L’arsenal anti-Covid ajusté a obtenu, mardi, le feu vert de la Chambre. Les différentes mesures de précaution vont rester en vigueur jusqu’au 31 décembre. De nouvelles adaptations ne sont toutefois pas exclues.
Nous nous trouvons dans une période critique», juge la ministre de la Santé, Paulette Lenert. Depuis plusieurs jours, le nombre de nouvelles infections au coronavirus connaît un net rebond. «Le risque d’une recrudescence existe tant que la pandémie perdure. Il n’y a cependant pas lieu de céder à la panique», ajoute la ministre au bout du débat à la Chambre des députés sur l’ajustement et la prolongation de l’arsenal anti-Covid.
Le gouvernement ne compte pas se laisser presser par une tendance qui doit encore se confirmer. Même si elles sont réclamées par le CSV, des mesures plus sévères, telles que le port du masque obligatoire dans les parcs ou dans les rues, restent pour l’instant exclues. «On est toutefois engagé dans une course contre la montre», déplore Claude Wiseler. La ministre rétorque en soulignant que «la flexibilité doit rester de mise». «Il faut rester patient. La rentrée constitue un moment critique. D’ici deux à trois semaines, on pourra mieux évaluer si les mesures prises doivent être renforcées», note Paulette Lenert.
Di Bartolomeo victime de menaces
L’obligation serait non seulement «de continuer à maîtriser le virus», mais aussi de «garder la coopération des citoyens». Si la solidarité «de la très grande majorité des gens» est toujours présente, une certaine contestation n’est plus à nier. Mars Di Bartolomeo, le rapporteur de la loi Covid, en est une première victime. «Je suis bouleversé, lance le député socialiste. Ces deux derniers jours, j’ai été confronté à de nombreux appels téléphoniques anonymes d’une agressivité et d’une vulgarité que je n’ai jamais vécues tout au long de ma longue carrière politique. Ma famille et moi-même avons été menacés.» Une enquête a été ouverte.
Au niveau de la direction de la Santé, les plaintes sont aussi en hausse. Jusqu’à présent, 102 amendes ont été dressées contre des établissements Horeca, dont 22 récidivistes. Deux affaires concernant une amende et une troisième portant sur une mise en quarantaine se sont retrouvées devant la justice.
Pour Claude Wiseler (CSV), le manque de précision et de cohérence de la loi Covid «fait que les citoyens ne s’y retrouvent plus», du moins dans le cas des contestations «civilisées». Le texte adopté mardi prévoit toute une série de clarifications en ce qui concerne notamment l’isolement et la quarantaine. «C’est la première fois que nous pouvons être d’accord avec les dispositions revues et corrigées», estime de son côté Marc Baum (déi Lénk). «Mieux vaut faire un petit pas dans la bonne direction que de ne pas avancer du tout», complète Sven Clement (Parti pirate). Toujours dans le camp de l’opposition, l’ADR fustige, comme depuis le début, l’«entrave aux droits fondamentaux» et remet désormais en question l’utilité du port du masque (lire ci-dessous). «Le moral des gens et les revenus des commerces pourraient aussi être plombés si les restrictions restent de vigueur pendant le mois de décembre», fait encore remarquer Jeff Engelen.
35 oui, 4 non, 21 abstentions
En fin de compte, seul l’ADR a voté contre la version ajustée de la loi Covid. Le CSV s’est abstenu, les partis de la majorité (DP, LSAP, déi gréng) tout comme les élus déi Lénk et pirates ont voté pour. Résultat des courses : 35 voix pour, 21 abstentions et 4 voix contre.
Comme annoncé par la ministre de la Santé, la troisième version de l’arsenal anti-Covid pourrait encore évoluer dans les semaines à venir. «Le gouvernement refuse d’agir sur une série de points importants. Si l’évolution de la situation se confirme, nos propositions vont finir par être adoptées», pense pouvoir prédire Claude Wiseler.
Le Conseil de gouvernement va se pencher ce matin sur la situation sanitaire. En début d’après-midi, le Premier ministre, Xavier Bettel, et la ministre de la Santé, Paulette Lenert, vont notamment présenter les chiffres concernant les plus de 660 infections comptabilisées lors de la semaine écoulée.
David Marques
Nouvelles mesures et précisions
ISOLEMENT Une personne ayant contracté le coronavirus doit respecter un isolement de 10 jours au lieu des 14 qui étaient en vigueur jusqu’à présent. La mesure ne pourra plus être prolongée.
QUARANTAINE Les personnes qui étaient en contact rapproché avec une personne ayant contracté le virus (plus de 15 minutes en face-à-face, sans protection) sont placées en quarantaine. Désormais, la personne concernée est invitée à passer un test à partir du 6e jour qui suit le contact (5 jours jusqu’à présent). Dès l’obtention d’un résultat négatif, la quarantaine sera levée.
MASQUE Une simple visière en plastique n’est plus considérée comme une protection suffisante. Des exceptions pour le port du masque sont introduites pour des patients souffrant de certaines pathologies (asthme, etc.).
DONNÉES La direction de la Santé se fera remettre d’office les données des passagers aériens. Ces coordonnées seront utiles pour effectuer le traçage dans le cas où un passager du même vol serait testé positif. Toutes les données (test à grande échelle compris) sont anonymisées au bout de 3 mois.
RÉSERVE SANITAIRE Les pharmaciens et les psychothérapeutes pourront intégrer la réserve sanitaire.
Les mesures qui restent en place
EN PRIVÉ Il est toujours interdit d’accueillir plus de 10 invités à la maison ou dans le cadre d’évènements à caractère privé. À l’intérieur de cette bulle (membres du ménage plus invités), le respect des gestes barrières, la distanciation sociale en tête, est fortement recommandé.
EN PUBLIC Les rassemblements (voie publique, places, parcs, etc.) sont limités à 10 personnes. Il existe toutefois une exception : tout rassemblement ou événement rassemblant plus de 10 personnes est soumis à des obligations (places assises, distance minimale de 2 mètres ou, à défaut, port du masque).
HORECA Les règles de base ne changent pas : distance de 1,5 mètre entre les tables, limitation de 10 personnes par table, service et consommation obligatoires à table, port du masque en cas de déplacement (entrée, sortie, toilettes), port du masque pour le personnel et fermeture à minuit. Le client récalcitrant peut écoper d’une amende de 145 euros. L’exploitant qui ne respecte pas les règles risque lui une amende de 4 000 euros. En cas de récidive, l’amende est portée à 8 000 euros. Il risque également de se voir retirer l’autorisation de commerce pour 3 mois. Il pourra aussi être privé des aides publiques déjà accordées.
PORT DU MASQUE La protection buccale est toujours obligatoire dans les transports publics et dans tous les lieux accueillant du public (commerces, administrations, etc.). La visière en plastique n’est plus tolérée.
SPORT Les spectateurs peuvent assister aux compétitions à condition de respecter une distance de 2 mètres ou de porter un masque. Dans les buvettes, les règles Horeca sont d’application.
FOIRES Lors de foires, salons et marchés, le port d’un masque est obligatoire à tout moment pour les exposants et pour les visiteurs lorsqu’une distance interpersonnelle de 2 mètres ne peut pas être respectée.