Alors que la Chambre des députés débat ce mercredi sur l’obligation vaccinale, les soignants continuent à appeler la population réticente à se faire vacciner.
Marco Klop est médecin anesthésiste aux Hôpitaux Robert-Schuman. Il est à l’origine du mouvement #YesWeCare qui défend les mesures sanitaires et promeut la vaccination (lire encadré). Il partage son point de vue sur les débats actuels menés autour de la vaccination.
Pensez-vous qu’il faille rendre la vaccination obligatoire ?
Marco Klop : Le propos peut être nuancé parce qu’Omicron change un peu la donne : il est plus contagieux, mais moins létal, on constate qu’il y a moins de personnes en soins intensifs. S’agit-il de l’effet du vaccin ou le virus commence-t-il à se fatiguer ? En tout cas, il peut quand même provoquer des formes graves et des décès ! Seule la vaccination peut mettre vraiment fin à la pandémie.
De plus, il s’agit d’éviter de surcharger les hôpitaux. C’est d’ailleurs pour cela que l’on a pris toutes ces mesures restrictives, telles que le port du masque ou la limitation de nos sorties. Il suffit de regarder ce qui s’est passé en Italie ou en France dans le Grand Est : les opérations étaient toutes reléguées à une date ultérieure parce que les hôpitaux étaient remplis de patients atteints du Covid.
Il y a deux ans, on ne pouvait rien faire d’autre, mais maintenant nous avons le vaccin. Selon moi, c’est une aberration de refuser ce vaccin qui a sauvé beaucoup de personnes ou d’en avoir peur. Je crois donc que l’obligation vaccinale est nécessaire. Cela ne changera rien à la situation actuelle, car avec Omicron le risque est moindre, mais cela va changer la donne pour l’automne prochain, lorsqu’il y aura une recrudescence.
Vous pensez donc que nous n’en avons pas terminé avec le coronavirus ?
C’est ce qui se passe depuis deux ans : les scientifiques avaient prévenu que les mois d’été seraient plus calmes, mais qu’ensuite les infections reprendraient. C’est comme la grippe, qui revient chaque automne-hiver. Je ne vois pas pourquoi le SARS-CoV-2 ne reviendrait pas.
Je n’aime pas faire de prédictions, mais je me réfère simplement aux variations saisonnières de ces virus. La logique voudrait donc qu’en automne, on ait de nouveau une recrudescence de ce virus.
Que répondez-vous aux personnes qui estiment que leur liberté est atteinte avec la mise en place du Covid Check et d’une possible vaccination obligatoire ?
À ce moment-là, ils devraient être aussi contre la ceinture de sécurité dans les voitures ou contre la limitation de vitesse ! Ce sont des réactions égoïstes. Les questions à se poser sont : dans quelle société vivons-nous et pourquoi est-elle devenue ainsi ? Pourquoi peut-on rouler par exemple ? Parce qu’on paye des impôts et que l’État a construit des routes. Il en va de même avec le système de soins, qui repose sur la solidarité. Il faut une solidarité globale.
Si ces gens n’acceptent pas d’être solidaires, dans ce cas sont-ils prêts à refuser la solidarité en cas de maladie ? Peuvent-ils garantir qu’ils accepteront de se faire traiter à la maison au moyen de l’hydroxychloroquine s’ils sont contaminés afin de laisser la place aux autres malades? On constate que la plupart des personnes en soins intensifs ne sont pas vaccinées.
Quand je vois qu’un ancien député (NDLR : Jean Huss, dans Le Quotidien du 18 janvier) prône la vitamine D, cela montre qu’il n’a rien compris ! Moi, quand je ne comprends pas, je me tais, je fais confiance aux scientifiques. Surtout qu’il s’agit là d’une personnalité publique.
Je crois que l’obligation vaccinale est nécessaire
Que pensez-vous de la recommandation des experts de l’Association des médecins et médecins-dentistes du Luxembourg (AMMD) de limiter l’obligation vaccinale aux plus de 50 ans, aux personnes à risque et au personnel soignant ?
Cela dépend : est-ce qu’on veut stopper le virus ou limiter les formes graves ? Si on regarde au niveau strictement médical, c’est une mesure convenable. Mais cela ne changera rien au niveau économique. Ceux qui ne se font pas vacciner sont pour la plupart dans la fleur de l’âge et financent donc le système de santé, c’est ce qui lui permet de fonctionner, c’est le système Bismarck.
Dans ce cas, il faut alors au moins vacciner la population qui travaille. Sans compter que la situation crée une discrimination positive vis-à-vis des non-vaccinés : ils peuvent chômer tandis que les personnes vaccinées doivent aller travailler. Il ne faut pas encore plus cliver la société.
Un appel des antivax avait été lancé pour manifester lundi devant les Hôpitaux Robert-Schuman au Kirchberg, qui n’a finalement pas été suivi. Quelle est votre réaction face à cet appel au rassemblement devant un hôpital ?
C’est lâche. S’en prendre à un système qui est là pour soigner, qui est là pour le bien de tout le monde… Bien que la manifestation n’ait pas eu lieu, le seul fait de l’annoncer a causé des tracas. En outre, peut-être que certaines personnes ont préféré ne pas se rendre à l’hôpital ce jour, en raison d’une certaine insécurité. Et si cette manifestation avait eu lieu, cela aurait pu bloquer l’accès aux soins.
C’est comme bloquer une autoroute quand il y a un accident ! Ces personnes ne comprennent rien. Ils veulent manifester pour quoi ? On l’a vu lors des derniers rassemblements : ils ont menacé les policiers de manifester tous les jours et tous les week-ends pour qu’ils n’aient plus de congés. C’est de la haine ! Ceux qui refusent le vaccin sont des « covidiots », des ignorants qui refusent tout progrès.
Ils pensent que les vaccins sont nocifs, or les vaccins ont fait avancer le monde. Ils veulent laisser faire la nature, mais si la nature est belle, elle est aussi cruelle. Les virus tuent des bébés ! Si nous avons une espérance de vie en Europe d’environ 80 ans, c’est grâce aux progrès de la médecine !
Entretien avec Tatiana Salvan
Minute de silence
Afin de sensibiliser la population à la vaccination et de rappeler l’impact du Covid sur les établissements de soins, Marco Klop a initié fin novembre la tenue tous les jeudis d’une minute de silence par les soignants devant leurs institutions. Le mouvement, baptisé #YesWeCare/#ImpfeWierkt, se poursuit et est «de plus en plus suivi», a assuré le médecin anesthésiste.
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mon dieu, plus on entend parler ces gens, plus on a peur de mettre les pieds dans un hôpital
Les antivax ne mée-rutent que des insultes!
On attendrait de ce médecin des arguments scientifiques appuyés, et l’on récolte des insultes dignes d’une cour de récréation ! Essayez encore, Monsieur Klop, vous finirez bien par sortir quelque chose qui ressemble à une pensée, et pas à de la propagande !