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Droits sociaux : le front anti-austérité s’organise


Au micro, le président de la Confédération européenne des syndicats , Rudy De Leeuw, a fustigé les politiques d'austérité pratiquées en Europe. (photo Tania Feller)

Le Conseil syndical interrégional de la Grande Région (CSIGR) a planché, mercredi, sur le socle européen des droits sociaux proposé par la Commission européenne.

Cela aura peut-être échappé à certains, mais la Commission européenne a émis, le 8 mars dernier, un projet de socle européen des droits sociaux. Une consultation a été ouverte pour recueillir les avis et propositions de chacun, et les syndicats trouvent que la Commission de Jean-Claude Juncker est bien frileuse en matière de droits sociaux au niveau européen. L’enjeu est important, puisqu’il s’agit d’établir des droits sociaux au niveau des (bientôt) 27 États membres, et de les garantir à tous les travailleurs résidant dans l’Union européenne.

C’est donc dans ce cadre qu’un séminaire a été organisé mercredi à Remich par le Conseil syndical interrégional de la Grande Région en présence de Rudy De Leeuw, le président de la Confédération européenne des syndicats (CES), qui souhaite garantir de solides droits sociaux dans une Europe secouée par la crise : «Après la crise financière a suivi une crise politique avec la montée des populistes un peu partout qui proposent des solutions d’arrière-garde et des politiques d’austérité autoritaires. L’Union européenne est à la croisée des chemins : ou nous allons vers une Union plus sociale ou nous risquons tout simplement de disparaître.»

Les syndicats ont élaboré une réponse à la Commission en faisant leur propre contre-proposition en trois points. «Nous voulons que soit inscrite la création d’emplois de qualité et durables. Nous voulons également un renforcement des droits sociaux avec une clause de non-régression. Puis enfin, dans un dernier point, nous voulons des augmentations salariales», énumère le président de la CES.

Augmentation générale des salaires

Et la priorité en 2017 va être mise sur le dernier point soit l’augmentation des salaires, dès janvier 2017, avec une action des différents syndicats. Et à travers cette demande d’augmentation générale des salaires, les syndicats s’attaquent de front à la politique d’austérité qui, selon eux, a dégradé la politique sociale des pays européens : «Nous allons obliger les employeurs à innover à travers ces augmentations de salaire. Il faut pour cela mettre fin aux politiques d’austérité. Dans les dix ans, nous voulons que 2% du PIB soit investi pour rénover les infrastructures publiques, le secteur de la santé ou de l’éducation. Il faut développer les acquis sociaux dans un contexte de lutte contre le changement climatique», a poursuivi Rudy De Leeuw.

Côté luxembourgeois, on abonde dans ce sens malgré des salaires plus hauts que la moyenne en Europe : «Nous avons pour revendication d’augmenter le salaire minimum de 20%», a déclaré Jean-Claude Bernardini, le président du CSIGR. Pour rappel, le salaire minimum (brut) non qualifié au Luxembourg est actuellement de 1 922,96 euros par mois. Avec une augmentation de 20%, cela équivaudrait à un salaire minimum non qualifié de 2 307,56 euros.

Audrey Somnard