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Droit des femmes : «la dégringolade !»


Les militantes de la plateforme JIF ont aussi dénoncé une atteinte au droit de manifester dans la capitale.

Justice salariale et réduction du temps de travail : les revendications féministes à l’occasion du rendez-vous international du 8 mars demeurent les mêmes, faute d’avancée sociale satisfaisante.

Troisième année de pandémie, troisième grève des femmes.»  Le 8 mars prochain se tiendra en effet la journée internationale des Droits des femmes et à cette occasion, la plateforme JIF organisera sa troisième Grève des femmes, à partir de 17 h, place de la Gare à Luxembourg, pour rappeler que l’égalité entre les sexes est encore loin d’être acquise.

Au contraire, la pandémie semble même avoir aggravé la situation : «C’est la dégringolade générale !», ont dénoncé les féministes à l’occasion d’une conférence de presse, ce lundi 7 février. «Pratiquement aucune avancée sociale !» : sans surprise, la crise a en effet conservé les inégalités de sexe et de genre, mais l’inertie politique a contribué à ce que les femmes soient surexploitées et surexposées aux risques sanitaires, se sont-elles indignées.

«Rien n’a changé, donc nos revendications restent les mêmes, sauf qu’elles sont maintenant encore plus urgentes», a déclaré Line Wies. «La crise sanitaire a augmenté la charge mentale de tout le monde, mais tout particulièrement celle des femmes, dont le travail gratuit a explosé : ce sont elles qui se sont chargées majoritairement de la garde des enfants, du home schooling, et elles ont assuré les activités économiques essentielles. Elles ont partout été en première ligne. Résultat : plus de 40 % d’entre elles souffrent de conflits de non-conciliation entre vie privée et travail.»

La plateforme JIF continue donc de militer pour plus de justice salariale. Car l’inégalité salariale existe bel et bien au Luxembourg : le 5 décembre 2021 marquait le «unequal pay day» au Luxembourg, date à partir de laquelle les femmes ont travaillé gratuitement.

Elles gagnent d’ailleurs toujours 7,2 % de moins que les hommes. Ce sont aussi elles qui travaillent majoritairement à temps partiel, souvent pour prendre soin du foyer, avec les conséquences que cela représente en termes de revenus et de retraite. «Elles ne travaillent pas moins, elles travaillent seulement moins d’heures payées !», a rappelé Line Wies.

À cet égard, la JIF milite aussi pour une réduction du temps de travail, sans baisse de salaire, citant l’exemple de l’Islande qui a effectué un test à grande échelle de 2015 à 2021 en passant à la semaine de 4 jours (sur base de 35 heures semaine) et dont les résultats ont été tout à fait concluants, tant au niveau de la productivité que du bien-être au travail. «L’économie ne s’est pas effondrée, cela permet de créer plus d’égalité et plus de temps pour participer à des activités socialement utiles. C’est aussi une forme de richesse.»

Droit de manifester restreint

Sans surprise, l’accès au logement ne s’est guère amélioré non plus depuis la première Grève des femmes, le droit au logement reste donc au cœur des revendications, tout comme le congé de naissance de trois mois pour toutes et tous, duquel sont exclus les pères (qui n’ont que 10 jours), mais aussi la conjointe du même sexe (sauf en cas d’adoption).

Enfin, les militantes demandent une lutte plus appuyée contre les violences physiques ou psychologiques faites aux femmes, avec pour cela, entre autres, la mise en place de statistiques qui font cruellement défaut au Luxembourg, la reconnaissance du féminicide dans le code pénal et l’imprescriptibilité des crimes.

Les militantes espèrent que leur voix sera entendue le 8 mars, même si, «cerise sur le gâteau», leur droit de manifester s’est vu réduit dans la capitale : en raison de certains rassemblements qui ont dégénéré, la police et la Ville de Luxembourg délimitent désormais un périmètre de manifestation.

«Un scandale !» pour Michelle Cloos : «Cette convention (NDLR : entre la Ville et la police) a ouvert une boîte de Pandore et constitue une attaque au droit fondamental de manifester. Profiter de cette convention pour assimiler au futur toutes les organisations qui souhaitent organiser des manifestations dans la capitale à des organisations antidémocratiques est inacceptable et dangereux pour notre État de droit.»

Le détail des revendications est à retrouver sur le site entièrement refondu fraestreik.lu

Les hommes solidaires

Oui, on peut être un homme et être féministe ! Un groupe de travail des masculinités, ou «hommes solidaires», a même récemment intégré la plateforme JIF (voir notre édition du 25/11/21). Ce groupe organise des discussions portant sur les problématiques féministes et le patriarcat, ainsi que des échanges autour de lectures communes.

Une manière d’afficher un soutien public et officiel des hommes à la lutte féministe et de donner la voix à d’autres que ceux qu’on entend le plus dans les discours publics : les antiféministes, qu’ils soient réactionnaires, masculinistes ou misogynes. Car il existe des hommes qui partagent les revendications libératrices des féministes et veulent établir cette égalité entre les sexes à laquelle ils croient.

D’autant plus que la lutte féministe peut aussi s’avérer émancipatrice pour les hommes : le système patriarcal leur impose en effet des comportements et les cantonne également à une place bien particulière à laquelle il leur est difficile de déroger.

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