Les trois élus luxembourgeois ayant suivi l’élection présidentielle comme observateurs de l’OSCE tirent un bilan positif. Sur le terrain, les irrégularités dénoncées par Donald Trump n’ont pas eu lieu selon leurs observations.
«Inacceptable !» Josée Lorsché, Claude Haagen et Gusty Graas étaient scotchés devant leur télévision dans un hôtel situé non loin de la Maison-Blanche lorsque Donald Trump s’est autoproclamé vainqueur de la présidentielle. «On est devant et de loin, mais ils essaient de voler l’élection», a martelé le président sortant. Comme nous le confirment les trois députés luxembourgeois, dépêchés comme observateurs électoraux aux États-Unis, aucune preuve de fraude n’a toutefois été constatée dans les bureaux de vote, surveillés notamment par une centaine de membres de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). «Il n’y a eu aucune intimidation ni aucune prise d’influence», insiste Josée Lorsché (déi gréng). Du coup, «la déclaration de Trump n’a rien à voir avec un État de droit. Elle frôle presque le ridicule, mais il fallait s’y attendre», fustige Gusty Graas (DP). Claude Haagen (LSAP) partage l’analyse de son collègue libéral : «Réclamer de stopper le comptage des votes par correspondance est tout simplement inadmissible. On savait très bien que cela allait prendre plusieurs jours.» La mission des observateurs grand-ducaux s’est achevée hier en début d’après-midi. Au moment de quitter Washington pour revenir au Luxembourg, six États clés étaient encore indécis. Le résultat sera-t-il connu à leur arrivée, ce matin, au Findel? Rien n’est moins sûr, mais au moins, les députés luxembourgeois ont pu repartir la conscience tranquille. «Ce fut une très longue journée. Notre mission d’observation s’est vraiment très bien déroulée», affirme Josée Lorsché. L’élue déi gréng a formé un binôme avec Claude Haagen pour sillonner une dizaine de bureaux de vote de l’État du Maryland.
Accessibilité garantie
«Tout était bien organisé. L’accessibilité des bureaux de vote était garantie, les règles sanitaires ont été respectées», résume l’élu socialiste. Seul petit contretemps : un «chief-judge», l’équivalent du président d’un bureau de vote, a tiqué au moment de voir débarquer les observateurs. «Il s’est montré très méfiant. Après une discussion plus poussée, on a pu poser nos questions», retrace Josée Lorsché. Pour le reste, «une très bonne atmosphère a prévalu. Les gens ont été très accueillants. Des primo-votants, qu’ils soient jeunes ou même très âgés, ont même été applaudis au moment de déposer leur bulletin». La crainte de «jours très sombres» Gusty Graas avait comme partenaire un élu suisse. Ils ont également contrôlé des bureaux de vote dans le Maryland. L’élu du DP dresse le contexte : «Dans les alentours, les deux camps avaient érigé des stands. De la musique résonnait. Cela est permis mais limité à un rayon déterminé autour du bureau de vote.» Contrairement au binôme Lorsché-Haagen, Gusty Graas a observé de longues files qui se sont formées devant les bureaux de vote. «Le calme régnait. Aucun signe de mécontentement n’était à déceler malgré une heure d’attente.» À l’intérieur des bureaux, souvent installés dans d’immenses halls, les électeurs ont eu le choix de voter sur papier ou par ordinateur. «Ce qui ne m’a pas plu est l’absence de véritables isoloirs. Les gens étaient assis à des tables au milieu de la salle sans véritable séparation entre les chaises. Il en allait de même pour les machines de vote déployées le long des murs», avance Gusty Graas.
Problème d’harmonisation des systèmes de vote
Les observateurs luxembourgeois n’ont pas eu pour mission de surveiller de plus près les votes par correspondance. «Des observateurs de longue durée resteront toutefois déployés sur le terrain. Les déclarations de Donald Trump n’ont pas uniquement choqué l’OSCE», explique Claude Haagen. Gusty Graas conclut qu’il est grand temps que les États-Unis harmonisent leur système de vote. «Certains États estiment que seuls les bulletins se trouvant le jour J dans les urnes sont valables, tandis que d’autres se réfèrent à la date du cachet de la poste», déplore-t-il. Un dernier point positif pour conclure : l’absence de violences dans les rues de Washington. «La situation était assez tendue mardi soir», admet Claude Haagen. L’après-midi, des craintes avaient fait leur apparition. La forte présence policière semble avoir dissuadé les fauteurs de troubles. «Mais le danger persiste, estime Gusty Graas. Si le résultat reste si étriqué, je suis convaincu que Trump va user de tous les leviers pour obtenir gain de cause. Des jours très sombres risquent de se profiler à l’horizon.»
David Marques