C’est quoi le Luxembourg ? Plus de 200 banques, trop de voitures et des routes trop petites. Voici comment a été décrit notre pays dans un journal australien en 1995, lorsque Jacques Santer a été nommé président de la Commission européenne.
Une vingtaine d’années plus tard, le Luxembourg étouffe. Il est en train de devenir la victime de son propre succès. En cause, le trafic complètement démesuré. Nous ne connaissons plus d’heures de pointe : chaque heure de la semaine de travail, ou presque, est une heure de pointe ! Rares sont devenus les moments où la circulation est complètement fluide sur nos autoroutes. Dès 7h, les quartiers périphériques (d’habitation, faut-il le préciser ?) de nos villes sont pris d’assaut. Carrefours bloqués, rues locales bouchées. Bonjour la pollution atmosphérique et acoustique, au revoir la qualité de vie.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : ceux de fin 2015 sont des estimations probablement très proches de la réalité. Nombre d’habitants : +69% depuis 1970. Nombre de voitures particulières : +429%. Le Luxembourg est un des pays les plus motorisés du monde. Le nombre de voitures pour 1 000 habitants a plus que triplé en 45 ans, en passant de 212 à 663 voitures. Soit 25% de plus qu’en Allemagne, 27,5% de plus qu’en Belgique et 33% de plus qu’en France.
Travail frontalier : +2 486%. Le trafic frontalier représente un tiers de l’ensemble du trafic observé. Il est vrai que les mesures prises en faveur des transports publics – augmentation du nombre de trains, amélioration de la fréquence de desserte, mise en place de lignes de bus transfrontalières, aménagement d’aires de stationnement park & ride – portent leurs fruits. En même temps, huit frontaliers sur dix continuent de prendre leur véhicule privé pour se rendre au travail. Mais de grâce, ne les accusons pas de tous les maux, car les résidents ont exactement le même type de comportement.
Citius, altius, fortius. Plus vite, plus haut, plus fort. La devise des Jeux olympiques modernes remplace aujourd’hui notre leitmotiv national «Nous voulons rester ce que nous sommes». Ce qui fait le bonheur des garagistes et des promoteurs immobiliers et économiques est devenu un véritable casse-tête pour celles et ceux en charge de l’aménagement du territoire.
Claude Gengler