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Education – Les instituteurs mettent la pression


Hier soir, au Tramsschapp, quelque 300 manifestants, pour la plupart des étudiants, futurs instituteurs, sont venus manifester leur désaccord avec la réforme du ministre.

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Les futurs instituteurs, venus manifester en nombre hier soir à Luxembourg, ne voient pas comment concilier leur travail d’enseignant tout en se consacrant à un stage d’insertion de trois ans. (Photo : Isabella Finzi)

Les caricatures du ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch, se succèdent sur le grand écran qui fait face à quelque 300 futurs instituteurs. Hier soir au Tramsschapp de Luxembourg, le syndicat SEW/OGBL jouait son va-tout en organisant une démonstration de force contre les projets du ministère visant à imposer un stage de deux ans pour les instituteurs via l’Institut de formation de formation de l’Éducation nationale.

Hier soir, Katia, étudiante en deuxième année à Bruxelles pour être formée à l’enseignement primaire, s’est saisie du micro pour dire tout le mal qu’elle pensait de ce stage. « Je veux être entendue », s’est-elle exclamée face à un public conquis. Elle ne voit pas comment concilier son travail d’enseignante tout en se consacrant à ce stage qui demande la rédaction d’un mémoire et le passage d’un examen. En cas d’échec, on repasse le concours.

« On nous donne deux décharges pour cette préparation, c’est risible », estime la jeune étudiante. Elle juge encore suffisante sa formation universitaire sanctionnée par un diplôme qui la déclare apte à enseigner. « Ce stage est en contradiction avec notre diplôme, il nous est imposé et il n’y a pas de négociations possibles et surtout avec nous, les étudiants et premiers concernés par cette problématique », rappelle-t-elle.

Elle a annoncé le ton qui, hier soir, était résolument ironique. Après Katia, c’est Marvin qui a pris le relais pour évoquer le cas des chargés de cours qui sont des instituteurs diplômés mais payés à moindre coût. Ils sont, eux aussi, concernés par la réforme du ministre Meisch et c’est sur un ton très humoristique que l’orateur en a dit ce qu’il pensait.

Le SEW campe sur ses positions et si le syndicat SNE a marqué son accord avec la réforme du ministre Claude Meisch, les 300 manifestants d’hier soir ont démontré qu’il était temps que la discussion reprenne pour modifier l’avant-projet de loi réformatrice.

> Perte de salaire

Le président du SEW, Patrick Arendt, a dénoncé également la perte de salaire qui découle de cette condition de stagiaire. L’enseignant n’est rétribué qu’à 80 % du salaire les deux premières années et 90 % la troisième. Pour le président, cette réforme est loin de produire les économies que le gouvernement entend réaliser. « Il ne faut pas oublier les coûts générés par la création de l’institut de formation avec ses différents postes de directeur, directeur adjoint et chefs de division, par le recrutement de formateurs, par les décharges accordées aux conseillers pédagogique, par les indemnités payées aux évaluateurs et aux membres du jury du mémoire », alerte Patrick Arendt.

La disponibilité des instituteurs pour mener à bien ce stage est mince, selon les étudiants venus massivement protester hier au Tramsschapp. « Il est évident que l’étudiant aura beaucoup de mal à combiner sa tâche d’enseignement avec les différents éléments de formation exigés par le stage, ne serait-ce que d’un point de vue purement formel d’emploi du temps », estime le syndicat.

« La balle est dans le camp du ministre », a conclu Patrick Arendt qui ne se dit pas opposé à un accompagnement en début de carrière pour l’instituteur, « mais pas sous la forme d’un stage uniformisé », martèle-il encore.

De notre journaliste Geneviève Montaigu


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