Le détachement provisoire de 169 professionnels de l’Éducation différenciée (Ediff), au profit de l’enseignement fondamental, fait grogner les représentants du personnel de l’Ediff (EEGED) et le SEW/OGBL.
Le personnel de l’Ediff se sent floué. Selon lui, le détachement actuel (dans le cadre de la transition vers les futurs centres de compétences) introduisant de fait une nouvelle hiérarchie (puisque les détachés sont affectés aux directions générales du fondamental), met en cause l’indépendance et la neutralité du diagnostic et de la prise en charge des enfants à besoins spécifiques.
Pour contrer la politique du ministère de l’Éducation nationale et l’inviter à faire volte-face, il a élaboré un catalogue de 11 revendications, qui sera transmis au ministre Claude Meisch.
Face à une situation qualifiée de «malaise», le personnel œuvrant dans le domaine de l’éducation différenciée monte au créneau. Il dénonce une décision du ministre Claude Meisch qu’il considère comme ayant été prise unilatéralement, sans entamer une once de dialogue social.
En cause, une instruction ministérielle datant du 14 août introduisant le détachement et donc l’affectation de membres du personnel de l’Ediff aux directions régionales de l’enseignement fondamental. «Le personnel de l’Ediff a pris connaissance de ces réaffectations par voie de presse et s’en retrouve consterné!», se sont insurgés, hier, la représentation du personnel de l’EEGED et le syndicat SEW/OGBL.
Si, à l’heure actuelle, «seuls» 169 professionnels de l’Ediff sont concernés – à savoir des pédagogues, des psychologues et des éducateurs gradués pour la majorité d’entre eux – l’EEGED craint que cette politique de détachement prenne de l’ampleur.
Crainte de création de «Restschulen»
«Une affectation intégrale du personnel de l’Ediff à l’enseignement fondamental entraînera une perte de qualité indéniable au niveau du fonctionnement des écoles spécialisées, accueillant les élèves les plus fragiles. L’enseignement fondamental sera donc renforcé au détriment des enfants et jeunes ayant les besoins éducatifs spécifiques les plus importants. Le reproche de créer une « Restschule » (référence au système éducatif allemand, dans lequel la « Hauptschule » est souvent considérée comme une « voie de garage » – Restschule – où se concentrent les élèves appartenant à des milieux défavorisés ou issus de l’immigration) devient imminent», dénonce l’EEGED. En vue de faire pression sur le ministère, l’EEGED et le SEW/OGBL ont concocté un cahier contenant pas moins de 11 doléances.
Claude Damiani
1) L’EEGED refuse le détachement provisoire des 169 professionnels de l’Ediff.
2) L’EEGED refuse que l’Ediff soit réduite à des «Restschulen».
3) L’EEGED exige que les coordinateurs spécialisés de l’Ediff restent en charge de la pédagogie spécialisée.
4) L’EEGED entend rester l’association défenderesse des enfants à besoins spécifiques fréquentant le fondamental et juge ne pas devoir être soumise au régime du fondamental.
5) L’EEGED exige que les parents et leurs enfants puissent les rencontrer en toute confidentialité, entres autres pour la passation de tests psychologiques et pédagogiques.
6) L’EEGED exige que les parents puissent continuer à considérer leurs membres comme des interlocuteurs neutres, dispensant des services gratuits.
7) L’EEGED exige de pouvoir continuer à offrir aux parents et à leurs enfants un contact confidentiel et respectueux.
8) L’EEGED tient à ne pas réduire les enfants à leur potentiel intellectuel.
9) L’EEGED refuse toute perte de qualité des prestations de pédagogie spécialisée.
10) L’EEGED insiste sur le besoin de soutien des enfants.
11) L’EEGED exige que l’enfant soit considéré comme tel et non réduit au seul statut d’élève.