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Diekirch : Maggy Nagel aurait dû classer quatre bâtiments d’intérêt national


Quatre bâtiments situés dans le quartier Ouest de Diekirch auraient dû être protégés. Les deux maisons visibles sur cette photo ont malgré tout déjà été démolies : le 34 rue Muller-Fromes et le 2 rue du Dr A.-Mambourg. (photo DR)

Cinq habitants de Diekirch avaient attaqué une décision de Maggy Nagel, alors ministre de la Culture et du Logement, de ne pas inscrire quatre immeubles de la commune à l’inventaire supplémentaire des monuments nationaux, malgré un avis unanime de la commission dédiée. Le tribunal administratif vient de leur donner raison.

Le recours conduit par cinq Diekirchois va peut-être sauver deux bâtiments de la destruction, contre l’avis du gouvernement et de la Ville. Petit retour en arrière. Le 5 septembre 2012, la Commission des sites et monuments nationaux propose à l’unanimité l’inscription de cinq immeubles de la commune sur l’inventaire supplémentaire des monuments nationaux, « pour leur intérêt historique, national et local ainsi que pour leur valeur architecturale et esthétique », constatant que tous ces immeubles font partie « d’un même ensemble, témoignant de l’histoire sociale », un ensemble jugé « authentique et rare surtout pour cette région ».

Mais de ces cinq immeubles, situés 1 et 2 rue Dr. Albert Mambourg, 34 et 36 rue Victor Muller-Fromes et 13 rue des Fleurs, le ministre de la Culture de l’époque, Maggy Nagel (DP), décide étrangement de n’en classer qu’un seul, le dernier cité (lire encadré ci-dessous), par arrêté du 25 février 2014. Dès le 2 janvier 2014, la ministre écrit au bourgmestre de Diekirch pour l’informer de cette décision, la justifiant par la volonté de « ne pas empêcher ou retarder le remplacement des quatre autres (bâtiments) par des constructions nouvelles ». Des bâtiments qui appartiennent tous à la Société nationale des habitations à bon marché (SNHBM).

Un aveuglement de la ministre de la Culture et du Logement

C’était sans compter sur le recours introduit en mai 2014 par cinq habitants du quartier visant à annuler l’arrêté ministériel. Un an et demi plus tard, le 16 décembre dernier, le tribunal administratif leur a donné raison, estimant notamment que le gouvernement n’avait pas motivé sa décision.

Pour l’avocat des habitants, Me Jean-Jacques Schonckert, il s’agit d’une victoire de taille face à la volonté de la ministre de la Culture, également ministre du Logement, « de sacrifier la conservation du patrimoine national sur l’autel de la politique du logement ». Et de déplorer un « aveuglement » qui a également « frappé les responsables communaux dans la mesure où ceux-ci ont autorisé la démolition des immeubles en question », en dépit du recours introduit entretemps par les habitants.

Trois immeubles encore à sauver

Heureusement, se félicite Me Schonckert, seuls deux des cinq immeubles ont été détruits jusqu’ici. Il en resterait donc trois à sauver de la disparition (dont le 13 rue des Fleurs). Chose que le tribunal ignore a priori, celui-ci affirmant dans sa décision que tous les bâtiments concernés ont déjà été démolis. Pour dissiper ce malentendu, Me Schonckert a saisi le tout nouveau ministre de la Culture (Xavier Bettel) et son secrétaire d’État (Guy Arendt) afin de garantir la sauvegarde de ce patrimoine.

« Mes clients cultivent l’espoir que la nouvelle équipe dirigeante culturelle fera sien de l’avis initial de la Commission des sites et monuments nationaux qui n’a rien perdu de son actualité, écrit Me Schonckert. Une décision dans ce sens aura encore valeur de signal envers les autorités communales du pays et en particulier celles de la Ville de Diekirch que toute politique du bulldozer au détriment du patrimoine culturel et national – comme cela se voit malheureusement encore à beaucoup d’autres endroits à travers le pays– se verra opposer une analyse approfondie, méticuleuse et sincère des autorités culturelles et autres compétentes. »

Le Quotidien / S.A.

« Une réinterprétation d’un langage architectural traditionnel »

Voici comment la ministre de la Culture, Maggy Nagel, justifiait l’inscription du 13 rue des Fleurs à l’inventaire supplémentaire des monuments nationaux, dans un arrêté du 25 février 2014 :

« L’immeuble sis 13, rue des Fleurs a été construit autour de 1940, par la Société nationale des habitations à bon marché. Il s’agit d’un immeuble collectif érigé dans un style néobaroque. Non seulement le décor architectural mais aussi le gabarit reprend et s’inspire de l’architecture traditionnelle. En effet, le volume est simple, sur plan rectangulaire, avec un toit à deux pans. La façade qui est agencée de manière symétrique s’élève sur deux niveaux. Les encadrements des ouvertures, en pierre de taille, ont des linteaux en arc segmentaire avec une clé de voûte au rez-de-chaussée (…). L’immeuble qui est conservé dans son authenticité, témoigne de l’histoire sociale de la région et du pays. La maison illustre un renouveau et une réinterprétation d’un langage architectural traditionnel, avec un gabarit et des façades bien proportionnées. L’immeuble mérite d’être protégé en raison de son intérêt historique, national et local, ainsi que pour sa valeur architecturale et esthétique. »