Depuis 30 ans, le Luxembourg intervient au Sénégal à travers divers projets concrets. Visite sur le terrain à Mbour, au sud de Dakar.
L’ambulance financée grâce au soutien luxembourgeois a déjà plusieurs milliers de kilomètres au compteur. Depuis quelques années, cette ambulance sillonne les routes de la région de Mbour et de Thiès, au sud de Dakar.
Au moins 30 km tous les jours. Elle va à la rencontre des personnes fortement stigmatisées. Généralement entre 17 h et 3 h matin. Pourquoi à ces heures tardives? «Ce sont les bénéficiaires qui décident de l’heure et du site où on doit s’arrêter», explique le médecin.
Leur population clé, ce sont les toxicomanes et les prostituées. «On peut stationner devant une maison close, une boîte de nuit, devant leurs maisons, mais aussi d’autres sites de prostitution», poursuit notre interlocuteur.
À côté des consultations générales, l’équipe médicale sur roues offre des consultations gynécologiques, urologiques avec le traitement des infections sexuellement transmissibles.
«Il y a aussi des activités que nous faisons le jour pour la population générale ou les femmes en âge de reproduction. Dès qu’on rencontre des pathologies qu’on ne peut pas traiter, nous envoyons les patients dans les structures de prise en charge.»
L’hépatite B en forte prévalence
Si ce projet de clinique mobile a été initié en 2004 et a entretemps été installé dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest, le Luxembourg continue à s’investir en matière d’accès aux soins.
Actuellement Enda Santé, en partenariat avec l’ONG luxembourgeoise Stop Aids Now/Access met en œuvre la troisième phase du projet «Frontières et vulnérabilités au VIH/sida en Afrique de l’Ouest», financé par le Luxembourg.
Ce nouveau projet d’envergure doit s’étirer sur quatre ans. On y retrouve plusieurs acteurs institutionnels luxembourgeois, tels le Luxembourg Institute of Health, le Centre hospitalier de Luxembourg, et le LNS.
Le but : renforcer les capacités dans les soins du HIV/sida, de l’hépatite B et du HPV qui est le papillomavirus.
Trois responsables luxembourgeois étaient de passage lundi à Mbour sur la route vers la région de Casamance. Dans cette province du sud du Sénégal, située en dessous de la Gambie, leur mission est de finaliser la stratégie du projet.
«C’est une demande qui est venue des médecins de Zinguinchor d’avoir un soutien dans le cadre de la prise en charge du VIH, de l’hépatite B et du HPV», indique Henri Goedertz, président de l’ONG San ACCES.
Le Dr Vic Arendt du CHL explique : «L’hépatite B a une très forte prévalence en Casamance avec 10 à 12 % de la population qui est porteuse de ce virus. Certains peuvent développer un cancer ou une cirrhose. Le projet vise à dépister précocement ceux qui risquent de développer des complications et commencer un traitement. Et, par ailleurs, prévenir la transmission du virus de la mère à l’enfant. Quant au papillomavirus, c’est le virus qui est responsable du cancer du col de l’utérus, le premier cancer en nombre et en mortalité au Sénégal.»
Dans le cadre de ce nouveau projet, les Luxembourgeois ne se retrouveront pas forcément physiquement sur le terrain.
«Cela se basera sur des échanges où des personnes du Luxembourg viendront au Sénégal former les personnes, que cela soit des techniciens, les cliniciens ou les infirmières. Et vice versa les Sénégalais viendront chez nous pour être formés», complète Carole Devaux du departement of infection and immunity au Luxembourg Institute of Health.
On l’aura compris. Le Luxembourg n’a pas fini ses investissements sur le terrain. «On parle de 30 ans d’aide au développement au Sénégal. Pendant cette période, elle s’est tellement développée qu’on peut aujourd’hui intégrer d’autres volets : l’économie et la politique environnementale», résumait le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Romain Schneider, lundi, en fin de journée.
Ce mardi, au troisième et dernier jour de la visite officielle au Sénégal, la délégation luxembourgeoise visitera dans ce sens, un site affecté par l’érosion côtière à Saint-Louis, au nord du Sénégal.
- 65 millions d’euros pour le PIC IV
Il y a eu le PIC I, le PIC II et le PIC III.
Désormais, c’est le PIC IV qui régira la coopération au développement luxembourgeoise au Sénégal.
Le quatrième programme indicatif de coopération, qui portera sur les années 2018-2022, a été signé, lundi soir, au palais résidentiel par le ministre luxembourgeois Romain Schneider et le ministre de l’Économie et des Finances du Sénégal, Amadou Ba, en présence des deux chefs d’État, le Grand-Duc Henri et Macky Sall.
Il sera doté d’une enveloppe financière de 65 millions d’euros. Ses deux principaux axes sont la santé et la protection sociale ainsi que la formation professionnelle et technique, et l’employabilité.
Retrouvez l’intégralité du dossier consacré à la deuxième journée du Grand-Duc dans votre Quotidien du 23 janvier.
Fabienne Armborst