Le ministère de l’Égalité des chances a présenté le plan d’égalité hommes-femmes. Un quota de 40% de candidates aux prochaines élections a été fixé, sinon les partis risquent de lourdes sanctions financières.
Le ministère de l’Égalité des chances passe à la vitesse supérieure en matière de parité. Finies les injonctions, aux prochaines élections, les partis politiques devront présenter des listes paritaires, sinon c’est la sanction. Il ne s’agit pas d’une parité parfaite puisque le ministère de l’Égalité des chances mise sur une présence de 40% de femmes aux prochaines élections législatives et européennes.
Tous les partis s’accordent à dire que les sanctions financières sont telles en cas de manquement aux quotas sur les prochaines listes aux élections législatives que tout le monde devrait s’y tenir. Il faudra donc être attentif : en 2018, les listes devraient être composées d’au moins 40% de femmes, ou pour employer le terme technique de «sexe sous-représenté», au cas où, dans un futur plus ou moins hypothétique, les hommes aient besoin de quotas pour être représentés au niveau politique. Si la question des quotas fait débat, pour Viviane Loschetter, députée déi gréng, c’est un passage obligé : « Il s’agit d’équilibrer les décisions politiques, nous allons dans le bon sens et nous ne pouvons pas le faire sans sanctions. Si nous sommes arrivés à un tel résultat au sein de notre parti, c’est aussi parce que nous nous sommes obligés à mettre en place une parité. Nous avons beaucoup de succès au niveau communal pour les candidates, cela va marcher .»
Même son de cloche pour Cátia Gonçalves, présidente des femmes socialistes : « Nous accueillons très favorablement cette mesure, même s’il faut malheureusement punir financièrement pour combler un déficit représentatif. Cela va vraiment donner un gros coup de pouce aux femmes. Il va néanmoins falloir bien s’y préparer. Nous offrons déjà des formations pour coacher les femmes, les encourager à accéder à des postes de prise de décision. Le ministère de l’Égalité des chances devrait aider pour proposer des formations aux femmes désireuses de s’engager. C’est notre responsabilité de trouver ces femmes .»
Tous les partis sont prêts
À écouter les représentants de partis, on se demande pourquoi des quotas ont été mis en place, il n’y a aucun problème, tout le monde est prêt semble-t-on répondre au téléphone. C’est le cas au CSV qui a déjà présenté un tiers de femmes sur ses listes aux deux dernières élections législatives : « Nous avons eu des réflexions à ce sujet lors du dernier congrès du parti, et nous avons de nous-mêmes voté pour atteindre un objectif de 40 % de candidates », explique Karin Meyer, présidente des femmes CSV. Ils seront prêts pour 2018, nous dit-on. Côté DP, on est un peu plus gêné aux entournures.
Le parti a voté pour le plan d’égalité hommes-femmes du gouvernement de coalition, mais dans les faits, l’utilisation de quotas passe mal chez les libéraux : « Jusque-là, nous n’avons jamais eu de problèmes à trouver des femmes compétentes au sein du parti. Dans notre esprit libéral, c’est le talent qui prime, pas le sexe, alors le principe même des quotas… En tout cas, nous n’en avons pas peur, car nous avons beaucoup de femmes et surtout beaucoup de jeunes femmes au sein du groupe parlementaire, donc nous ne devrions pas avoir de problème à atteindre les 40 %. Nous allons respecter cette décision, même si j’aurais été personnellement plus favorable à un système de bonus », indique le député Gusty Graas.
C’est carrément l’hostilité à la mesure du côté de l’ADR, très remonté contre le principe même des quotas qui « violent le principe d’égalité, pilier de la démocratie », soutient Sylvie Mischel, présidente des femmes ADR, et observe que « force est de constater que toutes couleurs politiques confondues, le pourcentage de femmes siégeant à la Chambre des députés n’est en rien proportionnel au pourcentage de femmes s’étant présentées aux dernières listes électorales, mais se trouve bien en dessous ». Cependant, le parti se soumettra néanmoins aux quotas puisque Sylvie Mischel indique que l’ADR avait quasiment 40 % de candidates lors des dernières élections législatives.
Il faut dire que les partis n’auront pas trop le choix. Si en 2018, les quotas ne seront pris en compte que sur la moitié des listes présentées, les sanctions seront très lourdes. « À titre d’exemple, si l’on prend un parti qui fait 20 % des voix, on parle d’une dotation de 200 000 euros », explique la ministre Lydia Mutsch. Les sanctions sont dégressives, mais elles sont suffisantes pour que les partis aient pour le moment le désir de se plier aux injonctions du ministère. Si ces derniers atteignent le saint graal des 40 % de quotas féminins, c’est toute la dotation qui leur sera versée.
Audrey Somnard
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C’est bien tout ça et la volonté de progresser est louable mais je reste convaincu que s’il n’y a pas plus de femmes sur les listes électorales actuellement, c’est simplement parce que cela ne les intéresse pas. Alors, motiver des potiches à se mettre sur les listes pour que le parti reçoive sa dotation et priver éventuellement des messieurs réellement motivés de tâter de la politique…c’est contre-productif.
Mais qui sait, l’appétit peut venir en mangeant..