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Drogues : la consommation recule au Grand-Duché


La quasi-totalité des décès par surdosage de drogues implique la consommation d'héroïne, dont la qualité baisse d'ailleurs sensiblement. (illustration Editpress)

Le rapport Relis 2015 donne les dernières tendances, globalement positives, de la consommation de drogues au Grand-Duché. Mais le combat est loin d’être terminé, car le «marché» est en train de muter.

Une tendance à la baisse

Globalement, la consommation de drogues au Luxembourg affiche une tendance à la baisse depuis le début du XXe siècle, indique le dernier rapport Relis (Réseau luxembourgeois d’information sur les drogues et les toxicomanies). Du moins, en pourcentage de la population totale, qui a fortement augmenté sur cette période. Car en valeur absolue, il en va évidemment autrement. Ainsi, en 2014, le nombre d’usagers problématiques de drogues (UPD) recensés par les institutions sanitaires et répressives se chiffrait à 5 806, soit 23% de plus qu’en 2002.

Il faut dire que la prise en charge s’est améliorée : les traitements extrahospitaliers et les traitements de substitution ont gagné du terrain, ce qui a permis au Luxembourg d’offrir la meilleure couverture nationale en matière de traitement de substitution au sein de l’UE !

Malheureusement, la polyconsommation (consommation de multiples drogues) est devenue la norme chez les usagers de drogues. On observe une augmentation des personnes en contact avec les institutions nationales en raison de problèmes liés à l’usage du cannabis, et une hausse au niveau de l’injection de stimulants (en particulier de la cocaïne, actuellement très disponible, et se substituant partiellement à l’injection d’héroïne).

L’âge moyen des usagers recensés est passé de 28 ans et 4 mois en 1995 à 32 ans et 3 mois en 2014. Celui des usagers luxembourgeois est inférieur à celui des non-Luxembourgeois. À souligner enfin que les usagers de drogues illicites ont tendance à entrer en traitement de façon plus précoce, notamment grâce à une meilleure prise en charge.

Les drogues tuent toujours

L’exécution des plans d’action nationaux en matière de drogues et de toxicomanies a été accompagnée d’une baisse notable des décès par surdosage au Grand-Duché (27 cas en 2007 et 8 cas en 2014). La quasi-totalité des décès impliquait la consommation d’héroïne. Depuis l’ouverture de la première salle de consommation supervisée de drogues jusqu’à la fin de l’année 2015, quelque 1 900 incidents de surdosage ont été gérés et aucune surdose prise en charge à l’intérieur de cette structure d’accueil n’a connu une issue fatale.

En termes épidémiologiques, le taux d’infection au VIH au sein de la population des UPD se situe autour de 4%.

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Le «marché» se réorganise

On note une tendance générale à la baisse des quantités saisies d’héroïne, de cocaïne et de cannabis depuis 2010, malgré toutefois une hausse pour ces trois substances en 2014. Le nombre de saisies, lui, a augmenté de façon discontinue depuis 1990 en ce qui concerne le cannabis et depuis 2010 pour la cocaïne, alors que pour l’héroïne il diminue. Le nombre total de personnes impliquées dans des infractions de détention de drogues augmente (2000 : 1 758; 2013 : 2 069; 2014 : 2 816).

Au cours des dernières années, des réseaux de distribution mieux organisés ont vu le jour sur le plan national, note encore le rapport. L’expansion de ces réseaux plus structurés a contribué à une hausse sensible de la disponibilité de drogues illicites, particulièrement en ce qui concerne l’offre de cocaïne. Les nouvelles drogues synthétiques et produits associés sont également en progression.

Les vendeurs de drogues sont plus prudents : «les stratégies et techniques de vente de drogues au détail impliquent plusieurs acteurs avec des tâches bien définies afin de réduire les risques liés au trafic», peut-on lire. Par ailleurs, «les réseaux de vente œuvrent à délocaliser leurs points de vente vers des endroits moins visibles aux forces de l’ordre, tels qu’appartements privés ou cafés». Et le marché local a la cote : actuellement presque 50 % des usagers s’approvisionnent en drogues illicites exclusivement au Luxembourg, alors que cette proportion représentait seulement 15% en 2008.

La qualité baisse

Par rapport à la situation en 2006, la pureté de la cocaïne a baissé et des variations remarquables de la pureté de l’héroïne ont été observées au cours des dernières années. Le rapport recommande également de suivre attentivement les variations importantes au niveau des concentrations maximales de THC dans différentes variétés de cannabis saisies ces dernières années. L’apparition de nouvelles drogues de synthèse constitue un autre phénomène particulièrement inquiétant.

Enfin, les prix de l’ensemble des drogues illicites vendues sur le marché national ont connu au cours des dernières années des marges de plus en plus importantes, ce qui n’est certainement pas étranger aux fluctuations de la qualité des drogues et à la diversification des réseaux de trafiquants, conclut le rapport.

Romain Van Dyck

Le budget « drogues » a explosé

Réduire la demande et réduire l’offre : voici les deux piliers du plan national de lutte contre les drogues et les addictions. Deux piliers qui se divisent en quatre axes prioritaires : la réduction des risques, dommages et nuisances; la recherche et l’information; les relations internationales et les mécanismes de coordination.

Pour mener à bien ces objectifs, le ministère de la Santé a revu ses moyens à la hausse : le budget global du ministère de la Santé alloué aux services et programmes du domaine des drogues et des toxicomanies est passé de 2 millions d’euros en 2000 à 11 millions en 2014 (+430%).

Le plan d’action gouvernemental 2010-2014 en matière de lutte contre les drogues a été évalué, évaluation qui a servi à l’élaboration du plan d’action drogues et addictions pour 2015-2019.