Au musée national d’Histoire et d’Art, les journalistes rencontraient hier matin le Premier ministre, Xavier Bettel. Puis l’horrible nouvelle est tombée.
Roger Infalt (à g.) hier, aux côtés du Premier ministre, Xavier Bettel. (Photo : Jean-Claude Ernst)
Nous sommes au 5e sous-sol du musée d’Histoire et d’Art de Luxembourg, lieu de rendez-vous traditionnel pour la réception des vœux de nouvel an que le Premier ministre adresse à la presse. Personne n’est encore au courant de l’horreur qui vient de se produire à Paris, dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo. Au micro, le président du Conseil de presse, Roger Infalt, entame son discours en rappelant que 66 journalistes sont morts dans l’exercice de leurs fonctions à travers le monde pour la seule année 2014.
Le Premier ministre qui a eu, lui aussi, une pensée émue pour ces victimes n’avait pas encore eu vent de l’attaque. La nouvelle s’est répandue alors que le vin d’honneur était servi et autant dire que personne n’a voulu y croire au départ. Au 5e sous-sol, certaines connexions passent mal. Mais malheureusement, l’information a vite été confirmée, dès la fin de la réception.
Le drame de Paris, qui porte un coup sévère à la liberté d’expression, n’était donc pas le sujet hier matin à la cérémonie des vœux. Pour autant, d’autres sujets ont été abordés comme le droit d’accès à l’information, l’aide à la presse et la protection des sources.
> Vers une administration plus transparente
La réforme de la loi de juin 2004 sur la liberté d’expression dans les médias est toujours en discussion. La profession espère toujours que l’accès à l’information soit consacré dans ce texte, alors qu’un autre projet est en préparation sur ce thème très précisément. Le Conseil de presse a d’ailleurs reçu en exclusivité l’avant-projet de loi relative « à une administration transparente et ouverte », et en discute avec le ministre Xavier Bettel.
Mais ce dernier rappelle que l’accès à l’information, loin de devoir être limité aux seuls journalistes, doit profiter à tous les citoyens, d’où son hésitation à voir figurer ce droit expressément dans un texte sur la liberté de la presse.
L’avant-projet de loi prévoit, selon certaines sources proches du dossier, que les administrations devront mettre à la disposition des demandeurs tous les documents sauf quand ceux-ci ont trait à la vie privée, au secret des affaires ou à la sécurité de l’État, mais c’est précisément sur ces points que le Conseil de presse veut éclaircir les choses car il semblerait que les restrictions restent encore trop vagues. Autre point de friction : le délai. Alors que les administrations disposeraient d’un mois pour répondre à une demande, ce délai est jugé bien trop long, par les journalistes notamment. Le Premier ministre a garanti que les discussions se poursuivaient et qu’il tiendrait compte des remarques des professionnels.
De notre journaliste Geneviève Montaigu