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École : comment le Luxembourg va gérer les plus petits


L'une des pistes évoquées pour la rentrée du 25 mai est de créer des très petits groupes chez les plus petits (Photo d'illustration : AFP).

L’école reprendra le 25 mai dans des conditions exceptionnelles que le ministre de l’Education nationale a présentées mardi en détails, notamment concernant les cycle 1.

L’école va reprendre doucement. Pas question pour Claude Meisch de décréter des vacances scolaires à rallonge jusqu’à la rentrée de septembre et de sacrifier les écoliers à la pandémie. Le ministre de l’Éducation nationale veut limiter les retards et permettre à tous les enfants de mettre toutes les chances de leur côté pour se développer au mieux. «Je veux que les enfants puissent repartir à zéro à la rentrée de septembre et qu’ils ne traînent pas pendant deux ans de leur scolarité les effets de la pandémie», a-t-il indiqué.
Le père de famille s’inquiète des dégâts psychiques que l’absence de contacts peut provoquer chez les enfants, c’est pourquoi les cours doivent reprendre. «Même s’il ne reste que quelques semaines de cours, la présence à l’école est importante, car l’apprentissage à distance, malgré l’engagement des parents et des enseignants, ne fait pas tout. L’ordinateur peut remplacer beaucoup de choses, mais pas le contact direct avec l’enseignant ou le contact social avec les camarades de classe. Les enfants en ont besoin aussi», a estimé Claude Meisch. En ce moment, ils n’ont plus accès à tout ce dont ils ont besoin pour se développer de manière saine et donc il est important d’avancer pas à pas vers une normalité qui convient aux enfants.»

Autant il était impératif de fermer les écoles pour sauver les plus vulnérables, assure-t-il, autant il est à présent vital de rouvrir les écoles pour préserver les enfants. L’école va donc reprendre le 25 mai prochain, une semaine avant les vacances de Pentecôte. Seuls 25 % des cours habituels seront assurés et donc obligatoires. Le reste du temps, les écoliers seront à l’étude ou dans des structures d’accueil. Les classes devant être divisées par deux en raison des mesures de sécurité et d’hygiène, les capacités des écoles seront donc doublées. Cela signifie plus de salles où placer les écoliers et plus de personnel pour les encadrer. Un tiers en tout.
Fermer les écoles aurait été une décision difficile, selon Claude Meisch, le ministre de l’Éducation nationale. Les rouvrir serait une tâche très complexe. Après mûres réflexions et prises de conseil, notamment auprès du Syvicol (le syndicat des communes), le ministère de l’Éducation nationale a décidé de diviser les classes en deux groupes (A et B). Une semaine sur deux, chaque groupe suivra des cours en matinée et ira dans des structures d’accueil l’après-midi. L’autre groupe ira à l’étude le matin pour y faire des devoirs et l’autre à l’accueil. L’étude et l’accueil seront facultatifs. Tout comme l’enseignement précoce.

Le ministère va assurer

La semaine du 25 mai, les écoliers iront tous à l’école en matinée dans leurs groupes respectifs. Ils seront préparés à la reprise des cours après les vacances de Pentecôte et la pandémie fera l’objet de discussions «pour éviter les traumatismes» et «voir comment ils ont appréhendé cette situation si particulière et comment chacun peut dépasser cet épisode». Ce sera alors l’occasion de leur rappeler l’importance des gestes barrières et du port du «buff» ou foulard qui leur sera remis.
Des formulaires électroniques vont être envoyés aux familles aujourd’hui. En fonction des réponses, le ministère et les communes pourront ensuite former les groupes selon certaines règles et déterminer les besoins matériels et humains pour garantir cette reprise des cours. Un sacré défi pour les communes qui vont devoir trouver des locaux et le personnel éducatif suffisant pour assurer les cours et l’accueil. Les transports scolaires devront également être revus. Le gouvernement prendra à sa charge la totalité des coûts occasionnés.
«Nous serons en mesure d’assurer la plupart des groupes d’accueil, mais nous sommes également conscients qu’il existe des différences entre les équipements des différentes communes de sorte que nous ne pourrions pas être en capacité d’assurer un service ou un autre, prévient le ministre. Dans ce cas, le congé pour raisons familiales sera prolongé.»
Pour assurer la reprise, le ministère de l’Éducation nationale envisage de puiser dans le vivier de l’enseignement pour adultes qui n’a pas encore repris, des étudiants et des stagiaires de l’université du Luxembourg, ainsi que des animateurs diplômés ou des personnels des crèches qui ne sont pas encore en activité.

Le cycle 1 a aussi droit à l’éducation

L’école reprend également pour les bambins du cycle 1. La décision a été prise après de nombreuses interrogations du ministère et de ses partenaires. «Nous sommes d’avis que les enfants du cycle 1 ont aussi droit à l’éducation. Les premières années de la vie sont déterminantes pour l’évolution de l’enfant. Il n’est donc pas question de ne pas reprendre les cours ou de les rendre facultatifs», indique le ministre. Il ne s’agit pas de semaines d’école en plus ou en moins sur un cursus, mais il faut réaliser que de mars à septembre, pendant six mois, ces enfants n’auront plus été à l’école. Pour une majorité d’entre eux, cela signifie plus de contact avec la langue luxembourgeoise alors que l’année suivante, ils seront alphabétisés en allemand. Nous ne pouvons tirer un trait sur toutes les compétences qui sont délivrées aux enfants lors du cycle 1.»

Ce retour en classe présente cependant une difficulté qui ne se pose pas pour les cycles supérieurs, celle des gestes barrières et des mesures d’hygiène. Comment les faire appliquer aux bambins en permanence? Le ministère est en train d’élaborer d’autres moyens de protéger ces écoliers sans entraver leur joie de se retrouver et de jouer ensemble. «Une des pistes à l’étude serait de créer de très petits groupes isolés de l’extérieur un maximum pour pouvoir fonctionner de manière plus familière à l’intérieur du groupe, un peu comme en famille, et renoncer aux gestes barrières», explique Claude Meisch. Les petits enfants ont aussi droit à l’éducation et il est de notre devoir de le faire respecter.»
Reste à présent à gommer les peurs éventuelles des enfants de quitter le cocon familial ou de retourner à l’école et de les encourager à retourner à un peu de normalité.

Sophie Kieffer