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Des policiers très remontés contre le gouvernement


Le président du SNPGL, Pascal Ricquier, et le secrétaire général, Jérôme Banchieri, sont montés au créneau, mercredi. (photo Fabrizio Pizzolante)

En colère, le Syndicat national de la police grand-ducale (SNPGL) reproche au gouvernement de ne pas tenir parole dans plusieurs dossiers.

Le long bras de fer avec la direction générale fait désormais place à un conflit avec le gouvernement. Alors que la réforme de la police grand-ducale est en voie de conclusion, le SNPGL a haussé le ton, mercredi, pour dénoncer des inégalités au niveau des carrières et des primes.

Pour le SNPGL, la coupe est pleine. Mercredi, le président Pascal Ricquier et le secrétaire général Jérôme Banchieri sont montés au créneau pour souligner que les policiers ne sont plus prêts à céder au «chantage» du gouvernement. La colère du syndicat est suscitée par plusieurs dossiers dans lesquels les responsables politiques n’auraient pas tenu parole.

Parallèlement à la difficile négociation de la réforme de la police grand-ducale, le SNPGL est depuis plus d’un an confronté à un litige sectoriel avec le gouvernement. Le conflit repose sur une question de grades attribués aux commissaires en chef. Le SNPGL avait saisi l’Office national de conciliation afin de faire reconnaître, au bénéfice de 431 commissaires en chef, la majoration d’échelon pour l’occupation d’un poste à responsabilité particulière. Ce grade a été introduit dans la réforme de la fonction publique validée le 25 mars 2015.

Des actions syndicales annoncées

Au bout de trois réunions de conciliation, un accord a été trouvé en février de cette année. «Contre toute attente», comme le souligne le SNPGL, le gouvernement aurait décidé de reformuler le procès-verbal final «de façon telle qu’il ne reflétait plus du tout l’accord trouvé en date du 16  février». Alors que le gouvernement a proposé une nouvelle réunion avec le SNPGL, le 10  juin, pour évoquer les reformulations, les syndicalistes ne comptent pas donner suite à cette invitation. «Force est de constater que le gouvernement ne tient pas parole et essaye de rectifier l’accord trouvé en conciliation», dénonce le SNPGL dans un communiqué. Le conseil d’administration a décidé par conséquent «de ne plus rediscuter une énième fois l’accord unanime qui avait été trouvé».

L’autre point de discorde majeur entre le SNPGL et le gouvernement concerne l’introduction d’une nouvelle carrière au niveau de la police grand-ducale. Les informations sur la fameuse «carrière B», réservée en principe aux détenteurs d’un diplôme universitaire du type «bachelor», ne seraient dévoilées qu’«au compte-goutte». Le SNPGL se voit donc actuellement dans l’impossibilité de prendre clairement position sur cette nouvelle carrière.

Une chose est néanmoins déjà acquise  : le syndicat va s’opposer, avec tous les moyens, contre l’intention du gouvernement de faire profiter en intégralité la seule police judiciaire de la nouvelle carrière. Les policiers en uniforme devraient connaître bien plus de difficultés à intégrer la nouvelle carrière. «Les ministres Dan Kersch et Étienne Schneider ont désormais laissé entendre que 375  membres de la carrière de l’inspecteur pourraient accéder à la carrière B, et ce suivant divers moyens (voie expresse, changement de carrière). Il faut cependant rappeler que nous sommes 1  700 policiers. Qu’adviendra-t-il des 1  300  policiers restants?», s’interroge le SNPGL dans son communiqué.

Le syndicat souligne la nécessité de parvenir à un accord équilibré. Il ne compte pas en effet accepter «qu’une grande partie de ses membres soit lésée ou défavorisée par l’introduction d’une carrière B».

Troisième et dernier point de discorde  : les primes des policiers. Dans le cadre de la révision des primes accordées dans la fonction publique, le SNPGL redoute une réduction des primes pour les fonctionnaires de la carrière «inspecteur» et «brigadier» occupant des postes administratifs, ainsi qu’une réduction de la prime d’astreinte. «Le SNPGL n’accepte en aucun cas ce nivellement par le bas des privilèges justifiés et âprement disputés par les inspecteurs et les brigadiers de la police grand-ducale», conclut le communiqué.

Pour appuyer ses revendications, le SNPGL est désormais décidé à mener des actions syndicales. Mercredi, peu de précisions ont cependant été données sur ces actions. Cela n’empêche pas qu’un nouveau front social vient de s’ouvrir pour le gouvernement.

David Marques