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Église : des excuses mais pas de mea-culpa


«Après les témoignages entendus lors de la rencontre sur la protection des mineurs dans l'Église, on ne peut plus dire que les actes (NDLR : de violences sexuelles et de pédophilie) n'existent pas», a indiqué l'archevêque de Luxembourg, Jean-Claude Hollerich (à d.), jeudi. (photo Hervé Montaigu)

L’archevêque de Luxembourg a présenté, jeudi, ses excuses aux victimes de violences sexuelles dans l’Église luxembourgeoise. À défaut de pouvoir revenir en arrière, l’Église mise sur la prévention.

De retour de la rencontre sur la protection des mineurs dans l’Église qui s’est tenue au Vatican il y a une semaine, Mgr Hollerich, archevêque de Luxembourg, a voulu livrer son ressenti sur les scandales de pédophilie et de violences sexuelles qui ébranlent l’Église catholique.

«Après les témoignages entendus lors de la rencontre sur la protection des mineurs dans l’Église, on ne peut plus dire que les actes (NDLR : de violences sexuelles et de pédophilie) n’existent pas», a indiqué l’archevêque de Luxembourg, Jean-Claude Hollerich, jeudi.

L’archevêque de Luxembourg est allé plus loin que le pape François en présentant ses excuses : «Je présente de tout mon cœur mes excuses aux victimes. Elles ont vécu une terrible peine.» L’air contrit, l’archevêque n’a pas manqué de dire ô combien il est «désolé». «On se sent petit» face aux témoignages des victimes», a-t-il encore indiqué, «mais il faut en passer par là, parce qu’il s’agit de la vérité et que la vérité ne doit pas être étouffée».

Partant de ce principe, l’archevêque prêche «la tolérance zéro», car «il n’est pas question de peccadilles». «Nous mettons des moyens et des pratiques en place pour minimiser les risques», a indiqué Patrick Hubert, vicaire judiciaire de l’archevêché. «Nous nous engageons de manière déterminée dans la protection des mineurs.» Même si, comme l’a remarqué l’archevêque plus tard, «on ne peut pas tout contrôler à 100 %».

«Rendre l’Église plus sûre»

L’archevêché continue sur sa lancée de 2010 et prend les choses en main. À l’époque, feu le député Mill Majerus avait, le premier, eu l’idée d’une «hotline» pour les victimes et d’enquêter sur les cas d’abus dans l’Église luxembourgeoise. Une personne avait été nommée à ce poste et un conseil avait été créé. Et l’Église n’a pas chômé. Depuis 2011, avant d’être ordonnés prêtre, les séminaristes doivent subir des examens psychiatriques auprès de psychiatres et de psychologues. Quant à connaître le nombre de recalés, le vicaire général Leo Wagener a botté en touche. L’année suivante, la prévention contre les violences contre les mineurs a été intégrée à la formation des prêtres et depuis deux ans ces formations sont obligatoires pour tous les collaborateurs de l’Église, religieux ou laïcs, dans les domaines pastoral et catéchétique.

Donc, des adultes se voient expliquer ce qu’il est bon ou non de faire à un enfant. Vont suivre des cours de prévention pour les bénévoles et un volet sur «la prévention contre la violence sexualisée de mineurs et d’adultes protégés» va compléter le règlement général de l’archidiocèse de Luxembourg. Pour «rendre l’Église plus sûre», l’archevêque envisage également de procéder à «une analyse des risques potentiels» et à l’«introduction d’un code de bonne conduite». L’Église continuera de signaler les cas d’abus qui lui sont confiés à la justice et de prendre les mesures disciplinaires internes au droit canonique.

Sophie Kieffer

Depuis 2010, 24 nouveaux cas

L’Église a reçu des signalements de 24 nouveaux cas de violences sexuelles, contre 39 en 2010, année de la mise en place d’une hotline en la matière. Trois victimes étaient majeures au moment des faits. Des faits qui se seraient produits entre 1950 et 1979. Dix-sept de ces victimes étaient de sexe masculin et 7 de sexe féminin. Deux avaient moins de cinq ans, 9 entre 6 et 12 ans, 4 entre 13 et 17 ans et 6 n’ont pas donné d’indication précise quant à leur âge au moment des faits. La majorité des auteurs (24) étaient des religieux ou des prêtres. Quatre étaient des religieuses. Les abus ont eu lieu en majorité dans des foyers et des internats (7) ainsi que dans des presbytères (5). Enfin, si ces 24 témoignages font tous état d’actes de violences sexuelles, dix ont été accompagnés par de la violence physique et quatre par des abus émotionnels.