aujourd’hui et de trouver des solutions», précise le président du syndicat SEW, Patrick Arendt. Des contacts seront donc pris avec l’ensemble des partis politiques, parce que, selon le syndicat, il y a lieu d’avoir un «débat politique honnête et un dialogue».

Si aujourd’hui, 97,3 % des instits disent enseigner avec plaisir, 61,3 % ne choisiraient plus ce métier aujourd’hui et 75,6 % ne conseilleraient pas à un jeune d’embrasser cette carrière, selon les réponses fournies par 743 intéressés sur les 3 500 instits que compte le pays. «Ce taux de participation est un record en soi», souligne Patrick Arendt.

Une charge de travail trop importante les incite de plus en plus à prendre des temps partiels quand elle ne conduit pas à des burn-out et des arrêts maladie. Plus de la moitié des instits diplômés ont d’ailleurs envisagé de changer de métier, contrairement aux stagiaires qui sont 62 % à vouloir poursuivre dans cette voie. Une majorité admet que le métier a eu des conséquences sur leur santé ces dernières années et qu’il n’est pas respecté par les médias.

Combattre le stress

«Dans les commentaires qui accompagnaient les réponses, nous avons bien senti que le personnel enseignant était perçu par les médias comme des gens qui devraient arrêter de se plaindre et travailler», souligne le président du SEW. Même constat pour la perception des enseignants par la société. Les réponses sont plus partagées quant au respect que leur témoigne leur direction. En fait, les répondants avaient l’air de dire qu’il ne la voyait jamais ou que très rarement. En revanche, les parents leur témoignent davantage de respect, même s’ils sont parfois confrontés à des situations difficiles, voire pénibles. Le stage de son côté n’apparaît pas vraiment utile aux yeux des répondants.

En résumé, il n’y a pas grand-chose qui ait changé en bien, la situation générale s’étant plutôt dégradé au fil des ans. Le travail administratif toujours plus lourd plombe le moral des enseignants qui ont le sentiment d’être toujours contrôlés en plus de devoir être en permanence disponibles. Les enfants ? Ils seraient dans un programme d’animation permanente avec une prise en charge à la journée et après la maison relais, il serait difficile de capter leur attention durant les cours de l’après-midi. Bref, il y a un nivellement par le bas que les enseignants n’arrivent pas à combattre.

«Aujourd’hui, on essaye de « manager » le stress de l’enseignant. Cela fait partie d’une formation, alors qu’il faudrait le combattre», conseille vivement Patrick Arendt. Justement, des conseils, il en a plein le magasin. Pour faire face à la pénurie d’enseignants, il serait par exemple judicieux, selon lui, d’arrêter de créer des instituts qui les enrôlent. C’est comme les directions régionales, elles ne servent à rien, sinon à alourdir la tâche des enseignants qui doivent demander la moindre autorisation même quand ils emmènent leurs élèves observer un coin de nature de l’autre côté de la rue. «Nous plaidons pour l’abandon pur et simple des directions régionales», déclare le président du SEW.

«Le fondamental vit une crise profonde, mais elle est cachée par le ministère. Claude Meisch dit contrôler la situation, mais ce n’est pas le cas», affirme encore Patrick Arendt, en blâmant la «politique tape-à-l’œil».

Geneviève Montaigu